[CRITIQUE] : The Electric State


Réalisateurs : Anthony et Joe Russo
Acteurs : Millie Bobby Brown, Chris Pratt, Anthony Mackie (voix), Woody Norman, Ke Huy Quan, Giancarlo Esposito, Stanley Tucci, Woody Harrelson (voix, Jenny Slate (voix), Brian Cox (voix), Jason Alexander, Colman Domingo (voix), Alan Tudyk (voix), Hank Azaria (voix),...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h08min

Synopsis :
Adaptation du roman graphique Tales from the Loop de Simon Stalenhag.
Une adolescente réalise que son nouvel ami robot, doux mais étrange, lui a en fait été envoyé par son frère disparu. Elle et le robot partent à la recherche du garçon, découvrant ainsi une vaste conspiration...




La figure robotique au cinéma constitue un angle artistique évident ayant inspiré divers grands noms, de Fritz Lang à Steven Spielberg, par ce que la froideur apparente de l’objet peut refléter en émotions charnelles quand cela est fait avec talent. Pourtant, la crainte d’une mécanique qui grippe reste présente, à l’instar de cet Electric State. Le nouveau film des frères Russo, bien aidé par un budget de 320 millions de dollars, fonctionne techniquement en apparence (les effets spéciaux sont réussis) mais souffre d’un manque criant de cœur et d’humanité alors même que son récit exhorte à une forme de sentimentalisme.

La quête d’une adolescente pour un frère qu’elle croyait décédé porte ainsi les germes d’une narration classique dans le domaine blockbusteresque, avec un cœur émotionnel à priori simple mais potentiellement émouvant. Pourtant, le film souffre de se renfermer dans un schéma classique qui ne lui permet quasiment pas de respirer malgré ses ambitions nettement affichées. Ainsi, les nombreuses références, verbalisées ou visuelles, ainsi que l’installation du récit dans les années 90, apportent une vague pop qui tourne malheureusement à vide, posant son sujet sans lui permettre de se développer réellement. La caractérisation va dans la même direction, le casting se trouvant à jouer des ersatz de leurs rôles plus connus sans avoir beaucoup à se mettre sous la dent.

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L’histoire devient alors trop longue pour ce que le long-métrage cherche à raconter, se développant sans trouver sa propre voix tout en se réorientant vers des films bien plus marqués dans leur intérêt. La gestion du casque virtuel, par exemple, trouvait dans Ready Player One une critique consumériste appelant à une réappropriation de la culture populaire par les gens. Ici, le traitement de l’objet s’enfonce dans un propos un peu boomer tout en survolant le potentiel propos capitaliste. Si l’on ajoute à ça une mise en scène peu intéressante voire brouillonne, il reste un goût assez amer dans la bouche après le visionnage de ce titre.

The Electric State ne fait jamais d’étincelles, la faute à une rigidité à tous les niveaux étouffant tout son potentiel pour s’enfermer dans un résultat classique et sans réelle identité. Il y avait matière à faire bien mieux, visuellement, narrativement mais surtout émotionnellement et on espère que les prochains gros divertissements de Netflix trouveront plus de cœur que ce film.


Liam Debruel


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Après avoir offert au MCU quelques-uns de ses efforts les plus rentables, dont les deux derniers Avengers, les frangins Anthony et Joe Russo se sont vu offrir par la jungle Hollywoodienne une sorte de totem d'immunité, une carte blanche constante pour poursuivre leur entreprise de destruction massive du côté de plateformes de streaming trop contentes de les compter parmi leurs catalogues - tant mieux puisque les salles obscures ne sont plus un lieu sacré à leurs yeux.

Premier effort post-Marvel lancé du côté de chez Apple TV, Cherry porté par Tom " Spider-Man " Holland, voyait le tandem appliqué leur " sensibilité " et leur sens du spectacle à une histoire fragile qui n'en avait pas vraiment besoin, consumant le peu de substance d'une tragédie puissante qui, comme ses personnages, ressemblait à une coquille vide.

