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[CRITIQUE] : Cielo


Réalisateur : Alberto Sciamma
Acteurs : Cristian Mercado, Fernando Arze Echalar, Juan Carlos Aduviri, Luis Bredow, Mariela Salaverry,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Fantastique.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h49min.

Synopsis :
Dans une région pauvre de Bolivie, après avoir avalé un poisson vivant et tué son père puis sa mère, la petite Santa doit réaliser le pacte qu’elle a conclu avec cette dernière : suivre les étoiles et emmener son corps vers un paradis tangible.




Un poil perdu des radars cinéphiles depuis le pas folichon I love my mum en 2021, comédie (ça se discute) déglinguée et poussive sur la reconstruction parfois gênante d'une union mère-fils involontairement catapulté de leur Londres natal au Maroc, sorti directement par la case VOD dans l'hexagone; Alberto Sciamma (non, rien à voir avec notre Céline nationale) fait son retour au cœur même de la dernière sélection affûtée de l'Étrange Festival, avec la finesse d'un hippopotame en rute via son nouvel effort, Cielo, dont l'introduction méchamment brutale et sinistre (dans les hautes plaines de Bolivie, Santa, une gamine de huit ans définitivement trop débrouillarde, met violemment fin à la vie de son paternel en lui écrasant la caboche avec une pierre, conformément à une promesse faite à sa défunte mère, tendrement conservée dans un tonneau de sel), joue presque les troubles fêtes d'une histoire au demeurant pleine d'espoir. 

Courtesy of Luchadora Films

Fable sombre et décalé façon road trip mystico-existentiel et épisodique aux cœurs de cadres montagneux imposants (comme si, quitte à jouer les comparaisons un poil vulgaire, une fusion entre Le Labyrinthe de Pan et Paris, Texas avait été tournée par Alejandro Jodorowsky), où le macabre et le merveilleux ont totalement la même valeur, dans le regard d'une môme décidée à conduire la dépouille de sa matriarche dans une cité nommée Paradis, pour la faire revenir à la vie, une quête étrange sous fond de traumatisme et d'acceptation du deuil, dont chaque rencontre se fait autant un melting-pot d'influences et de menaces pour la pragmatique et franche jeune fille, que l'expression symbolique de l'identité féminine acculée et résiliente dans une nation bouffée par la misère et le patriarcat.

Cinéma de sensation moins de narration (ce qui accentue d'autant plus son déséquilibre), Cielo se fait un effort funambule qui assume avec sérieux son spiritualisme comme son réalisme magique, mais qui a le malheur de se gameller mignon dans son dernier tiers proprement déconcertant, au ton presque discordant des deux tiers précédents.
Dommage tant le film est une vraie découverte, aussi originale que joliment singulière.


Jonathan Chevrier