[CRITIQUE] : Le Grand Déplacement

Réalisateur : Jean-Pascal Zadi
Avec : Jean-Pascal Zadi, Reda Kateb, Lous and the Yakuza, Fadily Camara, Fary, Déborah Lukumuena, Alassane Diong, Jean-Claude Muaka, Claudia Tagbo, Edgard Yves, Éric Judor (voix),...
Distributeur : Gaumont
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h23min
Synopsis :
Dans le plus grand des secrets, se prépare à décoller la première mission spatiale africaine ! L’équipage, issu du continent et de sa diaspora, doit explorer la planète « NARDAL », afin d’évaluer la possibilité d’y ramener tous les Africains si jamais la Terre devenait inhabitable. Le problème c’est que le voyage sera long. Très long. Et que la plus grande inconnue des missions interstellaires demeure l’entente entre les astronautes…
Comme il y a les bons et les mauvais chasseurs, à la ressemblance parfois troublante, il y a des mauvais films et... des mauvais films. Merci pour la références aux Inconnus, au revoir.
Plus sérieusement, faire un vrai mauvais film, et non un nanar dont la médiocrité (parfois géniale, nous sommes d'accord) est avant tout et surtout involontaire, est un art foutrement difficile à manier, symbole non pas d'une paresse abyssale mais bien une propension à, souvent au-delà de toute volonté (parce qu'il y en a qui, fou mais vrai, se complaisent consciemment en batifolant dans leurs propres excréments cinématographiques), empiler les mauvais choix dans une sorte de partie bigger than life du pire des plagiats de Tetris où personne ne gagne réellement - et encore moins le spectateur -, même avec le plus parfait des alignements.
Et quand bien même on aime un peu (pas vrai), beaucoup (pas assez), passionnément (c'est pile ça) Jean-Pascal Zadi par chez nous, à tel point que sa simple présence, même fugace, au sein d'un générique suffit à notre bonheur, son second passage derrière la caméra, Le Grand Déplacement, pourtant plein de promesse, est totalement fait de cette pellicule-là, lui qui a une furieuse tendance à s'auto-saborder d'une manière beaucoup trop généreuse pour son bien.
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Copyright Mika Cotellon – 2024 GAUMONT – DOUZE DOIGTS PRODUCTIONS – FRANCE 2 CINEMA |
Pensé comme un cousin pas si éloigné du désopilant (oui) Un Ticket pour l'espace qui viendrait replacer le continent africain - et son imaginaire - aussi bien dans une science-fiction à grand spectacle ou il n'est pas forcément invité, que par la force de la fiction dans une exploration de l'espace dont il a toujours été exclu (à travers la conquête, au-delà de notre système solaire, d'une planète capable d'accueillir l'humanité - principalement l'Afrique - s'il elle devait fuir une planète Terre à l'agonie, et pas uniquement d'un point de vue écologique); le film, à l'ambition politique fièrement affirmé dès son titre, dilue un peu trop vite ses bonnes intentions identitaires et militantes sous le poids tout autant d'un humour parodico-maladroit où rares sont les vannes qui font mouches, que d'une narration qui ne cherche jamais à donner du corps à son odyssée humaine et spatiale, comme à ses personnages réduits à de vulgaires stéréotypes.
Séance hybride et sous influences mais jamais inspiré, furieusement foutraque et rythmé en dents de scie, Le Grand Déplacement n'est pas la folle histoire dans l'espace espérée, ni même une bonne expérience tout court.
Damn...
Jonathan Chevrier