[FUCKING SERIES] : Squid Game saison 3 : « We Are Humans »
(Critique - avec spoilers - de la saison 3/Partie 3)
Lorsque l'on prend pour acquis le fait que tout succès un tant soit peu populaire, sera poncé jusqu'à la fin des temps par une firme au Toudoum ayant de plus en plus de mal à se renouveler (est-ce qu'elle a déjà réellement essayé de le faire, on connaît tous la réponse...), peut-on véritablement prendre du plaisir à la vision d'une troisième salve d'épisodes à la série Squid Game, quand la première, petit miracle de télévision surgit de nulle part (mais qui parla à tous les spectateurs du monde entier - idéologie de lutte des classes oblige -, malgré une culture sud-coréenne sensiblement marquée), se suffisait à elle-même et ne justifiait absolument aucune extension opportuniste ?
Paradoxalement oui, soit parce que l'on a un mauvais goût prononcé (ce qui n'est absolument pas à exclure), soit parce que l'on est un spectateur facile qui aime se faire du mal (l'un n'empêche pas l'autre).
Et ce même si la redondance d'une mécanique familière accentuant sa brutalité comme son sadisme pour mieux tenter de masquer sa vacuité (complexifier sa mythologie comme rendre encore plus ludique et déglinguée sa manière de jouer avec la mort dans ses jeux d'enfants déviants, n'arrivera jamais réellement à masquer la fait que la série avait déjà tout dit et ne peut faire que de se répéter), est justement le cœur même de l'histoire profondément cynique qui nous est racontée face caméra depuis le début : l'appât du gain (propice à la trahison), les ravages d'un capitalisme qui manipule à toutes les échelles (et donc corrompt le processus démocratique) et fait de la souffrance collective un sport populaire, désensibilisation de l’humanité où même son incapacité tout autant a changer sa nature (enchaîner les guerres où son incapacité à renier les actes comme les idéologies oppressantes de ceux qui ont le pouvoir) que le système lui-même.
Annoncé comme la dernière partie (en attendant une contre-annonce qui pourrait arriver plus tôt qu'on le pense), alors que la seconde - et frustrante - partie suivait le retour presque naïf de Gi-hun au cœur de l'arène sanglante et cauchemardesque dont il avait triomphé, avec quelques " améliorations " poussant encore un peu plus à la trahison même lors d'une tentative de soulèvement raté; cette troisième monture (pour rappel, les parties 2 et 3 étaient initialement prévues comme une seule et unique saison, avant d'être scindées en deux pour des raisons logisti... économiques) joue certes à nouveau la carte de la redite (des jeux encore plus tortueux, grotesques et riches en dilemmes, poussant ses participants à agir contre leurs propres intérêts) plus que de l'approfondissement (même si elle met le doigt sur comment l'adhésion à la volonté générale, fait persister les inégalités dans nos sociétés contemporaines), en enfonçant les portes du nihilisme jusqu'à un degré mignon, mais elle a pour elle l'avantage de plonger dans le vif du sujet - les événements reprennent là où ils s'étaient arrêtés - et de ne pas avoir à se perdre dans un récapitulatif des enjeux... et ça fait toute la différence.
Au plus près d'un Gi-hun luttant contre le désespoir et la culpabilité de son insurrection manquée (un combat qui fait écho à la première saison, où il luttait pour conserver sa foi en une humanité pourrie, alors qu'il doit désormais assumer une paternité imprévue), cette dernière moitié, menée tambour battant (même la laborieuse sous-intrigue sur les aventures tortueuses du Ddtective Jun-ho en mer, apparaît ici un poil plus soutenue et moins irritante) et s'amusant méchamment de sa propre popularité (impossible de ne pas voir les VIP comme un substitut méprisants du spectateur, et de notre fétichisme pour une violence toujours plus gratuite et graphique), pour mieux concocter un bouquet final nihiliste et cruel à souhait (où les personnages féminins, pas toujours adroitement caractérisées certes, sont douloureusement sacrifiées l'une après l'autre), pas chiche en rebondissements bien sentis et allant jusqu'au bout de ses sombres intentions (Gi-hun, ultime rempart pur de l'humanité face à un capitalisme qui dévore tout, se sacrifiera héroïquement pour sauver la fille de Jun-hee, qu'il avait fait sien à sa mort), quitte à manquer un poil de subtilité.
La boucle est bouclée mais, douce ironie, pas réellement puisque un spin-off est en pourparlers, et le remake en langue anglaise de David Fincher est officiellement dans les starting-blocks pour débuter dans les prochains mois (coucou le caméo Cate Blanchett), sa production.
Damn...
