[CRITIQUE] : Materialists
Réalisatrice : Celine Song
Avec : Dakota Johnson, Pedro Pascal, Chris Evans, Zoë Winters,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie, Romance, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min
Synopsis :
Une jeune et ambitieuse matchmakeuse new-yorkaise se retrouve dans un triangle amoureux complexe, tiraillée entre le " match " parfait et son ex tout sauf idéal.
Il y a quelque chose de joliment - mais surtout involontairement - complémentaire dans le fait que le nouveau long-métrage de Celine Song, au lendemain du magnifique Past Lives, noue toute sa narration au détour des apparences souvent trompeuses, là où le film a, justement, été vendu d'une manière un brin (pour être poli) malhonnête par une A24 à la campagne promotionnelle sensiblement glucosée : non, Materialists n'est pas totalement une comédie romantique dans la plus stricte et Hollywoodienne définition du terme (comme son précédent film, plus proche finalement d'un drame romantique Allenien qu'autre chose), mais bien une dramédie relationnelle tout aussi prenante que ludique dans sa manière de dégainer une critique à la fois acerbe et douce-amère sur les rencontres comme les relations amoureuses et les attentes qu'elles entourent, à notre ère moderne - et encore plus au cœur des grandes métropoles.
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Copyright Adore Matchmaking LLC / Atsushi Nishijima / A24 |
Plus proche d'une odyssée de James L. Brooks que d'un épisode de Sex and the City (on est des deux teams ici, sachez-le), soit un regard plus réaliste que cotonneux et idéalisé de la romance où le traumatisme de la solitude comme les affres du statut social sont des facteurs essentiels dans une équation sentimentale, la narration s'attache tout du long aux aternoiements comme aux tiraillements existentiels et sentimentaux de Lucy (qui pourrait, dans un multiverse pas si déconnant, être la fille cachée de Carrie Bradshaw), une entremetteuse hors pair qui maîtrise tellement à la perfection la science des relations amoureuses, qu'elle propose ses services à une élite de célibataires aux moyens aisés, pour les guider sur l'autoroute de l'amour.
Tout ça alors que dans le même temps, ses préceptes sont totalement caduques pour sa propre personne, puisqu'elle n'est qu'une éternelle et cynique célibataire qui ne croit pas en ses propres algorithmes magiques (une Carrie qu'on vous dit).
Lors d'un mariage dont elle a orchestré l'union, elle fait la rencontre d'une " licorne ", Harry, un homme d'affaires séduisant et prospère qui la courtise subtilement et qui n'hésite pas à généreusement lui proposer un mariage tout en amour (surtout le sien) et en luxe sans nuages : une proposition aux douloureux contours de transaction commerciale.
Le hic, c'est que son ex-petit ami, John, un acteur toujours méchamment en difficulté financière (la question économique a, justement, été la raison de leur rupture), revient dans la danse et vient encore un peu plus conforter Lucy dans sa profonde désillusion face à l'amour...
D'une honnêteté brute et mélancolique, tout autant dans sa mise en scène aux cadrages méticuleux (tout apparaît comme une balade certes légère mais complexe), que dans une écriture tout aussi obsessionnelle qui décompose sans filtre les thématiques (parfois d'une noirceur assez inattendue, lorsqu'elle aborde le terrain sinueux de l'agression sexuelle) comme les sentiments de ses personnages - quitte à paraître parfois gentiment confuse -; Materialists apparaît in fine moins comme un hommage à la comédie romantique traditionnelle qu'une subversion intelligente qui s'amuse de ses (nombreuses) influences sans jamais véritablement mettre le mot " amour " au centre des débats.
Une œuvre qui nous renvoie avec une sincérité rare à notre propre superficialité, qui nous invite non seulement à réfléchir sur notre matérialisme exacerbé (coucou le titre), que sur notre propre manière de s'estimer et d'estimer/évaluer l'autre à l'aube d'une hypothétique relation, sans jamais véritablement considérer le sentiment amoureux comme une valeur au-dessus de tout et non-négociable.
On appelle ça, par chez nous, une sacrée séance.
Jonathan Chevrier
Lors d'un mariage dont elle a orchestré l'union, elle fait la rencontre d'une " licorne ", Harry, un homme d'affaires séduisant et prospère qui la courtise subtilement et qui n'hésite pas à généreusement lui proposer un mariage tout en amour (surtout le sien) et en luxe sans nuages : une proposition aux douloureux contours de transaction commerciale.
Le hic, c'est que son ex-petit ami, John, un acteur toujours méchamment en difficulté financière (la question économique a, justement, été la raison de leur rupture), revient dans la danse et vient encore un peu plus conforter Lucy dans sa profonde désillusion face à l'amour...
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D'une honnêteté brute et mélancolique, tout autant dans sa mise en scène aux cadrages méticuleux (tout apparaît comme une balade certes légère mais complexe), que dans une écriture tout aussi obsessionnelle qui décompose sans filtre les thématiques (parfois d'une noirceur assez inattendue, lorsqu'elle aborde le terrain sinueux de l'agression sexuelle) comme les sentiments de ses personnages - quitte à paraître parfois gentiment confuse -; Materialists apparaît in fine moins comme un hommage à la comédie romantique traditionnelle qu'une subversion intelligente qui s'amuse de ses (nombreuses) influences sans jamais véritablement mettre le mot " amour " au centre des débats.
Une œuvre qui nous renvoie avec une sincérité rare à notre propre superficialité, qui nous invite non seulement à réfléchir sur notre matérialisme exacerbé (coucou le titre), que sur notre propre manière de s'estimer et d'estimer/évaluer l'autre à l'aube d'une hypothétique relation, sans jamais véritablement considérer le sentiment amoureux comme une valeur au-dessus de tout et non-négociable.
On appelle ça, par chez nous, une sacrée séance.
Jonathan Chevrier