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[CRITIQUE] : Elio


Réalisatrices•teur : Madeline Sharafian, Domee Shi et Adrian Molina
Avec : avec les voix françaises de  Nathan Dupont, Yonas Kibreab, Zita Hanrot,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Comédie, Famille, Science Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Depuis toujours, l’humanité lève les yeux vers les étoiles en quête de réponses… et cette fois, l’univers a répondu ! Elio, un garçon de 11 ans rêveur et passionné d’espace, peine à trouver sa place sur Terre. Mais sa vie bascule lorsqu’il est mystérieusement téléporté dans le Communiverse — une organisation intergalactique rassemblant des représentants (aussi étranges que fascinants) de galaxies lointaines. Pris par erreur pour l’ambassadeur officiel de la Terre, il se retrouve propulsé au cœur d’une mission aussi périlleuse qu’extraordinaire. Heureusement, il pourra compter sur Glordon, un extraterrestre aussi loufoque qu’attachant, et sur sa tante Olga, qui veille sur lui depuis la Terre. Au cours de cette aventure hors du commun, Elio devra prouver qu’il est le digne représentant des humains tout en découvrant qui il est vraiment et où se trouve sa place.




Il fut une époque pas si lointaine où la firme à la lampe Pixar, pas encore totalement vampirisée par les élans de franchisation à outrance de la maison mère Disney, était caractérisée parce qui était l'essence même de sa nature : une constante prise de risques, souvent contrôlés certes, mais porté par une envie de défier l'adversité comme le tout commun assez exceptionnelle.

Après tout, ils ont été les premiers à produire long-métrage d'animation tout en images de synthèse puis, bien avant leurs concurrents Dreamworks où encore Laïka, les premiers à repousser les limites de leur créativité comme celles émotionnelles de leur auditoire, à travers des histoires aux thématiques difficiles et mâtures - bien loin d'une animation à la fois aux codes (un peu trop) bien établis.

Copyright 2025 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Aujourd'hui, Pixar semble reléguer ses tentatives " autres ", loin de ses succès passés (Soul, Turning Red, Luca), un peu trop de loin de salles obscures abreuvées à outrance de suites tout aussi peu attendues que créativement opportunistes, à tel point que voir un projet tel qu'Elio chapeauté par Madeline Sharafian et Domee " Turning Red " Shi (et Adrian Molina, débarqué en cours de route pour aller notamment s'occuper de la suite de Coco), excessivement coûteux (on parle d'un budget astronomique de 300M$, fruit de nombreux reports, réécritures et autres changement de direction créative en court de production), avoir une exploitation en salles à presque tout d'une anomalie que Disney elle-même ne sait pas (où ne veut pas, c'est selon) forcément vendre.

Compréhensible sur le papier, tant il se confronte à un défi auquel la firme aux grandes oreilles s'est cassé les dents par quatre fois sur les vingt-cinq dernières années : divertir en abordant le terrain sinueux de la science-fiction à forte tendance rétro-futuriste, comme ils avaient déjà essayés avec Atlantide : L'Empire perdu, La Planète au Trésor, Buzz l'Éclair et Avalonia, l'étrange voyage, des flops retentissants à la qualité disparate (les deux premiers sont excellents, les deux derniers nettement moins).
Et Elio incarne sans forcer, un projet encore plus étrange que toutes celles citées, une force tout autant qu'une faiblesse à l'arrivée.

Partant d'un pitch pour le moins original (un gosse rêveur et passionné d'espace de onze ans, Elio Solis, qui a perdu ses deux parents et ait élevé depuis par sa tante officier de l'armée de l'air, peine tellement à trouver sa place sur terre qu'il fait tout pour se faire kidnapper par des extraterrestres : bingo, pris pour l'ambassadeur des humains, il est mystérieusement téléporté dans le Communiverse, une organisation intergalactique rassemblant des représentants de galaxies lointaines, pour les aider à lutter contre le terrible Empereur Grigon), la narration, tributaire d'une floppée de plumes penchées sur son cas au fil de son développement, à très vite le mauvais ton de se disperser (tout en gardant en son cœur certes, le besoin de connexion aux autres de son jeune héros endeuillé) sans forcément savoir donner du corps comme du sens à ses idées, ni même à ses personnages (génériques as hell, même Elio, aussi attachant soit-il, n'est pas toujours facile à comprendre), annihilant de facto tout l'impact de ses élans émotionnels pourtant essentiel.

Copyright 2025 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Véritable pot-pourri d'influences (même maison, tant le Communiverse est clairement inspiré par le Grand Avant de Soul) comme d'idées - majoritairement chouettes - ni approfondies, ni élaguées voire même totalement opposées (l'opposition entre la douceur et la vulnérabilité du Communiverse - et du candide Glordon - et la brutalité et la culture de la conquête de Grigon; le bouleversement de la vie de la tante d'Elio, Olga, qui a dû abandonner son rêve de devenir astronaute pour s'occuper de son neveu; le traumatisme du deuil d'Elio et Olga, presque accessoire), le film, au demeurant rythmé et même assez drôle mais jamais aussi merveilleux qu'on le souhaiterait, laisse bien trop l'impression douce-amère d'une aventure dont la créativité visuelle et l'onirisme exacerbé, n'arrivent jamais réellement à masquer la fragilité comme la prévisibilité d'une écriture " Pixarienne " qui manque de personnalité (comme le score de Rob Simonsen) mais qui surtout jadis, savait se faire percutante aussi bien dans le petit bain réconfortant de la familiarité, que dans les eaux marécageuses de l'originalité et de l'excentricité.

C'est triste, mais la frontière entre les tendres films personnels et les divertissements populaires et impersonnels, est donc définitivement franchit par la firme à la lampe...


Jonathan Chevrier