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[CRITIQUE] : Mufasa : Le Roi Lion


Réalisateur : Barry Jenkins
Avec : avec les voix de Tahar Rahim, Gwendal Marimoutou, Alban Ivanov, Jamel Debbouze, Loïse Charpentier, Daniel Kamwa,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Aventure, Famille, Animation, Musical.
Nationalité : Americain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Rafiki raconte à la jeune lionne Kiara - la fille de Simba et Nala – la légende de Mufasa. Il est aidé en cela par Timon et Pumbaa, dont les formules choc sont désormais bien connues. Relatée sous forme de flashbacks, l'histoire de Mufasa est celle d’un lionceau orphelin, seul et désemparé qui, un jour, fait la connaissance du sympathique Taka, héritier d'une lignée royale. Cette rencontre fortuite marque le point de départ d’un périple riche en péripéties d’un petit groupe « d’indésirables » qui s’est formé autour d’eux et qui est désormais à la recherche de son destin. Leurs liens d’amitié seront soumis à rude épreuve lorsqu’il leur faudra faire équipe pour échapper à un ennemi aussi menaçant que mortel…



Critique :



Si le virage des années 2010 a vu la firme aux grandes oreilles se lancer d'une manière totalement décomplexée, dans le recyclage éhonté et en prise de vues réelles, de son - riche - catalogue ciné, celui des années 2020 a vu le studio agir d'une façon encore plus abjecte et cynique : dégainer sur grand écran voire, période du Covid-19 oblige, sur sa plateforme dédiée (ce qui, pour le coup, n'est pas choquant dans ce cas de figure), une pluie de projets paresseusement produits qu'elle aurait jadis réservé au marché de la vidéo.

Un cynisme auquel répond, paradoxalement, le public avec un soutien presque indéfectible - surtout sur ses propres terres.

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Après le rétropédalage malade de la production de Vaiana 2 (transformé à la va-vite de séries Disney Plus à film à part entière), validée par les salles obscures - 719,5M$ de recettes au box-office en à peine trois semaines -, bonjour Mufasa : Le Roi Lion part un Barry Jenkins qu'on aurait aimé voir ailleurs, midquel bon marché dans le ton (mais avec 200M$ dans la besace, tout de même), cherchant à narrer une simili-origin story dont on se contrefout royalement : la jeunesse de Mufasa et sa relation appelée à devenir tragique, avec son frangin Scar - nommé à l'origine Taka.

À l'instar de Mamma Mia ! Here We Go Again (on pourrait citer Le Parrain 2, mais paye tes bonnes références), la narration a donc le popotin coincé entre les deux sièges du prequel et de la suite - du Roi Lion ½ en somme -, sorte de gros flashback narré au présent à la fille de Simba par le sage Rafiki (et parasité par l'humour suranné de Timon et Pumbaa), sur la vie de son grand-père Mufasa en Terres des Ombres, lui qui est passé de bébé Moïse à protecteur de sa famille d'accueil - parce que Taka/Scar à fait dans sa fourrure face à des ennemis lions blancs -, puis à roi de toute la jungle.
Une histoire binaire (des gentils lions menés par un lion noble, affrontent des méchants lions qui sont méchants sans raison), où le prince solitaire et lâche se voit lentement bouffé dans la hiérarchie familiale, par le pupille vaillant et loyal, quand bien même les deux restent sensiblement protecteur l'un envers l'autre, jusqu'à ce que le premier bascule (abruptement) du côté obscur.

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Pas désagréable mais totalement dispensable (là où, animé et sorti dans l'escarcelle du film original, il aurait pu être vraiment marquant), à l'image de la bande originale oubliable de Lin-Manuel Miranda (qui fait, jusque dans ses excès familiers, du Lin-Manuel Miranda), sapant les maigres ressorts émotionnels dans sa besace (une trahison fraternelle, renforcée par l'aspect buddy movie des deux premiers tiers de bobine, mais in fine jamais réellement abordée) par un virage heel précipité - et donc artificiel -; Mufasa : Le Roi Lion n'est pas tant plombé par sa narration cousue de fil blanc (qui se sent, assez logiquement, obligée d'enchaîner les révérences/clins d'œil au récit tutélaire), que par un photoréalisme qui, plus encore que pour le premier film, annihile la moindre expression de personnages qui en ont cruellement besoin, pour rendre un tant soit peu vivant ce qu'il tente de fébrilement nous conter.

Si poncer les limites d'un titre phare fonctionnait jadis dans des opus DTV qui ne cherchait jamais à incarner plus que cela, sur grand écran en revanche, c'est d'une brutalité opportuniste proprement déconcertante, et encore plus si le film s'avère émotionnellement aussi creux.


Jonathan Chevrier