[CRITIQUE] : 40 Acres
Réalisateur : R.T. Thorne
Acteurs : Danielle Deadwyler, Kataem O'Connor, Michael Greyeyes, Milcania Diaz-Rojas,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Dans un futur post-apocalyptique où la nourriture est rare, les derniers descendants d'une famille de fermiers noirs qui se sont installés au Canada après la guerre de Sécession doivent protéger leur ferme d'une bande de cannibales affamés.
La talentueuse Danielle Deadwyler est l'exemple même de ses talents qui ont explosés sur le tard mais qui, par la force de quelques prestations remarquables, sont vite devenus des visages indispensables pour les cinéphiles les plus avertis.
Du brutal et exaltant western The Harder They Fall de Jeymes Samuel au fantastique Emmett Till de Chinonye Chukwu (formidable récit biographique de Mamie Till-Mobley, qui narre son combat pour la justice après la mort de son jeune fils, Emmett, tragédie qui sera l'un des points de départ qui ont initiés le mouvement américain des droits civiques), en passant par The Piano Lesson de Malcolm Washington (une œuvre cathartique qui questionne habilement la notion d'héritage à travers un puissant drame générationnel virant lentement vers la ghost story poignante), où encore deux derniers efforts de Jaume Collet-Serra (le chouette Carry-On et le plus conventionnel The Woman in The Yard, qu'elle porte totalement sur ses larges épaules); la comédienne tourne peu mais souvent (très) bien.
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Copyright Magnolia Pictures |
Nouvelle preuve en date avec 40 Acres, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste R.J. Thorne (dont le titre cite directement la promesse d'indemnisation faite - et non tenue - aux esclaves afro-américains libérés, juste avant la fin de la guerre de Sécession : 40 Acres/16 hectares de terre à cultiver et une mule pour traîner une charrue), thriller sauce western post-apocalyptique intense et prenant sous fond de terreur mondiale et de relations familiales à la fois complexes et troublées - sacrée promesse sur le papier.
Flanqué dans un monde ravagé par une terrible pandemie fongique et - quasiment - sans agriculture (les animaux n'existent plus, le peu de terres agricoles est considéré comme le bien le plus précieux qui existe), l'histoire suit une Deadwyler à nouveau investie dans la peau d'une matriarche courage/ancienne militaire badass, Hailey Freeman (tout un symbole), qui tente de protéger tant bien que mal sa famille recomposée comme sa ferme isolée - qu'elle dominé d'une main de fer comme un camp militaire - dans le nord de l'Ontario, menacée par une bande de cannibales qui en veut à leurs terres comme à leurs corps...
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Structurellement un poil fragile, lui qui oscille entre la bisserie assumée (et qui annonce la couleur dès son efficace introduction), aux accès de violence à la fois brutaux et expeditifs, et le drame familial pas toujours adroit, 40 Acres impressionne par sa propension à jouer la carte d'un divertissement musclé et à l'ancienne, d'où émerge des pistes de réflexions philosophiques et politiques fascinantes, entre tensions raciales ramenant aux douloureuses heures de l'esclavage comme d'une nation littéralement née dans le sang; où encore une anxiété face à l'autre, qui se fait l'outil d'une division qui plus est renforcée par la cupidité comme l'orgueil primaire et violente, d'une humanité sans gouvernance.
Tout n'est pas parfait évidemment, mais un trip post-apo badass et pragmatique saupoudré de cannibalisme, de rébellion adolescente sous hormones et d'action brutale, ça vaut méchamment son pesant de pop-corn par chez nous.
Jonathan Chevrier