[SƎANCES FANTASTIQUES] : #95. Razor Blade Smile
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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's (et même les plus récents); mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastiques et horrifiques aussi abondants qu'ils sont passionnants à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture de nos billets !
#95. Razor Blade Smile de Jake West (1998)
Il y a des films qu’on n’oublie pas… uniquement à cause de leur jaquette.
Razor Blade Smile, je l’ai découvert un après-midi pluvieux, coincé entre deux critiques sanglantes dans un vieux numéro de Mad Movies. Une jaquette cheap à souhait, mettant en scène une sorte de sosie de Mimi Rogers, armée jusqu’aux dents, regard noir, lèvres rouge sang. J’étais fasciné. J’avais envie de le voir. J’en rêvais presque. Mais le film restait introuvable. Une légende urbaine en VHS.
Jusqu’au jour béni (ou maudit) où je suis tombé dessus, au fond d’un bac dans un cash. Mon moi gamin était aux anges. Mon moi adulte, lui, aurait dû fuir. Le pitch, déjà : Lilith Silver (l’alter ego gothico-fauchée de Mimi Rogers), vampire et tueuse à gages en cuir intégral, traque une mystérieuse société secrète, tout en se frottant à l’homme qui fit d’elle une créature de la nuit. Une ligne droite vers le nanar cosmique.
Jake West, petit prince du direct-to-video au Royaume-Uni, nous sert ici un film où chaque plan tente désespérément de masquer le manque criant de budget. Filtres bleus, filtres rouges, nuit américaine mal étalonnée, ralentis moisis et éclairages qu’on dirait volés à Vidéo Gag. Sans parler de ces scènes “érotiques”, si grotesques et gratuites qu’elles feraient rougir les spectateurs d’un Confessions Intimes : Spécial Club Libertin.
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Côté scénario, c’est la surenchère. West semble vouloir étoffer son intrigue pour lui donner de l’épaisseur. Mauvaise idée : l’histoire s’enlise, le rythme s’effondre, et le montage vient parachever le carnage avec une régularité désarmante. Ça coupe n’importe où, ça traîne n’importe comment. Et quand ça repart, on ne sait même plus pourquoi on regarde.
Impossible de ne pas penser à Blade, sorti la même année, tant les similitudes sont évidentes. Sauf que chez West, il n’y a ni Wesley Snipes, ni budget, ni mise en scène. Juste Eileen Daly, chanteuse et comédienne, qui cabotine du début à la fin, perdue dans un rôle qui aurait mérité un peu de direction. Elle semble persuadée que jouer, c’est simplement froncer les sourcils et mordiller ses lèvres. Le pire est que le film se termine par le twist le plus ridicule de l’histoire, jouant sur la bonne grosse vanne.
Bref, Razor Blade Smile, c’est le genre de film qu’on rêvait de voir ado, et qu’on regrette profondément adulte. Un trip gothico-fauché vidé de son sang dès le générique. Un souvenir de jaquette, rien de plus.
Jason
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