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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Partie de campagne


Réalisateur : Jean Renoir
Avec : Sylvia Bataille, Georges DarnouxJacques Brunius, André Gabriello, André Gabriello, Jean Renoir,…
Distributeur : L'agence du court-métrage
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 0h40min

Date de sortie : 5 septembre 1946
Date de ressortie : 10 juillet 2024

Synopsis :
Par une torride journée d’été, la famille Dufour quitte Paris pour Bezons-sur-Seine. Monsieur Dufour accompagné de sa femme, sa belle-mère, sa fille et son commis s’arrête dans une charmante auberge en bord de Seine. Tandis que le déjeuner sur l’herbe est dressé, deux canotiers viennent à leur rencontre. La chaleur et le vin aidant, il est décidé que Madame Dufour et sa fille, Henriette, iraient faire une promenade en Yole sur les eaux du fleuve en compagnie des deux jeunes hommes. Lorsque les bateaux quittent la rive, le ciel se charge de gris et annonce l’orage à venir...




Critique :



Alors c'est tout con dit comme ça hein, mais c'est toujours important de le répéter, surtout pour les trois du fond qui n'écoutent pas et viennent emmerder tout le monde : non, il n'y a définitivement rien de mal à découvrir sur le tard des classiques du septième art, français comme international, tant la beauté diablement séduisante du cinéma réside justement dans le fait qu'il est un champ des découvertes constant.

Alors oui, quand bien même il est instinctivement considéré comme l'un des plus beaux films qui soit, pour l'auteur de ses mots, Partie de campagne de l'inestimable Jean Renoir avait tout d'une conquête absolue, une de ses séances pleine de promesses dont la genèse aura été le fruit de nombreuses - véridiques où non - légendes.
Adaptation du conte éponyme de Guy de Maupassant, cornaqué entre Le Crime de monsieur Lange, Les Bas-fonds  et La Grande Illusion mais in fine sorti dix ans plus tard, le treizième effort du cinéaste est un véritable le bijou de fraîcheur et de modernité condensée en un tout petit peu moins de quarante-cinq minutes.

SOLARIS DISTRIBUTION

Un incroyable portrait nostalgique et pictural d'une époque pleine d'espoir et renouant avec une certaine insouciance (l'avènement du Front populaire et ses fameux congés payés), sans pour autant en masquer un souffle tragique qui gronde tel un orage qui se fait sans cesse menacant avant d'éclater et de tout balayer sur son passage (l'horreur de la guerre et des régimes totalitaires, qui se retrouve modestement dans le mariage sans passion d'Henriette, hantée par son aventure fugace avec Henri), aussi bien qu'un véritable hommage d'un père à son fils (Jean à son père artiste, Pierre-Auguste), où le cinéaste pense chaque plan comme un tableau impressionniste qui joue avec la richesse des contrastes entre ombre et lumière, encapsulé dans une connexion éphémère et douce avec dame nature.

D'une précision technique troublante, le film l'est tout autant d'un point de vue narratif, avec un portrait savoureusement contemporain - et donc familier - et faussement léger de sa jolie galerie de personnages, outils mélancoliques et grotesques de cette mise en images tout en amertume de la quête chimérique du bonheur, symbolisé par l'amour entre Henri et Henriette, sincère mais noyée dans le récif douloureux du réel, de ses désillusions et de ses regrets.
Une merveille, rien de moins.


Jonathan Chevrier


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