Breaking News

[CRITIQUE] : Bulk

Courtesy of Film4

Réalisateur : Ben Wheatley
Acteurs : Alexandra Maria Lara, Sam Riley, Noah Taylor, Mark Monero,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
La voiture dans laquelle se réveille Corey le conduit vers une maison inconnue. Mais qu’attendent de lui cette scientifique et celui qu’il prend pour un ex-flic ? Sont-ils vraiment ce qu’ils prétendent ? Et lui, est-il vraiment journaliste ? La réalité, fragile, menace de s’évanouir à chaque instant.




Elle est loin, très loin l'époque où le britannique Ben Wheatley nous était venu de son Angleterre natale, pour nous balancer une petite cla-claque derrière la nuque avec son excellent Kill List, trip paranoïaque et dérangeant qui démontrait déjà l'habileté du bonhomme à sonder le côté obscur de l'âme humaine avec une indécente maestria.
Dite habileté qu'il confirmera sans trembler par la suite (Touristes, English Revolution où encore le radical et hostile High-Rise, portrait noir de la nature humaine aussi anxiogène que volontairement barré), avant de lentement mais sûrement voir sa flamme s'éteindre à mesure qu'il se laissait séduire par les sirènes Hollywoodiennes.

Pire, il clouait lui-même son cercueil en colza plein de pisse avec En Eaux très troubles, suite bigger and louder mais point better du Z friqué et indigeste En eaux troubles, où la double dose de fun invisible était servie sur une tranche de pain complet rance, à la garniture soda-pop jamais vraiment fun ni digeste.
Un étron laborieux et jamais vraiment tripant qui laissait à penser que le bonhomme, même malgré lui, en avait terminé avec le septième art.

Courtesy of Film4

Quelle surprise dès lors de découvrir qu'il avait encore un poil de mojo dans sa caméra, à la vision de son (très) artisanal Bulk, thriller gentiment nébuleux et paranoïaco-conspirationniste sauce SF chronophage et bricolée, qui a tout d'un retour frénétique et salvateur au chaos experimental de ses débuts - la fraîcheur en moins certes.
Cousin fauché et désorienté d'un Tenet à la structure encore plus déglinguée, le film est vissé autour d'un pitch volontairement ramassé (un journaliste hébété est obligé de se lancer à la recherche d'un oligarque génie de la technologie, qui a disparu dans son énigmatique invention, le brain collider”), prétexte pour Wheatley à se perdre dans les méandres d'une conscience brisée où la notion d'identité n'existe - presque - plus, ou chaque choix engendre une nouvelle version de soi.

Défiant son auditoire autant à se perdre dans ses ludiques abysses qu'à déceler la moindre once de logique dans son univers austère dominé par le paradoxe, Bulk est un étonnant et absurde vertige existentiel qui intime de s'abandonner dans sa propre logique aliénante, pour mieux en apprécier son audace comme sa singularité.
Espérons que le Ben soit réellement de retour donc, et qu'il ne nous joue plus de mauvais tour...


Jonathan Chevrier