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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Napoléon vu par Abel Gance partie 1 et 2


Réalisateur : Abel Gance
Avec : Albert DieudonnéVladimir RoudenkoEdmond van Daele, Alexandre Koubitzky,…
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Biopic, Historique, Guerre.
Nationalité : Français.
Durée : 3h57min - 3h27min.

Date de sortie : 7 avril 1927
Date de ressortie : 10 juillet 2024

Synopsis :
Ce film est présenté à Cannes Classics du Festival de Cannes 2024 et en fait l'ouverture.

L’épopée napoléonienne d’Abel Gance dans sa « Grande Version » inédite et définitive. Après 16 ans d’une aventure collective sans précédent dans l’histoire de La Cinémathèque française, le public est enfin invité à venir juger sur pièce un film que nul n’a jamais vu depuis 1927. Une reconstruction exemplaire menée par Georges Mourier, et dotée d'une partition inédite due au talent de Simon Cloquet-Lafollye, enregistrée par les musiciens des orchestres de Radio France.



Critique :



Tout cinéphile un minimum averti ne peut que reconnaître la chance/bénédiction incroyable qu'il nous est offert de pouvoir découvrir, dans une salle obscure, la reconstruction (il n'y a pas d'autre mot) et la restauration philologique d'un monument aussi incontestable que le Napoléon d'Abel Gance, maître avant-gardiste du cinéma muet, qui trouvait ici son œuvre la plus démesurément ambitieuse, passé le magnifique et naturaliste La Roue.

Œuvre maudite et incomprise de Gance, qui nous parvient dans la durée originelle conçue par son auteur (la "Grande version", et non ses multiples versions charcutées au fil du temps), un petit peu plus de sept heures et pas une de moins, fruit d'un travail de 16 ans de labpart de la Cinémathèque - et sur pas moins de 100km de bobines -, le film est de ces légendes dont tout le monde a entendu parler, mais que personne n'a véritablement vu (sauf les plus chanceux d'entre-nous, qui ont fait sévèrement chauffer la CB pour chiper une version en import), un monstre sur pellicule dont on ne demandait qu'il nous dévore par sa modernité, par sa puissance, par sa liberté de ton, par sa manière de crier le septième art sans la moindre parole.

© La Cinémathèque française/Pathé

À travers la figure du génie tacticien, dont il retrace la vie dans une sorte d'exaltation hagiographique allant des premiers grognements de la Révolution française à la campagne d'Italie (faute de budget, il ne pourra aller jusqu'au bout de sa destinée et ses dernières heures à Saint-Hélène), Gance concocte de multiples tableaux de maître pour mieux dessiner le visage d'un homme d'ambition et, en parallèle, d'une nation et de ses idéaux en pleine mutation, dans un écrin bouleversant et visuellement fabuleux, tout en séquences cathartiques et en nationalisme exacerbé.

Une élégie épique et lyrique d'une inventivité incessante (il invente ici la polyvision, technique coûteuse et révolutionnaire qui divise l'écran en trois, en utilisant un nombre égal de projecteurs simultanés, montrant trois actions simultanément) et d'un formalisme radical (cette bataille de Toulon absolument folle et éblouissante, toute en rouge sang, en boue et en pluie diluvienne), qui n'a d'égale que l'autre monument de l'époque que pouvait être Le Cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein.
Une résurrection miraculeuse et sidérante, pour une découverte absolument grandiose et à l'émerveillement constant.


Jonathan Chevrier



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