Breaking News

[CRITIQUE] : Un rêve plus long que la nuit


Réalisatrice : Niki de Saint Phalle
Actrice : Laura Duke Condominas, Niki de Saint PhalleHumbert BalsanLaurence Bourqui,...
Distributeur : MK2 Cinémas
Budget : -
Genre : Fantastique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h22min

Synopsis :
La petite princesse Camélia, transformée par magie en jeune femme, découvre soudainement un monde nouveau, fantastique et périlleux : celui des adultes. Dans un univers aussi attirant qu’inquiétant, elle devra faire face aux règles imposées par les hommes.




Il y a quelques mois, en nouant quête existentielle et créativité dans un balai des sens où désespoir et illuminations artistiques ne font parfois plus qu'un, Céline Sallette célébrait avec son premier effort derrière la caméra, Niki, l’importance autant que le talent (reconnu sur le tard) de Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle aka Niki de Saint Phalle, au cœur d'une œuvre soignée et prenante pas exempt certes de quelques maladresses (inhérentes à tout premier long-métrage, évidemment), mais incroyablement généreuse et énergique - à l'image de la partition investie de la sublime Charlotte Le Bon.

Parce que 2025 se devait d'être sous le signe de la célébration de l'œuvre de la plasticienne et artiste peintre (une exposition lui sera consacré cet été au Grand Palais), c'est au tour de son versant cinéaste, résolument méconnu, d'avoir les honneurs d'une mise en lumière marquée et d'une ressortie toute pimpante, à travers l'exploitation du (très) rare Un rêve plus long que la nuit, tourné en 1976.

Copyright MK2

Un second essai mais surtout un vrai premier long-métrage en solo aussi furieusement bricolé qu'abouti (elle avait co-signé Daddy avec le documentariste londonien Peter Whitehead, projet lui permettant - en partie - d'exorciser son enfance comme de régler ses comptes avec sa famille et une figure paternelle toxique et incestueuse), une réappropriation des codes du conte de fées aboutissant à un Alice aux pays des merveilles sauce dystopique encore plus psychédélique et fantasmagorique que le pavé légendaire de Lewis Carroll; un cauchemar initiatique où une gamine candide devenue grande par souhait (la fille même de Niki de Saint Phalle), se voit confronter à la violence et à l'absurdité déglinguée d'un monde adulte orgiaque et fasciste, où tout n'est que guerre et sexe - grosse artillerie phallique et explosive à la clé.

Trip théâtralo-onirique tout aussi acerbe dans sa critique des ravages du patriarcat et de la bêtise de l'homme, qu'il peut s'avérer merveilleusement extravagant et inventif (à tel point que chaque plans, fourmillant de détails, semble brûler d'impatience qu'une nouvelle idée viennent les bousculer), Un rêve plus long que la nuit, qui dédramatise intelligemment sa gravité et sa brutalité par un grotesque totalement assumé, est une œuvre pleine de couleurs et de fantaisie dont une seule vision ne suffit pas à capter toute la richesse.
L'un des immanquables du moment.


Jonathan Chevrier