[CRITIQUE] : Sauve qui peut
Réalisatrice : Alexe Poukine
Acteurs : -
Distributeur : Singularis Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Belge, Français, Suisse.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
À l’hôpital, soignants et soignantes interrogent leur pratique lors d’ateliers de simulation avec des comédiens. Pour annoncer un cancer ou accompagner ses proches, l’empathie avec le patient se travaille. Mais l’idéal relationnel prôné en formation est-il applicable dans un système hospitalier de plus en plus à bout de force ? Peu à peu, la simulation devient un exutoire aux malaises qui rongent l’institution...
Sans crier gare, on avait découvert la vision de la cinéaste helvète Alexe Poukine avec un long-métrage aussi nécessaire que percutant, Sans Frapper, documentaire aux forts accents fictionnels qui, à partir du témoignage douloureux d'une jeune femme victime de viols, tricote une réflexion complexe, empathique et fascinante où plusieurs intervenants•es s'approprient son histoire tout en apportant leurs propres témoignages, dans une volonté constante et dénué de toute complaisance putassière, d'interroger son auditoire sur leur perception du viol et même, plus frontalement, sur leur rapport à une violence - pas uniquement sexiste et sexuelle - totalement banalisée aujourd'hui.
Définitivement pas le genre de séance qui s'oublie du jour au lendemain, quand bien même il a dû passer sous le radar de nombreux cinéphiles à sa sortie - les aléas d'une proposition de plus en plus imposante chaque mercredi en salles.
Trois ans plus tard, et en attendant de découvrir sa première œuvre de fiction, Kika, qui a eu les honneurs d'une sélection à la dernière Semaine de la Critique (il est attendu en salles pour le 12 novembre prochain), elle nous revient avec Sauve qui peut, nouveau documentaire qui s'inscrit dans la droite lignée du précédent, aux similitudes évidentes.
D'un sujet évidemment différent, la cinéaste s'attaque cette fois à un corps hospitalier littéralement lessivé et au bout du rouleau, en posant sa caméra toujours aussi patiente (quoique un peu austère, il est vrai) au cœur du centre de formation du CHUV de Lausanne, où plusieurs échanges/rencontres de groupe et autres jeux de rôles sont organisés puis analysés entre plusieurs membres du personnel médical, pour permettre aux soignants d'évaluer les compétences d'étudiants en médecine issus de promotions dissemblables qui eux, peuvent en profiter de peaufiner leur empathie, leur capacité d'écoute et de dialogue avec les patients, dont la relation de confiance tient toujours à un fil.
Ou comment, comme avec Sans Frapper, nouer fiction et réalité d'une manière encore plus cathartique, ou comment placer le spectateur dans un sentiment de vertige constant (les situations sont-elles totalement jouées où réelles ? La souffrance exprimée est-elle totalement " fictive " ?), dans un jeu de miroirs bienveillant, poignant et profondément révélateur qui aborde d'une manière plus singulière qu'à l'accoutumée, la vérité rude et pleine d'amertume d'un microcosme hospitalier aussi exigeant dans son apprentissage qu'il est totalement sur les rotules au quotidien, dans sa souffrance comme sa frustration contenue face à une réalité de plus en plus oppressive - à tous les niveaux.
Alexe Poukine permet à ses quelques protagonistes de fortune, une libération de la parole par le pouvoir du septième art à défaut de pouvoir en avoir une dans une réalité où les pouvoirs publics ne se cache même plus de les avoir abandonné.
Encore un nouveau documentaire essentiel donc, et le mot est faible.
Jonathan Chevrier
Acteurs : -
Distributeur : Singularis Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Belge, Français, Suisse.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
À l’hôpital, soignants et soignantes interrogent leur pratique lors d’ateliers de simulation avec des comédiens. Pour annoncer un cancer ou accompagner ses proches, l’empathie avec le patient se travaille. Mais l’idéal relationnel prôné en formation est-il applicable dans un système hospitalier de plus en plus à bout de force ? Peu à peu, la simulation devient un exutoire aux malaises qui rongent l’institution...
Sans crier gare, on avait découvert la vision de la cinéaste helvète Alexe Poukine avec un long-métrage aussi nécessaire que percutant, Sans Frapper, documentaire aux forts accents fictionnels qui, à partir du témoignage douloureux d'une jeune femme victime de viols, tricote une réflexion complexe, empathique et fascinante où plusieurs intervenants•es s'approprient son histoire tout en apportant leurs propres témoignages, dans une volonté constante et dénué de toute complaisance putassière, d'interroger son auditoire sur leur perception du viol et même, plus frontalement, sur leur rapport à une violence - pas uniquement sexiste et sexuelle - totalement banalisée aujourd'hui.
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Copyright Singularis Films |
Définitivement pas le genre de séance qui s'oublie du jour au lendemain, quand bien même il a dû passer sous le radar de nombreux cinéphiles à sa sortie - les aléas d'une proposition de plus en plus imposante chaque mercredi en salles.
Trois ans plus tard, et en attendant de découvrir sa première œuvre de fiction, Kika, qui a eu les honneurs d'une sélection à la dernière Semaine de la Critique (il est attendu en salles pour le 12 novembre prochain), elle nous revient avec Sauve qui peut, nouveau documentaire qui s'inscrit dans la droite lignée du précédent, aux similitudes évidentes.
D'un sujet évidemment différent, la cinéaste s'attaque cette fois à un corps hospitalier littéralement lessivé et au bout du rouleau, en posant sa caméra toujours aussi patiente (quoique un peu austère, il est vrai) au cœur du centre de formation du CHUV de Lausanne, où plusieurs échanges/rencontres de groupe et autres jeux de rôles sont organisés puis analysés entre plusieurs membres du personnel médical, pour permettre aux soignants d'évaluer les compétences d'étudiants en médecine issus de promotions dissemblables qui eux, peuvent en profiter de peaufiner leur empathie, leur capacité d'écoute et de dialogue avec les patients, dont la relation de confiance tient toujours à un fil.
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Copyright Singularis Films |
Ou comment, comme avec Sans Frapper, nouer fiction et réalité d'une manière encore plus cathartique, ou comment placer le spectateur dans un sentiment de vertige constant (les situations sont-elles totalement jouées où réelles ? La souffrance exprimée est-elle totalement " fictive " ?), dans un jeu de miroirs bienveillant, poignant et profondément révélateur qui aborde d'une manière plus singulière qu'à l'accoutumée, la vérité rude et pleine d'amertume d'un microcosme hospitalier aussi exigeant dans son apprentissage qu'il est totalement sur les rotules au quotidien, dans sa souffrance comme sa frustration contenue face à une réalité de plus en plus oppressive - à tous les niveaux.
Alexe Poukine permet à ses quelques protagonistes de fortune, une libération de la parole par le pouvoir du septième art à défaut de pouvoir en avoir une dans une réalité où les pouvoirs publics ne se cache même plus de les avoir abandonné.
Encore un nouveau documentaire essentiel donc, et le mot est faible.
Jonathan Chevrier