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[CRITIQUE] : Mother Land


Réalisateur : Alexandre Aja
Acteurs : Halle Berry, Percy Daggs IV, Anthony B. Jenkins, William Catlett,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h43min.

Synopsis :
Depuis la fin du monde, June protège ses fils Samuel et Nolan, en les confinant dans une maison isolée. Ils chassent et cherchent de quoi survivre dans la forêt voisine, constamment reliés à leur maison par une corde que leur mère leur demande de ne surtout « jamais lâcher. » Car, si l’on en croit June, la vieille cabane est le seul endroit où la famille est à l’abri du « Mal » qui règne sur la Terre. Mais un jour, la corde est rompue, et ils n’ont d’autre choix que de s’engager dans une lutte terrifiante pour leur propre survie…



Critique :



Au-delà même d'un pitch qui aurait très bien pu être le point de départ d'une épopée Shyamalesque plus où moins défendable, c'est véritablement dans leur approche de leur concept que le papa de Signes et Alexandre Aja se ressemblent le plus : tant qu'ils croient tous les deux en la force de leurs histoires et de leurs effets, et qu'ils restent fidèles à elles, tout roule.
Mais lorsqu'ils s'autorisent quelques excès, même minimes, c'est quasiment où presque la sortie de route assurée, quand bien même le premier a pour lui un savoir-faire indéniable qui lui permet, parfois, de limiter la casse de ses errances narratives...

Mother Land, dont on préférera le titre original bien plus en adéquation avec le mantra de ses personnages - Never Let Go -, se fait moins un morceau d'épouvante aux saillies terrifiantes (malgré quelques effets graphiques plutôt honorables) qu'un thriller survivalo-psychologique sauce Dark Water, détournant et épousant plus où moins savamment les codes moraux du conte de fées à la Hansel & Gretel.

Copyright Metropolitan FilmExport

Soit les atermoiements d'une famille, une mère et ses deux jeunes fils, Samuel et Nolan, survivant tant bien que mal dans une cabane isolée dans les bois - seul lieu sûr alors qu'une sombre force surnaturelle a envahit le monde -, en suivant une pluie de règles strictes imposées par la matriarche, comme rester tous ensemble attachés à une corde lorsqu'ils se hasardent à sortir dehors pour se nourrir (une logistique qui apparaît très vite peu cohérente, mais soit).

Tout bascule cela dit lorsque l'un des deux rejetons, Nolan, commence férocement à douter de ses propos, le film quittant dès lors l'auscultation sombre et tragique d'une maman ours qui s'est convaincue que tout ce qu'elle a fait de mal est imputable à une entité qu'elle seule peut voir, isolant ses enfants du monde à coups de rituels qui, s'ils semblent pratiques et protecteurs à ses yeux, prennent instantanément une autre nature sinistre (ou grossière, avec le symbole ridiculement littéral de la corde, une connexion ôtant tout lâcher prise possible, où ce bout de ficelle solide peut se voir comme le cordon ombilical jamais rompu entre une mère pétrifiée dans ses névroses, et sa progéniture), pour bifurquer in fine vers un troisième acte bien trop rationnel pour son bien.

Copyright Metropolitan FilmExport

La folie maternelle, pas totalement injustifiée mais quand-même excessive (elle a tué son mari et ses parents, parce que le " mal " les avait touché), laisse place alors à une survie fraternelle embourbée dans une mythologie biblico-pieuse dont les contours étaient déjà clairs depuis longtemps : une relecture de Caïn et Abel face à la tentation du Mal, avec le passage du côté obscur du plus croyant des deux mômes, qui se matérialise par l'annihilation de l'autre... mais pas vraiment en fait.

" Pas vraiment " est, justement, ce qui caractérise le mieux Mother Land, tant l'indécision même du film à choisir entre une matérialisation réelle ou non du mal, entre une acceptation où non de la folie de la mère, l'empêche continuellement de faire mouche, lui qui s'appuie sur l'idée casse-gueule d'offrir toutes les voies d'interprétations possibles à son auditoire, sans s'assurer de la solidité de chacune de ses pistes.
Au-delà de l'idée d'une schizophrénie héréditaire où non, la narration tourne au final autour des nuances de l'acceptation sincère d'un mal omniprésent, entre la rigidité pieuse/inconditionnelle et la curiosité saine, entre le consentement de son pouvoir dominant et un refus de son emprise.

Copyright Metropolitan FilmExport

Un temps imprévisible - dans le bon comme dans le mauvais sens du terme - et plutôt malin dans sa manière de nous renvoyer à nos propres angoisses (le Covid et le traumatisme de son isolement ne sont pas si loin), mais bien trop longtemps embourbé dans son statisme et son indécision pour pleinement convaincre, Mother Land laisse un sacré goût amer en bouche, tant il avait tout pour être un sacré morceau d'épouvante dépouillé, même en embrassant les courbes de la fable morale.
Une semi-déception donc.


Jonathan Chevrier






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