[CRITIQUE] : Marco, l’énigme d’une vie
Réalisateurs : Aitor Arregi et Jon Garaño
Acteurs : Eduard Fernandez, Nathalie Poza, Chani Martín, Jordi Rico,...
Budget : -
Distributeur : Epicentre Films
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Enric Marco est le président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. À l’approche d’une commémoration, un historien conteste son passé d’ancien déporté. Marco se bat alors pour maintenir sa version alors que les preuves contre lui s’accumulent...
Vous reprendrez bien un peu de sauce biopic sur votre pizza de sorties quatre saisons, non ?
Après tout, ce pas comme si le genre se faisait plus qu'omniprésent chaque mercredi hein...
Blague à part, il y a une certaine ironie (quelques-uns parleront peut-être de karma, ce qui n'est peut-être pas totalement faux aussi) dans le fait que ce genre, que l'on considère à la fois comme le plus cheap et confondant de banalité qui soit, se paye une place non-négligeable dans les salles obscures, à une heure où les festivités cannoises battent leur plein.
Sur une poignée de jours, on se retrouve avec pas moins de trois représentants, tous dissemblables certes, de cette popote familière et redondante pour son bien, voguant majoritairement vers l'hagiographie Wikipedia-esque à coups d'histoires estampillées " morceaux de vies " inspirées de faits réels et issues de destinées plus où moins populaires, qui squattent nos écrans de cinéma.
Flairez plutôt : Ingeborg Bachmann signé Margarethe von Trotta, biopic ciblé tout en poésie et en mélancolie de la célèbre intellectuelle et poétesse autrichienne éponyme; Milli Vanilli, de la gloire au cauchemar de Simon Verhoeven, qui se fait une mise en images lessivée et distante du scandale entourant le célèbre duo musicale Milli Vanilli, à la chute encore plus retentissante que leur ascension; et enfin Marco, l’énigme d’une vie des cinéastes espagnols Aitor Arregi et Jon Garaño qui, comme Le Port-Salut - c'est écrit dessus -, revient sur l'incroyable histoire vraie entourant le syndicaliste catalan Enric Marco, qui a prétendu pendant des décennies avoir été interné dans le camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière, avant que la supercherie ne doit dévoilée.
Pas vraiment un ami de la famille donc qui, passé un foisonnant roman (L'Imposteur de Javier Cercas), a donc les honneurs du grand écran, le duo de cinéastes revenant scrupuleusement sur le parcours tout en imposture et en égoïsme d'un homme à l'aplomb démesuré, qui n'a pas eu peur de duper son monde et de capitaliser sur la plus grande tragédie humaine du XXème siècle, pour devenir un symbole - artificiel - de courage et de résilience de l'autre côté des Pyrénées.
Dans un processus de brouillage de la frontière entre la réalité et la fiction (mensongère) qui n'est pas sans rappeler le cinéma de Pablo Larraín (Jackie en tête), où la reconstitution d'époque vient totalement épouser les images d'archives, le film dresse un portrait troublé et troublant d'une figure méprisable dans ses intentions purement égoïstes et opportunistes, mais dont la bataille paraissait néanmoins des plus nobles dans les faits - propager la vérité de l'horreurs derrière les camps d’extermination, dans une nation sous régime franquiste jusqu'en 1975.
Portrait captivant et presque mélancolique - malgré un rythme parfois un poil hésitant - d'un manipulateur sans scrupule ni remords qui nous pousse, instinctivement, à réfléchir sur une société contemporaine où la désinformation est reine (que ce soit notre attrait pour ses faux récits - et encore plus quand le couperet de la vérité tombe -, où même pour ceux à la moralité absente qui se hasarde à les créer), Marco, l’énigme d’une vie se fait un étonnant et nécessaire bout de cinéma sur une destinée mythomane et opportuniste comme sur une mémoire volée, dominé par la prestation dantesque d'Eduard Fernandez.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Eduard Fernandez, Nathalie Poza, Chani Martín, Jordi Rico,...
