[CRITIQUE] : Her Story



Réalisatrice : Shao Yihui
Acteurs : Jia Song, Elaine Zhong, Isabelle Zeng, Mark Chao, Bin Ren,...
Distributeur : Les Films du Camélia
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Romance.
Nationalité : Chinois.
Durée : 2h03min

Synopsis :
Wang Tiemei, mère célibataire, s’installe avec sa jeune fille, Molly, dans l’espoir de repartir à zéro. Dans son nouveau quartier, elle noue une relation inattendue avec Xiao Ye, une romantique invétérée au regard du monde diamétralement opposé au sien. Malgré leurs différences, les deux femmes trouvent réconfort et force dans leur amitié, s’aidant mutuellement à guérir les blessures du passé et à affronter les défis du présent. Au fil de leur cheminement vers la découverte de soi et l'émancipation, deux hommes —tous deux sensibles aux questions de genre —viennent ajouter de la profondeur et de la complexité à la vie de Tiemei. Ces relations incitent chaque personnage à interroger leur compréhension du genre, à redéfinir leur rôle dans la société et à explorer ce que signifie vraiment se connecter aux autres.




Trois ans après un B for Busy toujours inédit dans l'hexagone, la réalisatrice et scénariste Shao Yihui perception le plafond de verre des sorties internationales avec son second effort, la (très) chouette comédie dramatico-romantique Her Story aux contours résolument Hollywoodiens, qui ne révolutionne pas tant le genre en lui-même, mais bien la production locale en abordant une pléthore de thèmes rarement brossés au cœur du cinéma chinois (le divorce et la co-parentalité, le patriarcat et le narcissisme masculin exacerbé, le harcèlement scolaire et les frustrations enfantines, les affres des réseaux sociaux et du cyberharcèlement, l'homosexualité, le consentement sexuel, les restrictions sévères et traumatisantes pendant la pandémie du Covid-19, la délation,...); le tout noué autour d'une authentique et touchante ode à la solidarité et à l'émancipation féminine.

Copyright Les Films du Camélia

On y suit les atermoiements de Tiemei (touchante Jia Song), une mère divorcée et pragmatique fraîchement dans la quarantaine, qui éduque non sans quelques maladresses sa jeune fille de neuf ans, Molly (excellente Isabelle Zeng), pleone d'esprit et définitivement en avance pour son âge, tout en tentant de gérer un ex-mari affable et continuellement dans les parages, un nouveau poste de rédactrice en chef gentiment complexe (qui permet à Shao Yihui de tisser quelques saillies métafictionnelles, en questionnant aussi bien le déclin d'une profession bouffée par l'avènement d'Internet et des réseaux sociaux, que de la pertinence d'écrire sur les pérégrinations d'une mère célibataire) mais également les avances d'un prétendant plus jeune et séduisant.

Un membre du groupe de musique de sa trentenaire de voisine, la sensiblement plus bohème Ye (craquante Elaine Zhong), avec qui elle noue une amitié solide et naturelle bien que tout semble les opposer, elle qui va servir un brin de modèle à la jeune Molly, tout en étant, elle aussi, empêtrée dans les affres d'une relation sentimentale chaotique qu'elle nourrit de petits mensonges qui ne font que complexifier les choses...

Copyright Les Films du Camélia

Chargé comme une mule thématiquement parlant sans pour autant perdre une once de sa légèreté et de sa bonhomie, sensiblement dans la veine d'un YOLO : You Only Live Once de l'humoriste et cinéaste Jia Ling (un recit émancipateur tout aussi un poil convenu que vrai dans sa volonté de s'attaquer avec force et subtilité aux stéréotypes), que d'un 20th Century Women de Mike Mills (dont les similitudes vont au-delà que le simple fait d'avoir un trio féminin vedette), dans sa façon de s'inscrire à la fois totalement dans son époque que de nourrir un regard cosmopolite et progressiste dans sa critique des travers d'une Chine à l'évolution difficile; Her Story se fait un magnifique petit bout de comédie féministe aussi énergique qu'enthousiasmant dont les deux heures de bobine passent à une vitesse folle.

Clairement la belle surprise que l'on attendait pas forcément en ce début de printemps définitivement riche...


Jonathan Chevrier



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