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[CRITIQUE] : Rebel Moon : The Director's Cut


Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Sofia Boutella, Michiel Huisman, Charlie Hunnam, Ed Skrein, Djimon Hounsou, Doona Bae, Staz Nair, E. Duffy,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Aventure, Fantastique, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 3h21min - 2h50min.

Synopsis :
Une paisible colonie sur une lune lointaine est soudain menacée par les armées d'un tyran et place tous ses espoirs de survie entre les mains d'une mystérieuse inconnue.

***

Kora et son groupe de guerriers sont prêts à tout sacrifier pour se battre aux côtés du peuple de Veldt. Ils sont déterminés à défendre courageusement un village autrefois paisible, nouvelle patrie de ceux qui ont perdu les leurs dans la lutte contre le Monde-Mère. À la veille de la bataille, les guerriers se confrontent à la vérité de leur propre passé, chacun révélant les raisons de son ralliement à la cause. Alors que la force d'un royaume entier s'abat sur une rébellion émergente, des liens indestructibles se forgent, des héros sont révélés et des légendes naissent.




Critique :


Passé ses excès de machisme - plutôt divertissant - et de stylisme turbo-sépia du côté d'une Warner où son DCEU a lentement agonisé dans des salles jamais assez obscures, Zack Snyder s'en était aller voir si l'herbe était plus fraîche chez une firme au Tudum trop contente d'attirer un tel cinéaste populaire dans ses rangs.

Est né de cette union un - plus où moins - sympathique Army of the Dead et son prequel plus dispensable Army of Thieves, et donc le diptyque Rebel Moon, wannabe franchise tentaculaire à la Star Wars, qui semblait tellement transpirer l'hommage (comprendre : pillage) au jadis bébé de George Lucas, que s'en était limite indécent dès les premières secondes de sa première bande annonce.

Copyright Chris Strother/Netflix

Si, sur le papier, il y avait quelque chose d'enthousiasmant à l'idée d'assister à la naissance d'une nouvelle épopée SF audacieuse, à une heure où la saga Star Wars, sous la coupe d'un studio aux grandes oreilles l'usant jusqu'à la moelle, ne fait qu'enchaîner les déceptions - souvent - gênantes; à l'écran, la limonade était loin, très loin d'être la même, puisque cette nouvelle odyssée rutillante et bruyante nous renvoie, comme les aventures de Rey ou même Boba Fett (shame), dans les confins les plus reculés et sombres de la galaxie, où même la joie la plus masochiste qui soit (être catapulté dans le broyeur abrutissant du Snyderverse, mais sur un petit écran), peine à exister.

Laissé seul avec lui-même (réalisateur, co-scénariste ou encore directeur de la photographie... damn), le papa de Batman V Superman croquait avec Rebel Moon - Partie 1 : Enfant du feu, son film le plus brouillon et fastidieux à ce jour, un melting-pot des restes de la SF populaire de ses 50 dernières années passé dans une moulinette heavy metal désordonnée et adolescente; une fastidieuse balade galactique et sinistre qui n'était pas le cri rebelle et original espéré, mais un murmure familier et éculé qui refoulait bien l'ail.
Sa suite, Partie 2 : L'Entailleuse, trouvait le moyen de faire pire en incarnant rien de moins que deux films malades en un, sorte de Bataille des Cinq Armées sauce space opera à l'action aussi omniprésente qu'inerte, au climax douloureusement interminable : une heure bien tassée de bruits et de fureur, incarnation pire des tendances déviantes du papa de 300.

Copyright Clay Enos/Netflix

Qu'attendre alors d'un improbable director's cut, qui rajoute pas moins de deux heures au compteur à un diptyque déjà beaucoup trop long pour son bien ?
S'il n'avait pas forcément transformé le plomb en or avec sa version étendue Justice League, même s'il améliorait grandement le rendu final (passé le saccage de Joss Whedon, il ne pouvait pas rendre plus gênant un opus quasiment mort et enterré dès sa sortie), il trouve le moyen presque sadique de transformer ici le plomb en compost inutilisable, sommet de cinéma navrant qui, sous couvert d'une violence encore plus - numériquement - sanglante (et d'une sexualité un poil plus débridée, mais toujours aussi superficielle), pointe encore plus ridiculeusement les problèmes fondamentaux d'une entreprise de destruction massive déglinguée et emmerdante as hell.

Étendant inutilement son montage (le prologue est un poil différent et bien plus entraînant, même si le reste est encore plus riche en scènes d'expositions et en flashbacks...) de scènes anecdotiques qui n'améliore ni la caractérisation - déjà absente - de ses personnages (qui certes, existent un peu plus, mais à quoi bon), ni ne développe un chouïa plus la construction d'un univers peu inspiré (idem sur le terrain émotionnel ou mêle d'un point de vue thématique, rien de ces ajouts redondants, n'apportent quelque chose de consistant sur la table), Snyder laisse surtout encore un peu plus poindre la maladresse d'une mise en scène foutraque et sans saveur, qui se perd autant dans une brutalité primaire irritante (qui ne fait que surligner des SFX qui font partie des plus inconsistants et foireux de récentes mémoires, pour un blockbuster ricain), que dans un processus de citation/régurgitation gênant (plus que la franchise Star Wars et Les Sept Samouraïs, c'est aussi le récent diptyque Dune de Denis Villeneuve qu'il pille sans sourciller).

Copyright Clay Enos/Netflix

Plus que de remodeler ses films pour en offrir une version si ce n'est plus réfléchie (calmons-nous), au moins plus divertissante et moins écrasée par un cahier des charges turbo-débiles, Snyder en Peter Jackson du pauvre, prend la mauvaise décision de les rendre encore plus pachydermique et terne, de les déterrer de leur cercueil en colza plein de pisse pour mieux les enterrer encore plus profondément dans les limbes, à coups d'ajouts à la fois pesants et mineurs.

Vous n'avez pas aimé Enfant du feu et L'Entailleuse ?
Tant mieux, Snyder vous punit avec Le Calice de sang et La Malédiction du pardon, le tout sans une goutte de vaseline...


Jonathan Chevrier