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[CRITIQUE] : Amélie et la métaphysique des tubes


Réalisatrice•teur : Mailys Vallade et Liane-Cho Han
Avec : avec les voix de Loïse Charpentier, Victoria Grosbois, Isaac Schoumsky,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Animation.
Nationalité : Français.
Durée : 1h17min

Synopsis :
Amélie est une petite fille belge née au Japon. Grâce à son amie Nishio-san, le monde n’est qu’aventures et découvertes. Mais le jour de ses trois ans, un événement change le cours de sa vie. Car à cet âge-là pour Amélie tout se joue : le bonheur comme la tragédie.

Amélie et la métaphysique des tubes est adapté du roman d’Amélie Nothomb.




La représentation du regard enfantin peut s’avérer fascinante tant il est compliqué d’adopter les codes de notre monde et son fonctionnement. Ce qui s’avère d’une logique totale pour notre esprit d’adulte a été le fruit d’un apprentissage parfois long et laborieux, nous demandant de recadrer notre univers dans une vision plus globale. De plus, il est fréquent de réduire l’importance de la découverte enfantine et même de la censurer alors que c’est sans doute la période la plus importante pour développer sa connexion avec le monde extérieur, loin d’un confort que l’on prend rapidement pour acquis.

C’est notamment en ce point que le film d’animation Amélie et la métaphysique des tubes fonctionne dès son introduction. La difficulté d’expression du bébé Amélie malgré une compréhension précoce de son monde ne peut que résonner avec une audience bien souvent prise de haut par les adultes. Très vite, il se noue un besoin de se raccrocher à la famille et une société différente, la nature d’expatriée de l’enfant constituant indubitablement un moteur narratif et émotionnel au vu du Japon d’après-guerre.

Copyright Haut et Court

Mailys Vallade et Liane-Cho Han parviennent à reprendre l’histoire du roman d’Amélie Nothomb et à la transposer avec une inventivité visuelle qui capture totalement la préhension mouvante d’un monde aux yeux de la jeune Amélie. Cette gestion de la couleur et du mouvement se met au service d’un récit touchant et qui arrive à se mettre au même regard que celui d’enfants qui devraient adorer ce film par sa franchise. Les joies personnelles se mêlent aux conséquences de l’Histoire et à notre mortalité avec une émotion toujours juste, bien aidé en ce sens par le traitement graphique du long-métrage. Le fil le plus évident se trouve évidemment dans le lien avec Nishio-San mais ce n’est pas la seule corde sensible d’un film qui sait gérer sa tonalité colorée et émotive.

Amélie et la métaphysique des tubes se révèle vite un petit bijou de film d’animation, pleinement chargé émotionnellement pour parvenir à conserver une inventivité enfantine au service d’une histoire touchante de justesse. C’est également un joli rappel que les œuvres familiales se doivent de valoriser leur plus jeune public en leur parlant honnêtement et sincèrement, avec un respect qui les rend mémorables dans le développement personnel. On ne sera pas étonné de voir que le long-métrage de Maily Vallade et Liane-Cho Han touche plus largement à travers les années par sa réussite aussi bien formelle que thématique.


Liam Debruel