Budget : -
Distributeur : Epicentre Films
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Enric Marco est le président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. À l’approche d’une commémoration, un historien conteste son passé d’ancien déporté. Marco se bat alors pour maintenir sa version alors que les preuves contre lui s’accumulent...
Vous reprendrez bien un peu de sauce biopic sur votre pizza de sorties quatre saisons, non ?
Après tout, ce pas comme si le genre se faisait plus qu'omniprésent chaque mercredi hein...
Blague à part, il y a une certaine ironie (quelques-uns parleront peut-être de karma, ce qui n'est peut-être pas totalement faux aussi) dans le fait que ce genre, que l'on considère à la fois comme le plus cheap et confondant de banalité qui soit, se paye une place non-négligeable dans les salles obscures, à une heure où les festivités cannoises battent leur plein.
Sur une poignée de jours, on se retrouve avec pas moins de trois représentants, tous dissemblables certes, de cette popote familière et redondante pour son bien, voguant majoritairement vers l'hagiographie Wikipedia-esque à coups d'histoires estampillées " morceaux de vies " inspirées de faits réels et issues de destinées plus où moins populaires, qui squattent nos écrans de cinéma.
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Copyright Epicentre Films |
Flairez plutôt : Ingeborg Bachmann signé Margarethe von Trotta, biopic ciblé tout en poésie et en mélancolie de la célèbre intellectuelle et poétesse autrichienne éponyme; Milli Vanilli, de la gloire au cauchemar de Simon Verhoeven, qui se fait une mise en images lessivée et distante du scandale entourant le célèbre duo musicale Milli Vanilli, à la chute encore plus retentissante que leur ascension; et enfin Marco, l’énigme d’une vie des cinéastes espagnols Aitor Arregi et Jon Garaño qui, comme Le Port-Salut - c'est écrit dessus -, revient sur l'incroyable histoire vraie entourant le syndicaliste catalan Enric Marco, qui a prétendu pendant des décennies avoir été interné dans le camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière, avant que la supercherie ne doit dévoilée.
Pas vraiment un ami de la famille donc qui, passé un foisonnant roman (L'Imposteur de Javier Cercas), a donc les honneurs du grand écran, le duo de cinéastes revenant scrupuleusement sur le parcours tout en imposture et en égoïsme d'un homme à l'aplomb démesuré, qui n'a pas eu peur de duper son monde et de capitaliser sur la plus grande tragédie humaine du XXème siècle, pour devenir un symbole - artificiel - de courage et de résilience de l'autre côté des Pyrénées.
Dans un processus de brouillage de la frontière entre la réalité et la fiction (mensongère) qui n'est pas sans rappeler le cinéma de Pablo Larraín (Jackie en tête), où la reconstitution d'époque vient totalement épouser les images d'archives, le film dresse un portrait troublé et troublant d'une figure méprisable dans ses intentions purement égoïstes et opportunistes, mais dont la bataille paraissait néanmoins des plus nobles dans les faits - propager la vérité de l'horreurs derrière les camps d’extermination, dans une nation sous régime franquiste jusqu'en 1975.
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Copyright Epicentre Films |
Portrait captivant et presque mélancolique - malgré un rythme parfois un poil hésitant - d'un manipulateur sans scrupule ni remords qui nous pousse, instinctivement, à réfléchir sur une société contemporaine où la désinformation est reine (que ce soit notre attrait pour ses faux récits - et encore plus quand le couperet de la vérité tombe -, où même pour ceux à la moralité absente qui se hasarde à les créer), Marco, l’énigme d’une vie se fait un étonnant et nécessaire bout de cinéma sur une destinée mythomane et opportuniste comme sur une mémoire volée, dominé par la prestation dantesque d'Eduard Fernandez.
Jonathan Chevrier