[CRITIQUE] : Maya, donne-moi un autre titre

Réalisateur : Michel Gondry
Acteurs : Blanche Gardin et Maya Gondry.
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Animation, Comédie, Famille.
Nationalité : Français.
Durée : 1h06min.

Synopsis :
Après, Maya donne-moi un titre, la suite des aventures de Maya racontées par Blanche Gardin. Maya et son papa vivent dans deux pays différents. Pour maintenir le lien avec sa fille et continuer à lui raconter des histoires, son papa lui demande chaque mois « Maya, donne-moi un titre ». À partir de ce titre, il lui fabrique un dessin animé dont elle est l’héroïne. Michel Gondry donne alors vie à un voyage poétique et amusant qui fera rêver les petits...et sourire les grands.

Il y avait quelque chose d'assez drôle dans la lecture des critiques bien-pensantes arguant que Michel Gondry revenait enfin à un style " Gondry-esque " avec son excellent - même si pas exempt de maladresses - Le Livre des Solutions, de loin son oeuvre la plus personnel jusque-là, alors que le cinéaste n'a jamais été autrement que fidèle à la singularité magique de sa vision et son inventivité sans borne.

Pour un spectateur - et fan du bonhomme - à la vision un poil moins perverti par les banalités et les affres d'une généralité que beaucoup épousent sans véritablement la questionner, le film incarnait, au fond, autant une continuité de ce cinéma qu'une auto-analyse consentie, un film de Gondry et un film sur Gondry; lœuvre d'un cinéaste qui se raconte comme pour mieux se retrouver, qui se raconte comme pour mieux nous retrouver dans un élan aussi (évidemment) foutraque que merveilleusement sincère et authentique.

À partir de là, qu'il poursuive encore un peu plus cette veine intime avec ses efforts suivants, était une voie des plus logique et naturelle.
Poussant le curseur de l'intimité encore un peu plus loin, Maya, donne-moi un titre comme sa suite un poil plus foutraque, Maya, donne-moi un autre titre, était une manière de placer sa relation avec la chair de sa chair, sa propre fille, au coeur des débats, de se raconter en contant par la magie d'une créativité à la fois foisonnante et touchante, le lien fort d'un amour mis à rude épreuve par le poids de la distance, d'où naîtra un vrai rituel tendre et complice.

Un concept résolument génial, profondément artisanal (une animation tout en dessins animés et coupés à la main) et qui assume encore un peu plus son esprit absurde et burlesque dans cette suite façonnée comme un recueil de courts-métrages toujours aussi inventifs et loufoques, dont certains sortent gentiment du lot que d'autres (on pense à Maya casse la terre et La Sortie Scolaire).

On reste en terrain conquis donc (avec quelques nuances contraires, dont une Blanche Gardin qui supplante Pierre Niney à la narration, eux deux étant les rôles titres de... Le Livre des Solutions, tout fait sens), et le cocktail aussi touchant que ludique que concocte à nouveau Michel Gondry fait joliment son office, à tel point que l'on signe déjà pour un hypothétique Maya, donne-moi encore un autre titre.

Jonathan Chevrier