[CRITIQUE/RESSORTIE] : Gosses de Tokyo
Réalisateur : Yasujirô Ozu
Avec : Tatsuo Saitô, Tomio Aoki, Mitsuko Yoshikawa, Hideo Sugawara,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h31min
Synopsis :
Un modeste employé de bureau vit dans la banlieue de Tokyo avec sa famille. Voyant leur père faire des courbettes à son patron, Ryoichi et Keiji lui demandent des explications. Face à sa réponse non satisfaisante, les deux garçons commencent alors une grève de la faim en signe de protestation...
Critique :
Sans jouer la carte du consultant matrimonial de pacotille, il y a quelque chose d'assez exceptionnel - voire d'ironique, aussi -, dans le fait que le maître du septième art Yasujirô Ozu, éternel célibataire, a pourtant toujours été l'un des cinéastes les plus pertinents et perspicaces dans ses explorations à la fois accrue et authentiques sur les thèmes complexes du mariage et de la parentalité, passionnés qu'il était de s'attacher avec justesse aux troubles domestiques contemporains, pour croquer d'incroyables portraits de familles.
Si la pensée populaire aura tendance à s'arrêter sur les derniers exemples de sa filmographie, la maestria poétique et burlesque de son regard se retrouvait pourtant, déjà, dans ses premiers efforts, à l'image du magnifique Gosses de Tokyo, mise en peinture de la modernisation de la société japonaise au cœur des années 20/30, à une époque où le cinéma - muet - du cinéaste, n'avait pas encore vu son optimisme enchanteur être broyé par la guerre.
Pour son dernier film muet, il y offre une exploration anthropologique et burlesque (voire Pagnol-esque, dans une certaine mesure) des épreuves quotidiennes d'une famille de la classe ouvrière, les Yoshi, qui a fraîchement déménagé dans la banlieue de Tokyo, vissé autant sur le conflit générationnel et les liens fragiles qui unissent le patriarche - modeste employé de bureau - et ses deux rejetons (une relation tout en malentendus, incompréhensions et amour sincère), que dans le double récit initiatique de ceux-ci, entre douce insouciance et vérités cruelles, confrontés qu'ils sont à un nouveau cadre et à ses initiations à la dure - tout comme leur père, avec qui le cinéaste offre un parallèle plein de grâce.
Avec un esprit véritablement enfantin, Ozu niche son humour moins dans l'action (malgré un montage d'une rigueur dingue) que dans les facéties et l'expressivité folle de ses personnages, confrontés à l'implacabilité écrasante et familière du cycle de la vie : la difficile loi du plus fort, entre la discipline rigide de l'enfance, et la hiérarchie oppressante du monde des adultes.
Un petit bijou mélancolique et tendre, dont la (re)découverte est déjà l'une des séances essentielles de ce début d'année.
Jonathan Chevrier
Avec : Tatsuo Saitô, Tomio Aoki, Mitsuko Yoshikawa, Hideo Sugawara,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h31min
Synopsis :
Un modeste employé de bureau vit dans la banlieue de Tokyo avec sa famille. Voyant leur père faire des courbettes à son patron, Ryoichi et Keiji lui demandent des explications. Face à sa réponse non satisfaisante, les deux garçons commencent alors une grève de la faim en signe de protestation...
Critique :
Exploration anthropologique et burlesque des épreuves quotidiennes d'une famille de la classe ouvrière, doublée d'un récit initiatique à hauteur d'enfants entre douce insouciance et initiations cruelles, #GossesDeTokyo est un bijou de séance mélancolique et tendre par le roi Ozu. pic.twitter.com/zFjYRk5q28
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 12, 2025
Sans jouer la carte du consultant matrimonial de pacotille, il y a quelque chose d'assez exceptionnel - voire d'ironique, aussi -, dans le fait que le maître du septième art Yasujirô Ozu, éternel célibataire, a pourtant toujours été l'un des cinéastes les plus pertinents et perspicaces dans ses explorations à la fois accrue et authentiques sur les thèmes complexes du mariage et de la parentalité, passionnés qu'il était de s'attacher avec justesse aux troubles domestiques contemporains, pour croquer d'incroyables portraits de familles.
Si la pensée populaire aura tendance à s'arrêter sur les derniers exemples de sa filmographie, la maestria poétique et burlesque de son regard se retrouvait pourtant, déjà, dans ses premiers efforts, à l'image du magnifique Gosses de Tokyo, mise en peinture de la modernisation de la société japonaise au cœur des années 20/30, à une époque où le cinéma - muet - du cinéaste, n'avait pas encore vu son optimisme enchanteur être broyé par la guerre.
Copyright Carlotta Films |
Pour son dernier film muet, il y offre une exploration anthropologique et burlesque (voire Pagnol-esque, dans une certaine mesure) des épreuves quotidiennes d'une famille de la classe ouvrière, les Yoshi, qui a fraîchement déménagé dans la banlieue de Tokyo, vissé autant sur le conflit générationnel et les liens fragiles qui unissent le patriarche - modeste employé de bureau - et ses deux rejetons (une relation tout en malentendus, incompréhensions et amour sincère), que dans le double récit initiatique de ceux-ci, entre douce insouciance et vérités cruelles, confrontés qu'ils sont à un nouveau cadre et à ses initiations à la dure - tout comme leur père, avec qui le cinéaste offre un parallèle plein de grâce.
Avec un esprit véritablement enfantin, Ozu niche son humour moins dans l'action (malgré un montage d'une rigueur dingue) que dans les facéties et l'expressivité folle de ses personnages, confrontés à l'implacabilité écrasante et familière du cycle de la vie : la difficile loi du plus fort, entre la discipline rigide de l'enfance, et la hiérarchie oppressante du monde des adultes.
Un petit bijou mélancolique et tendre, dont la (re)découverte est déjà l'une des séances essentielles de ce début d'année.
Jonathan Chevrier