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[CRITIQUE] : The Gorge


Réalisateur : Scott Derrickson
Acteurs : Anya Taylor-Joy, Miles Teller, Sigourney Weaver, Sope Dirisu,...
Distributeur : Apple TV +
Budget : -
Genre : Action, Romance, Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h07min.

Synopsis :
Deux agents surentraînés sont affectés à des postes de garde dans des tours situées des deux côtés d’un vaste gouffre secret, afin de protéger le monde du mal mystérieux qu’il renferme. Nouant des liens malgré la distance, les deux agents doivent rester vigilants face à cet ennemi invisible. Mais lorsque la menace cataclysmique pour l’humanité leur est révélée, ils devront faire équipe pour maintenir le secret à l'intérieur du gouffre avant qu’il ne soit trop tard.




Critique :



Il n'y a pas forcément de mystère avec Scott Derrickson, un honnête faiseur de cauchemar dont la filmographie souffle tout autant le chaud que le froid : quand il y a un peu trop de pognon en jeu et un Ethan Hawke pas vraiment dans les parages, cela peut vite virer à la catastrophe.

Bingo, si on peut être aussi enthousiaste que cela, c'est à la fois avec un budget gentiment confortable et sans la moitié de Céline dans la trilogie des Before, que le bonhomme se pointe en pleine Saint Valentin avec un actionner SF mâtiné de romance, The Gorge qui, sur le papier, ne semblait pas forcément frappé par le sceau d'une approche minimaliste comme pour ses excellents Black Phone et - surtout - Sinister, malgré un pitch pour le coup assez original (signé par le scénariste de l'immonde The Tomorrow War, Zack Dean... ambiance).

Copyright Apple TV+

Flairez plutôt : deux des meilleurs tireurs d'élite du monde, un homme et une femme (un américain - Levi - et une lituanienne - Drasa - à la fois sans amis, famille ni attaches), isolés dans deux tours séparées où ils sont confinés pendant - au moins - un an, gardent un horrible secret en contrebas dont ils ne savent strictement rien ou presque, et qui n'ont aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur, à part quelques contrôles radio mensuels.
Qu'est-ce qui pourrait bien arriver de pire, avec deux des meilleurs canons de la planète pour nous protéger ?
Bah qu'ils tombent in love l'un de l'autre, pardi...

Bingo bis donc, ses deux âmes blessées par la vie nous rejouent un remake de Love Actually à coups de pancartes, s'intéressent un peu - beaucoup - trop l'un à l'autre, et c'est le coup de foudre au premier coup de feu.
Évidemment, aveuglés par l'amour et con comme des lampadaires éteints, ils décident qu'enfreindre les règles pour une ch'tite connexion humaine vaut bien le risque de mettre toute la sécurité du monde en jeu - un an à ronger son frein, c'est long hein.
Monumentale erreur, et tout commence à partir en sucette, et encore plus le film lui-même (passé la première heure, il ne croit absolument plus en la superficialité de son propre concept), lorsque les secrets de la dite gorge sont dégainées face caméra - en gros, des créatures mutantes cousines de Groot issues du pire du pire de la saga Spy Kids.

Copyright Apple TV+

Sorte de cocktail malade et absurde entre Nuits blanches à Seattle et Game of Thrones - avec un gros doigt coupé de Resident Evil -, pas forcément plus attirant qu'une prod d'Uwe Boll aux CGI tout aussi peu inspirés, et dont l'action vient très vite stupidement contredire les maigres certitudes de son concept (on a rarement vu des tireurs d'élite ne jamais user de leur compétence à longue distance), The Gorge a tout du film de plateforme ennuyé et ennuyeux, qui se bagarre autant avec les limites embarassantes de son écriture (sacré foirade du côté du Pôle Emploi international : nos seules chances de préserver l'humanité sont deux ex-millitaires recrutés à l'arrache tombant in love l'un de l'autre) qu'avec la vulnérabilité criante de ses changements de tons brutaux.

Certes, il reste l'alchimie plutôt sympathique entre une Anya Taylor-Joy et un Miles Teller qui tentent, tant bien que mal, de donner vie à des personnages caricaturaux qui, une fois que l'action rentre dans l'équation, s’éteignent pour de bon, où encore la jolie photo de Dan Laustsen (un habitué du cinéma de Del Toro) qui se montre bien plus habile que la bande originale totalement impersonnelle d'un tandem Trent Reznor/Atticus Ross qu'on a connu plus inspiré.
C'est maigre donc, rachitique même.


Jonathan Chevrier