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[CRITIQUE] : Norah


Réalisateur : Tawfik Alzaidi
Acteurs : Yagoub AlfarhanMaria BahrawiAixa Kay, Abdullah Al-Sadhan,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Saoudien.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Arabie Saoudite, dans les années 90. Le nouvel instituteur, Nader, arrive dans un village isolé. Il rencontre Norah, une jeune femme en quête de liberté. Leur relation secrète, nourrie par l’art et la beauté, va libérer les forces créatrices qui animent ces deux âmes sœurs… malgré le danger.



Critique :



Un peu malgré lui, Norah de Tawfik Alzaidi est un film doublement historique, à la fois pour son contexte - les années 90 - et la manière dont il résonne au cœur d'une production encore naissante.

Estampillé premier long-métrage saoudien a avoir les honneurs d'une sélection officielle au Festival de Cannes (il a été primé - mention spéciale du Jury - dans la section Un Certain Regard, pour ne rien gâcher à la fête), il ne fait que poursuivre l'expression d'un cinéma local qui ne serait rien sans l'effort continu de cinéastes féminines telles que Haifaa Al-Mansour (dont le magnifique Wadjda est ici un modèle évident) où Shahad Ameen.

Copyright Nour films

Son sujet même, paraît presque paradigmatique avec un cinéma saoudien qui s'émancipe gentiment mais sûrement avec les diktats religieux d'une nation pas encore prête, armée à remettre totalement en question l'ordre établi : une relation élève-professeur symbolique, projection absolue et universelle de deux âmes profanes qui se rapproche l'une de l'autre dans leur désir de s'affranchir des normes oppressives de leur village local, en s'appuyant sur l'importance et la puissance créatrice de l'art.
Soit Norah, une adolescente pleine de fougue qui vit avec la famille de sa tante après avoir perdu ses parents.

Flanqué dans une Arabie Saoudite où toute forme d'art est interdite, elle rêve d'une existence au-delà des frontières confinées de sa communauté.
Tout se bouscule où presque pour elle, avec l'arrivée de Nader qui, après une carrière de peintre tuée dans l'œuf par cette hostilité institutionnalisée vis-à-vis de tout élan artistique, enseigner la lecture et l'écriture dans la seule école de cette cité isolée - une manière détournée de raviver sa propre passion en aidant les élèves avides de savoir et d'apprentissage.

Copyright Nour films

La jeune adolescente est vite inspirée par Nader et fait tout ce qu'elle peut pour expérimenter par elle-même le pouvoir magique et émancipateur de la création, malgré la désapprobation évidente de ses aînés plus conservateurs.
Ses cours marqueront alors le début d'une symbiose intellectuelle qui renforcera les désirs jusqu'ici refoulé, d'expression créative et de liberté de ses deux âmes.

Joliment allégorique dans sa manière de pointer dune manière touchante notre besoin inné de créativité, Norah, frappé autant par un humour discret que par une urgence désespérée, se fait une célébration minimaliste et délicate du pouvoir émancipateur de l'art, de sa capacité à pouvoir connecter les âmes au-delà des frontières et de toute adversité.


Jonathan Chevrier





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