[CRITIQUE] : Je suis Frankelda
Réalisateurs : Arturo et Roy Ambriz
Acteurs : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Animation, Comédie Musicale, Drame, Fantastique.
Nationalité : Mexicain.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Frankelda, une écrivaine mexicaine déterminée du XIXe siècle, plonge dans son subconscient pour affronter les monstres qu’elle a elle-même imaginés. Guidée par un prince tourmenté, elle doit rétablir l'équilibre entre la fiction et la réalité avant qu’il ne soit trop tard.
Le cinéma d'animation est sans doute (assurément même, n'ayons pas peur des mots) le seul giron du septième art à pouvoir être capable de continuellement se renouveler et de surprendre - agréablement où non, il est vrai - le spectateur.
Ne serait-ce que par la pluralité incroyable par laquelle il peut s'exprimer, mais avant tout et surtout par sa faculté de pouvoir aborder tous les sujets, même les plus difficiles, voire improbables, expurgé qu'il est des contraintes d'un cinéma fait de prises de vues réelles.
Mais dans le même temps, il est tout autant celui dont on infantilise assez bêtement (souvent par ignorance crasse que par vrai esprit critique) aussi bien le propos que la portée, là où il est pourtant, sauf exemples évidents, le seul à s'offrir à tous les publics.
Mais laissons les aigris dans leur coin - et les abrutis hors du débat -, pour mieux revenir à nos moutons : le petit bijou exigeant et furieusement artisanal Je suis Frankelda des frangins Arturo et Roy Ambriz.
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Soit, jouant fugacement la carte du IMDB Trivia, est le premier long-métrage en stop-motion de l'histoire du cinéma mexicain, petit morceau de cinéma baroque et méticuleux sensiblement dans l'ombre du cinéma d'Henry Selick (et de Guillermo Del Toro, dont le soutien aux deux cinéastes depuis leur début, est au-delà de l'essentiel), et extension sauce origin story de la série HBO Max Frankelda’s Book of Spells - déjà des Ambriz -, dont la plus grande qualité est, à la fois, son plus grand défaut : sa créativité débordante, qui déséquilibre un brin le rythme comme le développement de son récit, dont l'exposition est menée tambour battant avant d'entrer dans le vif du sujet, avec les aternoiements d'une jeune écrivaine orpheline et au caractère bien trempé (cousine spirituelle de Mary Shelley) dans le Mexique du XIXème siècle, dont le pouvoir n'est pas sans nous rappeler au bon souvenir du Mortimer Folchart de Inkheart (son combat pour conserver intact son imagination comme sa liberté créative et d'expression en plus, pour ne rien gâcher à la fête).
Des broutilles néanmoins devant un divertissement esthétiquement léché et à la générosité sans borne, de sa durée conséquente (on frise les deux heures au compteur) à ses personnages hauts en couleur (merveilleusement animé par des marionnettes finement conçues), en passant par des décors féeriques et fourmillant - à la lisière de l'indigestion - de détails.
Une célébration poétique du pouvoir foisonnant et essentielle de l'imaginaire, par une œuvre modeste et indépendante produite au forceps et appelé à bousculer la rigidité de toute la production mexicaine : on appelle ça un sacré bingo par chez nous.
Jonathan Chevrier