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Le second, The Gray Man, allait encore plus loin, chasse à l'homme impersonnelle et bigger than life qui n'avait - presque - rien à envier aux récents délires cartoonesques de la saga Fast and Furious, un wannabe Bourne movie sans energie où, ironiquement, la crise d'identité ne viendrait pas tant de son personnage vedette que du film en lui-même.
Et si l'on s'inquiétait (pas du tout) de savoir si les deux loustics étaient capables de faire pire avec un budget dépassant allègrement les 300M$ de dollars (on parle de 320M$ de budget, hors campagne promotionnelle), ils n'ont besoin que d'une poignée de secondes avec The Electric State pour nous dégainer une réponse : oui, trois fois mille fois pire.

Adaptation de la bande dessinée (où roman illustré, pour les plus fragiles qui ne veulent pas appeler un chat, un chat) Tales from the Loup de Simon Stålenhag, qui peut vulgairement se résumer à une apocalypse Skynet sauce Disneyland (les machines que nous avions créées pour le travail manuel se sont retournées contre nous, dans une guerre brève et sanglante où les humains ont su acquérir la capacité d'intégrer leur esprit dans des corps mécaniques, et on décidés d'y rester parce que trop accros à cette nouvelle technologie..), dont la prévisibilité n'a d'égale que le peu de divertissement qu'il procure; le film, sorte de road trip dramatico-dystopique sauce expérience cybernétique au cœur de 90s, n'est uniquement bâti que sur une dépendance excessive aux clichés familiers de la SF et du blockbuster décérébré moderne.

Du gloubi-boulga périmé, criard et turbo-débile aux séquences d'action boursouflées, chapeauté par des cinéastes fiers et heureux de perpétuer leur manque d'imagination, et qui intiment à leur distribution de ne jamais voir plus loin que les stéréotypes éculés qu'ils véhiculent depuis des années.
Voyez plutôt : Millie Bobby Brown est une éternelle adolescente à la fois angoissée et vulnerable mais surtout insupportable, Chris Pratt et Anthony Mackie ressortent leur panoplie comico-Marvelienne dans un ersatz de relation Solo/Chewbacca-esque, tandis que Ke Huy Quan nous rejoue la même gentillesse mi-sincère, mi-irritante qu'il sert depuis son improbable come-back; le tout avec un Ginacarlo Esposito en mode cosplay de Gus Fring, qu'il a décliné un million de fois et sans une once de nuance depuis la fin de Breaking Bad.

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Sans idée (sauf, peut-être, celle d'une apologie maladroite du " c'était mieux avant " face à une IA pensé comme l'avenir de l'humanité, limité même venant d'une production littéralement pondue sous algorithmes) ni émotions à transmettre à son auditoire, totalement conçu pour un public n'ayant pas à lui accorder plus d'attention que de raison, entre deux lessives et une - grosse - pause caca (une ado fait amie-amie avec un robot qui lui a été envoyé par son frère disparu et, aidé d'un ancien militaire au cœur d'or, elle va chercher à le retrouver... et c'est tout), The Electric State est l'apogée du " bruits de fond movie " qui ne réfléchit jamais au sens des images qu'il met en scène (comment chercher une quelconque signification au film, quand les têtes pensantes derrière n'en ont rien à branler ?), et qui implique de ne jamais être vu sérieusement sous peine de s'ennuyer à mourir.

Sans cerveau ni cœur derrière sa façade métallique et artificielle (et encore moins derrière son univers post-apocalyptique perfusé à la pop culture), ce mockbuster qui vient titiller sqns trembler le faisandé Atlas de Brad Peyton au panthéon du pire, arrive à peine à nous distraire ce qui est, pourtant, même dans les pires représentants de son catalogue lessivé, le premier devoir élémentaire de toute production made in firme au Toudoum...


Jonathan Chevrier



 

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