[CRITIQUE] : Au rythme de Vera

Avec : Mala Emde, John Magaro, Michael Chernus, Ulrich Tukur,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Biopic, Musical, Drame.
Nationalité : Allemand, Polonais, Belge.
Durée : 1h56min
Synopsis :
En 1975, Vera Brandes, une jeune femme ambitieuse de 18 ans, va défier les conventions, s’opposer à ses parents et prendre tous les risques pour réaliser son rêve : organiser un concert de Keith Jarrett à l’Opéra de Cologne. Son audace et sa détermination vont donner naissance à un des enregistrements mythiques du XXe siècle : The Köln Concert.
Quand bien le petit jeu des comparaisons s'avérerait ici un brin vulgaire (mais pas dénué de pertinence non plus), difficile pourtant de ne pas tisser quelques légers liens de concordance entre l'excellent (oui) Saturday Night de Jason Reitman, privé de salles obscures par chez nous (et cantonné, en mars dernier, à une sortie en catimini en VOD), et le second long-métrage du cinéaste israëlo-américain Ido Fluk (l'inédit The Ticket), Au rythme de Vera, tant les deux cherchent à capturer l'instant T, certes de manière totalement dissemblable, et la vérité d'un événement appelé à marquer l'histoire d'une quelconque façon : l'enregistrement de la premier émission et la naissance d'un monument cinquantenaire de la télévision US - le SNL/Saturday Night Live - pour le premier, l'organisation du concert (improvisé) du pianiste soliste Keith Jarrett à l’Opéra de Cologne en 1975 - The Köln Concert - , une nuit légendaire appelée à devenir l'enregistrement live le plus vendu de tous les temps.
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Copyright Metropolitan FilmExport |
Si le film de Reitman, aussi grisant soit-il, frise parfois l'hagiographie facile à travers un prisme choral bâti sur une narration foisonnante et en temps réel, le film de Fluk se fait lui résolument plus conventionnel et idéalisée (même si dans le même mouvement, lui ne sacralise pas à l'excès l'événement puisque hors écran) dans sa vision - un chouïa romancée - des coulisses, un peu trop dénuée de toute la complexité derrière l'organisation d'un tel spectacle (où même du contexte sociale d'une Allemagne des 70s en pleine mutation).
Un parti pris qui manque de risques donc, mais qui a le bon ton d'embrasser un humour et dynamisme sincères - à l'image du charme et de l'investissement de ses interprètes vedettes, Mala Emde et John Magaro en tête -, lui qui reste sensiblement vissé (jusqu'à un dernier tiers tardif, s'attardant sur les problèmes de santé de Jarrett) sur le point de vue de la pétillante promotrice de concerts adolescente - et encore lycéenne - Vera Brandes, tête pensante qui va défier les conventions pour mener à bien un événement qui n'a faillit jamais voir le jour - mais qui a réellement eu lieu, ce qui ôte toute notion de suspense.
Savamment calibré certes, mais ludique et entraînant.
Jonathan Chevrier