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[CRITIQUE] : L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme


Réalisateur : Pierre Richard
Acteurs : Pierre Richard, Timi-Joy Marbot, Gustave Kervern, Louis-Do de Lencquesaing,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h28min

Synopsis :
Grégoire et Michel ne sont pas de la même génération mais ils sont unis par l’amitié, l’amour de la nature et une grande affection pour un ours échappé d’un cirque.





Il y a quelque chose de profondément rassurant dans le fait que de nombreux cinéastes, même au crépuscule de leurs existences, continuent encore et toujours à tourner, continuent d'avoir quelque chose de pertinent et important à dire sur notre société contemporaine, continuent à avoir la même envie simple de nous conter des histoires - fictionnelles ou non -, mais surtout qui continuent d'avoir une pure et sincère envie de cinéma, qui dépasse fièrement les limites du temps et de l'âge.

De Frederick Wiseman à Ridley Scott (qui, pour ne rien gâcher, est toujours aussi prompt à envoyer chier son monde en interview), en passant par Clint Eastwood, Denis Arcand, James Ivory, Alain Cavalier où encore Yôji Yamada, Martin Scorsese et Jean Becker, beaucoup ne sont définitivement pas assez vieux pour ces conneries, et on ne peut qu'être chanceux face à cette vérité et ce vrai désir de partage, qui force intimement le respect.

Copyright Pauline Maillet

N'ayant définitivement plus rien à prouver devant la caméra, l'immense Pierre Richard, quatre-vingt-onze ans au compteur mais une envie de cinéma toujours aussi jeune et entière, endosse pour la neuvième fois la casquette de réalisateur avec L'Homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme (adoubé par la dernière réunion cannoise et co-écrit avec Anne-Sophie Rivière), comédie malade et totalement d'un autre temps (dans tous les travers que cela implique, entre racisme et sexisme totalement décomplexés, tout en se payant le luxe d'offrir une représentation caricaturale as hell de l'autisme), elle qui jongle maladroitement entre la fable profondément insouciante - pour ne pas dire excessivement naïve -, et la farce provinciale moralisatrice et gênante.
Le tout vissé, aux alentours de Narbonne, sur l'amitié entre un jeune homme atteint de troubles du spectre autistique, et un vieil ermite excentrique dont la descendance incarne la pire définition de l'égocentrisme comme du matérialisme puant.

Tout en humour kitsch et malaisant, le film, sans véritable intrigue mais porté par la bonhomie sincère de Richard (et des paysages côtiers splendides), aurait pu être une lancinante évasion onirique et mélancolique sous fond de nostalgie, se fait une séance datée et problématique qui a tout du pire des au-revoir à une légende qu'on aurait aimé plus inspirée - où moins, c'est selon.


Jonathan Chevrier