[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #185. Southern Comfort
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#185. Sans Retour de Walter Hill (1981)
Il y a un frisson primaire dans le concept terrifiant - et pourtant loin d'être uniquement fictionnel - de la chasse à l'homme qui a fasciné plus d'un cinéphile, mais surtout plus d'un cinéaste, notamment de l'autre côté de l'Atlantique.
Et ils sont nombreux ce soit le monument Delivrance de John Boorman, The Most Dangerous Game d'Ernest B. Schoedsack aux plus " spectaculaires " The Running Man de Paul Michael Glaser - d'après un roman de Stephen King -, Predator de John McTiernan et Hard Target de John Woo (avec un JCVD à mulet), en passant par le plus politisé Punishment Park de Peter Watkins, fable politique bouillante sur une Amérique furieusement totalitaire qui s'en va entraîner ses forces spéciales pour liquider tout dissident au système, dans une sorte de chasse à l'homme biaisée où la récompense ultime - la liberté - n'est jamais acquise.
L'homme est un loup pour l'homme, on connaît l'air par coeur mais on ne se lasse jamais de la chanson (quand elle est bien chantée, évidemment), et encore plus quand elle trouble le Nord de notre boussole morale.
C'est clairement dans l'ombre de Delivrance, que s'inscrit le bouillant Southern Comfort aka Sans Retour, clairement le diamant noir de la riche filmographie de Walter Hill, petite bombe opressante façon extension brutale de son Guerriers de la nuit, qui quitte le cadre urbain de la Grosse Pomme pour se perdre dans les méandres tortueux et bou(s)eux d'une Louisiane rarement aussi inhospitalière.
Vissé sur un pitch savamment taillé à la serpe (des bidasses en mission armés de balles à blanc, titillent un peu trop les cajuns sur leurs territoires marécageux et, à la suite d'un évènement absurde, deviennent les cibles de la folie arbitraire locale), Hill transpose les maux du Viêtnam (même s'il a toujours affirmé l'inverse) dans une confrontation américano-américaine fiévreuse et paranoïaque au casting dément (feu Powers Boothe, feu Fred Ward, Keith Carradine, feu Brion James, feu Sonny Landham), replaçant le pays de l'oncle Sam face à ses propres contradictions, sa xénophobie, son militarisme exacerbé, son nihilisme et son rapport malade à l'autre.
D'une violence crue qui n'a d'égale que son atmosphère pesante et poisseuse, le film incarne un survival puissant et couillu qui tutoie même les sommets dans son dernier tiers sous tension.
C'était pas leur guerre, mais comme leur cousin John Rambo, personne n'a peu y échapper.
Jonathan Chevrier
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#185. Sans Retour de Walter Hill (1981)
Il y a un frisson primaire dans le concept terrifiant - et pourtant loin d'être uniquement fictionnel - de la chasse à l'homme qui a fasciné plus d'un cinéphile, mais surtout plus d'un cinéaste, notamment de l'autre côté de l'Atlantique.
Et ils sont nombreux ce soit le monument Delivrance de John Boorman, The Most Dangerous Game d'Ernest B. Schoedsack aux plus " spectaculaires " The Running Man de Paul Michael Glaser - d'après un roman de Stephen King -, Predator de John McTiernan et Hard Target de John Woo (avec un JCVD à mulet), en passant par le plus politisé Punishment Park de Peter Watkins, fable politique bouillante sur une Amérique furieusement totalitaire qui s'en va entraîner ses forces spéciales pour liquider tout dissident au système, dans une sorte de chasse à l'homme biaisée où la récompense ultime - la liberté - n'est jamais acquise.
L'homme est un loup pour l'homme, on connaît l'air par coeur mais on ne se lasse jamais de la chanson (quand elle est bien chantée, évidemment), et encore plus quand elle trouble le Nord de notre boussole morale.
© 1981 - 20th Century Fox / Cinema Group Ventures / Phoenix Films |
C'est clairement dans l'ombre de Delivrance, que s'inscrit le bouillant Southern Comfort aka Sans Retour, clairement le diamant noir de la riche filmographie de Walter Hill, petite bombe opressante façon extension brutale de son Guerriers de la nuit, qui quitte le cadre urbain de la Grosse Pomme pour se perdre dans les méandres tortueux et bou(s)eux d'une Louisiane rarement aussi inhospitalière.
Vissé sur un pitch savamment taillé à la serpe (des bidasses en mission armés de balles à blanc, titillent un peu trop les cajuns sur leurs territoires marécageux et, à la suite d'un évènement absurde, deviennent les cibles de la folie arbitraire locale), Hill transpose les maux du Viêtnam (même s'il a toujours affirmé l'inverse) dans une confrontation américano-américaine fiévreuse et paranoïaque au casting dément (feu Powers Boothe, feu Fred Ward, Keith Carradine, feu Brion James, feu Sonny Landham), replaçant le pays de l'oncle Sam face à ses propres contradictions, sa xénophobie, son militarisme exacerbé, son nihilisme et son rapport malade à l'autre.
D'une violence crue qui n'a d'égale que son atmosphère pesante et poisseuse, le film incarne un survival puissant et couillu qui tutoie même les sommets dans son dernier tiers sous tension.
C'était pas leur guerre, mais comme leur cousin John Rambo, personne n'a peu y échapper.
Jonathan Chevrier