[CRITIQUE] : Emmanuelle
Réalisatrice : Audrey Diwan
Acteurs : Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomie Watts, Chacha Huang, Jamie Campbell Bower,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Drame, Érotique.
Nationalité : Français, Américain.
Durée : 1h47min.
Synopsis :
Emmanuelle est en quête d’un plaisir perdu. Elle s’envole seule à Hong Kong, pour un voyage professionnel. Dans cette ville-monde sensuelle, elle multiplie les expériences et fait la rencontre de Kei, un homme qui ne cesse de lui échapper.
Critique :
Comment filmer le désir sexuel ? Dans une période nourrie par les interrogations sur les male et female gaze, la question n’est pas si innocente, d’autant plus au vu des reproches de certaines personnes sur des films esquivant les séquences physiques malgré leurs thématiques (à l’instar du Challengers de Luca Guadagnino, usant de la symbolique du tennis). Une relecture du classique (mais pourtant pas si bon) Emmanuelle sonnait alors comme une idée intéressante dans ce qu’il peut s’y traduire de modernité de regard sur l’éternelle quête de la satisfaction de la chair.
Le premier plan amène déjà cette perception, se reposant sur les cuisses de Noémie Merlant (impeccable, comme toujours) dans les yeux d’un homme que notre héroïne va séduire sans trouver réel plaisir à cela. Ici, le but d’Audrey Diwan semble paradoxal, parlant de partage de désir (notamment dans une scène de caresse ou dans sa conclusion) tout en jouant d’un potentiel regard direct, peut-être même trop pour permettre une explosion de sensations. Cela se retrouve aussi dans la froideur apparente de l’hôtel où se déroule le plus gros de la narration, objet d’une perfection visuelle qui étouffe néanmoins, appelant à un besoin d’échapper à ce contrôle des plus contraignants.
La réalisatrice joue alors d’une autre forme de fuite dans son traitement du verbal. Ainsi, une des scènes les plus mémorables consiste en un échange sur la rencontre inaugurant le long-métrage, imposant un partage d’émotion qui crée une nouvelle forme d’intimité. Dans un hôtel monde en symbole d’un capitalisme déshumanisé au point de servir presque de rempart à la violence de la nature, c’est la nature grouillante de la ville et de sa réalité qui propose une nouvelle forme de désir. C’est de là que naît l’extase et finalement un retour de la chair, loin des murs de cet immeuble imposant son propre rythme à tous ses individus sous le masque de l’échappatoire exotique.
Que la froideur apparente de cette nouvelle version d’Emmanuelle ne vous trompe pas tant elle donne envie de réfléchir à ses regards de désirs, nourrie par la mise en scène appliquée d’Audrey Diwan. C’en est une œuvre où l’érotisme point par à-coups, interrogateur de notre propre regard de spectateur avec un appel au corps qui est non feint, cherchant à exister dans des structures annihilant tout aspect charnel. Sa conclusion résonne comme un véritable appel à l’orgasme, sans jugement mais tout en partage, ce qui rend évidemment ce long-métrage intéressant dans son propos.
Liam Debruel
Acteurs : Noémie Merlant, Will Sharpe, Naomie Watts, Chacha Huang, Jamie Campbell Bower,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Drame, Érotique.
Nationalité : Français, Américain.
Durée : 1h47min.
Synopsis :
Emmanuelle est en quête d’un plaisir perdu. Elle s’envole seule à Hong Kong, pour un voyage professionnel. Dans cette ville-monde sensuelle, elle multiplie les expériences et fait la rencontre de Kei, un homme qui ne cesse de lui échapper.
Critique :
Malgré sa froideur apparente, #Emmanuelle une œuvre où l’érotisme point par à-coups, interrogateur de notre propre regard de spectateur avec un appel au corps qui n'est jamais feint, cherchant à exister dans des structures annihilant tout aspect charnel. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/28ssj3Z7BT
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 21, 2024
Comment filmer le désir sexuel ? Dans une période nourrie par les interrogations sur les male et female gaze, la question n’est pas si innocente, d’autant plus au vu des reproches de certaines personnes sur des films esquivant les séquences physiques malgré leurs thématiques (à l’instar du Challengers de Luca Guadagnino, usant de la symbolique du tennis). Une relecture du classique (mais pourtant pas si bon) Emmanuelle sonnait alors comme une idée intéressante dans ce qu’il peut s’y traduire de modernité de regard sur l’éternelle quête de la satisfaction de la chair.
Copyright 2024 CHANTELOUVE – RECTANGLE PRODUCTIONS – GOODFELLAS – PATHÉ FILMS ® & Emmanuelle Estate Inc. – Manuel Moutier |
Le premier plan amène déjà cette perception, se reposant sur les cuisses de Noémie Merlant (impeccable, comme toujours) dans les yeux d’un homme que notre héroïne va séduire sans trouver réel plaisir à cela. Ici, le but d’Audrey Diwan semble paradoxal, parlant de partage de désir (notamment dans une scène de caresse ou dans sa conclusion) tout en jouant d’un potentiel regard direct, peut-être même trop pour permettre une explosion de sensations. Cela se retrouve aussi dans la froideur apparente de l’hôtel où se déroule le plus gros de la narration, objet d’une perfection visuelle qui étouffe néanmoins, appelant à un besoin d’échapper à ce contrôle des plus contraignants.
La réalisatrice joue alors d’une autre forme de fuite dans son traitement du verbal. Ainsi, une des scènes les plus mémorables consiste en un échange sur la rencontre inaugurant le long-métrage, imposant un partage d’émotion qui crée une nouvelle forme d’intimité. Dans un hôtel monde en symbole d’un capitalisme déshumanisé au point de servir presque de rempart à la violence de la nature, c’est la nature grouillante de la ville et de sa réalité qui propose une nouvelle forme de désir. C’est de là que naît l’extase et finalement un retour de la chair, loin des murs de cet immeuble imposant son propre rythme à tous ses individus sous le masque de l’échappatoire exotique.
Copyright 2024 CHANTELOUVE – RECTANGLE PRODUCTIONS – GOODFELLAS – PATHÉ FILMS ® & Emmanuelle Estate Inc. – Manuel Moutier |
Que la froideur apparente de cette nouvelle version d’Emmanuelle ne vous trompe pas tant elle donne envie de réfléchir à ses regards de désirs, nourrie par la mise en scène appliquée d’Audrey Diwan. C’en est une œuvre où l’érotisme point par à-coups, interrogateur de notre propre regard de spectateur avec un appel au corps qui est non feint, cherchant à exister dans des structures annihilant tout aspect charnel. Sa conclusion résonne comme un véritable appel à l’orgasme, sans jugement mais tout en partage, ce qui rend évidemment ce long-métrage intéressant dans son propos.
Liam Debruel