[CRITIQUE] : Le village aux portes du paradis


Réalisateur : Mo Harawe
Acteurs : Canab Axmed IbraahinAxmed Cali FaaraxCigaal Maxamuud SaleebaanMaxamed Xaaji Cabdi Faarax,...
Budget : -
Distributeur : Jour2fête
Genre : Drame.
Nationalité : Autrichien, Français, Allemand, Somalien.
Durée : 2h14min

Synopsis :
Un petit village du désert somalien, torride et venteux. Mamargade, père célibataire, cumule les petits boulots pour offrir à son fils Cigaal une vie meilleure. Alors qu’elle vient de divorcer, sa sœur Araweelo revient vivre avec eux. Malgré les vents changeants d’un pays en proie à la guerre civile et aux catastrophes naturelles, l’amour, la confiance et la résilience leur permettront de prendre en main leur destinée.




Avant même d'entrer dans une salle obscure et de découvrir ce qu'il a à nous offrir, Le Village aux portes du paradis du wannabe cinéaste somalo-autrichien Mo Harawe - sont c'est le premier effort -, incarne une vraie petite curiosité à part entière, susceptible de titiller l'intérêt de tout cinéphile un minimum averti, même au cœur d'une distribution de plus en plus imposante (et quasiment impossible à couvrir, même avec la meilleure des volonté) : il incarne,  tout simplement, le premier film de l'histoire du cinéma - évidemment peu reconnu - somalien, à avoir pu figurer au sein de la prestigieuse sélection du festival de Cannes (dans le section Un Certain Regard, cuvée 2024).

Pas un petit effort pour une nation encore férocement marquée par la guerre (pas présente frontalement à l'écran, mais dont les ravages marquent le cadre comme les personnages), et où le septième art, dans son développement comme dans son exploitation, n'est pas forcément une priorité.

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Mais revenons-en à nos moutons et au long-métrage lui-même, drame familio-choral assez conventionnel sur le papier, vissé sur les atermoiements d'un père veuf et fossoyeur se tuant à la tâche et faisant tout son possible - quitte à loucher sur les économies de sa sœur, qui tente de professionnellement se reconstruire après son divorce - pour offrir un avenir meilleur pour son jeune fils (un pensionnat en ville, quand bien même le gamin préférerait continuer à vivre avec lui et sa tante dans leur village balnéaire, ironiquement appelé Paradise), loin du tumulte et de la violence d'un quotidien où la mort et la précarité sont partout - leur village est continuellement balayé par les drônes américains et leurs missiles.

Auscultation émouvante et tout en retenue d'une famille recomposée tout autant que de la condition d'une Somalie à la fois désolé et en quête d'espoir, Le Village aux portes du paradis est une séance certes inégale sur quelques points essentiels, frappé qu'elle est de quelques scories inhérents aux premiers films (notamment une durée un peu trop étirée pour son bien), mais elle se fait avant tout et surtout une expérience aussi douce et tragique que formidablement humaine, magnifiée par un naturalisme extrême (couplé à une photographie juste domptueuse) et une authenticité rare.
Un film modeste et pudique, une des (très) belles découvertes au cœur d'un mois d'avril furieusement chargé.


Jonathan Chevrier




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