Jonathan Chevrier
Lorsque l'on prend pour acquis le fait que tout succès un tant soit peu populaire, sera poncé jusqu'à la fin des temps par une firme au Toudoum ayant de plus en plus de mal à se renouveler (est-ce qu'elle a déjà réellement essayé de le faire, on connaît tous la réponse...), peut-on véritablement prendre du plaisir à la vision d'une troisième salve d'épisodes à la série Squid Game, quand la première, petit miracle de télévision surgit de nulle part (mais qui parla à tous les spectateurs du monde entier - idéologie de lutte des classes oblige -, malgré une culture sud-coréenne sensiblement marquée), se suffisait à elle-même et ne justifiait absolument aucune extension opportuniste ?
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Copyright Netflix |
Paradoxalement oui, soit parce que l'on a un mauvais goût prononcé (ce qui n'est absolument pas à exclure), soit parce que l'on est un spectateur facile qui aime se faire du mal (l'un n'empêche pas l'autre).
Et ce même si la redondance d'une mécanique familière accentuant sa brutalité comme son sadisme pour mieux tenter de masquer sa vacuité (complexifier sa mythologie comme rendre encore plus ludique et déglinguée sa manière de jouer avec la mort dans ses jeux d'enfants déviants, n'arrivera jamais réellement à masquer la fait que la série avait déjà tout dit et ne peut faire que de se répéter), est justement le cœur même de l'histoire profondément cynique qui nous est racontée face caméra depuis le début : l'appât du gain (propice à la trahison), les ravages d'un capitalisme qui manipule à toutes les échelles (et donc corrompt le processus démocratique) et fait de la souffrance collective un sport populaire, désensibilisation de l’humanité où même son incapacité tout autant a changer sa nature (enchaîner les guerres où son incapacité à renier les actes comme les idéologies oppressantes de ceux qui ont le pouvoir) que le système lui-même.
Annoncé comme la dernière partie (en attendant une contre-annonce qui pourrait arriver plus tôt qu'on le pense), alors que la seconde - et frustrante - partie suivait le retour presque naïf de Gi-hun au cœur de l'arène sanglante et cauchemardesque dont il avait triomphé, avec quelques " améliorations " poussant encore un peu plus à la trahison même lors d'une tentative de soulèvement raté; cette troisième monture (pour rappel, les parties 2 et 3 étaient initialement prévues comme une seule et unique saison, avant d'être scindées en deux pour des raisons logisti... économiques) joue certes à nouveau la carte de la redite (des jeux encore plus tortueux, grotesques et riches en dilemmes, poussant ses participants à agir contre leurs propres intérêts) plus que de l'approfondissement (même si elle met le doigt sur comment l'adhésion à la volonté générale, fait persister les inégalités dans nos sociétés contemporaines), en enfonçant les portes du nihilisme jusqu'à un degré mignon, mais elle a pour elle l'avantage de plonger dans le vif du sujet - les événements reprennent là où ils s'étaient arrêtés - et de ne pas avoir à se perdre dans un récapitulatif des enjeux... et ça fait toute la différence.
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Copyright Netflix |
« We are not horses. We are humans... »
Au plus près d'un Gi-hun luttant contre le désespoir et la culpabilité de son insurrection manquée (un combat qui fait écho à la première saison, où il luttait pour conserver sa foi en une humanité pourrie, alors qu'il doit désormais assumer une paternité imprévue), cette dernière moitié, menée tambour battant (même la laborieuse sous-intrigue sur les aventures tortueuses du Ddtective Jun-ho en mer, apparaît ici un poil plus soutenue et moins irritante) et s'amusant méchamment de sa propre popularité (impossible de ne pas voir les VIP comme un substitut méprisants du spectateur, et de notre fétichisme pour une violence toujours plus gratuite et graphique), pour mieux concocter un bouquet final nihiliste et cruel à souhait (où les personnages féminins, pas toujours adroitement caractérisées certes, sont douloureusement sacrifiées l'une après l'autre), pas chiche en rebondissements bien sentis et allant jusqu'au bout de ses sombres intentions (Gi-hun, ultime rempart pur de l'humanité face à un capitalisme qui dévore tout, se sacrifiera héroïquement pour sauver la fille de Jun-hee, qu'il avait fait sien à sa mort), quitte à manquer un poil de subtilité.
La boucle est bouclée mais, douce ironie, pas réellement puisque un spin-off est en pourparlers, et le remake en langue anglaise de David Fincher est officiellement dans les starting-blocks pour débuter dans les prochains mois (coucou le caméo Cate Blanchett), sa production.
Damn...
Jonathan Chevrier