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[CRITIQUE] : Parthenope


Réalisateur : Paolo Sorrentino
Acteurs : Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman, Silvio Orlando,...
Distributeur : Pathé Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 2h17min.

Synopsis :
La vie de Parthénope de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Une épopée féminine dépourvue d’héroïsme mais éprise de liberté, de Naples, et d’amour. Les amours vraies, indicibles ou sans lendemain qui vous condamnent à la douleur mais qui vous font recommencer. Le parfait été à Capri d’une jeunesse insouciante malgré un horizon sans issue.
Autour de Parthénope, les napolitains. Scrutés, aimés, désillusionnés et pleins de vie, que l’on suit dans leurs dérives mélancoliques, leurs ironies tragiques et leurs moments de découragement.
La vie peut être très longue, mémorable ou ordinaire. Le temps qui passe offre tout le répertoire des sentiments. Et là, au fond, proche et lointaine, cette ville indéfinissable, Naples, qui ensorcèle, enchante, hurle, rit et peut nous faire mal.




Critique :

Quoiqu'en diront certains, il y a eu un déclic au cœur du cinéma résolument brillant de Paolo Sorrentino, opéré avec le magnifique et profondément autobiographique La Main de Dieu, comme s'il mettait désormais, totalement, sa mise en scène formelle et son lyrisme baroque au service de la beauté de ses plans comme des émotions intenses qu'il cherche à transmettre.
Plus Fellinien que jamais, c'est donc tout naturellement que son effort suivant, Parthenope, volontairement encore plus lyrique, cherche à suivre ce même mouvement en poussant un poil plus loin les potards de ses standards, tout en ne quittant jamais le cadre bleu azur d'une Naples qui n'a jamais été aussi belle et édénique que devant sa caméra.

Copyright Gianni Fiorito

Le point d'ancrage y est d'ailleurs sensiblement le même (une énième théorisation sur le sens de l'existence, la dureté du temps qui passe comme sur la mort et le caractère éphémère de chaque chose - notamment la jeunesse), mais avec une nuance de taille : un personnage féminin, qui partage son prénom avec le film (loin de n'être qu'un simple détail, puisqu'il est le même que celui de la sirène qui, d'après la mythologie grecque, a donné son nom à la ville de Naples), au centre des débats, lancé dans une expérience mouvementée d'apprentissage la vie dans tout ce qu'elle peut avoir d'arbitraire, de chaotique, de beau et de vorace.

C'est son parcours, à la fois exalté et écrasé par sa propre beauté, qui sert de chair tout aussi vertigineuse et sensuelle qu'un poil superficielle au long-métrage, portrait baroque d'une femme inaccessible tout autant brillante qu'aux pensées opaques, objectifiée toute son existence par le regard masculin et éprise d'une liberté que le paradis faussement terrestre qui lui sert de cadre (une Naples somptueuse mais surtout puritaine et sexiste), lui refuse; une héroïne qui face à une mort qui la frappera de plein fouet (le suicide de son frère, perdu dans un amour incestueux), entamera alors un voyage désolé et tout en mélancolie à la découverte d'elle-même, et une accumulation de décisions à la fois émancipatrices et dévastatrices.

Copyright Gianni Fiorito

Étendant son histoire sur celle d'une société napolitaine qu'il déshabille tout autant du regard et qui, comme Parthenope, emprisonnée dans sa propre beauté, porté tout autant par la performance d'une impressionnante Celeste Dalla Porta que par une mise en scène méticuleuse et soignée - tout en traveling fluide et cotonneux -, c'est uniquement dans son écriture que le film pèche, une narration étirée en longueur beaucoup trop dépourvue de profondeur et de complexité (comme si toute idée d'aller au plus profond des choses, allait salir la beauté de sa fable), pas aidée non plus par quelques digressions dispensables - notamment celle entourant un Gary Oldman lessivé.

Étonnant venant d'un cinéaste qui, à la différence d'un Guadagnino, était jusqu'ici aussi doué pour épouser subtilement les corps tout autant que leurs humeurs.


Jonathan Chevrier