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[CRITIQUE] : Vice-Versa 2


Réalisatrice : Kelsey Mann
Acteurs : avec les voix françaises de Charlotte Le Bon, Jaynelia Coadou, Dorothée Pousséo, Mélanie Laurent, Pierre Niney, Gilles Lellouche, Marilou Berry; avec les voix américaines de Amy Poehler, Kensington Tallman, Maya Hawke, Liza Lapira, Phyllis Smith, Ayo Edebiri, Adèle Exarchopoulos, Paul Walter Hauser, Diane Lane, Kyle MacLachlan,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Comédie, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Fraichement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût - qui ont longtemps fonctionné avec succès - ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu'elle ne soit pas la seule...



Critique :



Le problème avec toutes les pépites made in Pixar, excepté une franchise Toy Story qui a toujours su brillamment ouvrir la porte à des suites, c'est que chaque film se suffit à lui-même, incarne une boucle narrative parfaitement close qui ne laisse pas ou peu de place à une déclinaison.

Pour Vice-Versa, qui jouait la carte d'un univers métaphorique et tout en émotions, pour mieux construire le passage vers la maturité et le deuil de l'enfance, d'une gamine devenant adolescente sous le poids d'une tristesse avec laquelle elle devait désormais apprendre à vivre, il n'y avait pas tant d'extension possible autre qu'annoncée par sa propre scène mid-générique : les affres de l'adolescence et de la puberté, et donc ainsi croquer un second coming of age movie, une redite structurelle facile devenue inévitable depuis le passage sous le pavillon Disney de la firme à la lampe.

Copyright 2023 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Et la campagne promotionnelle, aussi savamment menée fut-elle, annonçait un pari sensiblement risqué pour tromper cette idée de redite : l'introduction de nombreux nouveaux personnages, un concept à la fois accrocheur autant que susceptible de compliquer une équation déjà assez dense sur le papier, et encore plus avec l'absence de Pete Docter aux commandes.
Bonne nouvelle, quand bien même s'il n'atteint pas les sommets d'émotion, d'inventivité et de justesse de son illustre ainé, le film de Kelsey Mann s'en sort avec les honneurs dans sa manière de ne pas se perdre dans le sempiternel bigger and louder Hollywoodien, en s'attachant à nouveau de manière authentique et cathartique aux atermoiements de la jeune Riley Andersen, dans sa manière de prolonger la quête d'équilibre intérieure de sa jeune et bouillonnante héroïne en pleine quête identitaire, en pleine acceptation de sa complexité et de ses imperfections.

Alors certes, Vice-Versa 2 soulève exactement les mêmes questionnements que le premier film, et les aborde quasiment de la même manière (tous ces personnages émotionnels conduisent-ils réellement Riley, ou ne font-ils in fine que de répondre, refléter ses besoins, le chemin qu'elle se doit d'arpenter par elle-même, pour se construire ?), et sa métaphore n'est même pas plus élaborée que par le passé (le fait que les émotions ont beau être désordonnées, conflictuelles et contradictoires, elles incarnent néanmoins un tout dans la formation de sa propre identité/individualité).

Copyright 2023 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Mais l'empathie derrière la quête intérieure de Riley, et sa nécessité de décider ce qui est important pour elle et qu'elle veut être -  d'une façon saine et réfléchie -, se montre infiniment plus prégnante que pour Vice-Versa premier du nom, se rapprochant même dans le ton du magnifique Alerte Rouge! qui posait un regard symbolique, même si définitivement plus désopilant et bouleversant, sur l'expérience physique et émotionnelle d'être une adolescente.

Involontairement méta (comme le fait que Joie peine à accepter les nouvelles émotions, comme nous en tant que spectateurs, qui avons du mal à accepter l'idée même d'une suite; ou même toute la séquence dans le monde de l'imagination de Riley, qui caractérise non sans ironie, les méthodes de production de la firme aux grandes oreilles), tout autant qu'il rend les émotions toujours aussi réelles et douloureuses (son anxiété, son désir d'être aimé, sa culpabilité dans ses interactions avec ses amis, sa peur de l'avenir,...), à mesure que cette fois-ci, le monde intérieur de sa jeune héroïne se complique tout autant que son monde extérieur; Vice-Versa 2 se fait une douce et colorée variation de son ainé, dispensable certes, mais réellement pertinente et mâture.
Si Mann ne change pas de moule (si hier, Joie et Tristesse se bataillaient, cette fois c'est Joie et Anxiété qui s'affrontent - bien qu'elles n'apparaissent que rarement ensemble -, avant de réaliser qu'une personnalité ne peut pas être rétro-conçue), elle à au moins le ton de ne pas le briser, ni de traiter avec de gros sabots, du thème difficile de l'anxiété - pas uniquement adolescente.

Copyright 2023 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Dommage finalement que les nouvelles émotions, pourtant bien incarnées, ne soient pas aussi mémorables que les personnages principaux (au point qu'elles apparaissent toutes, sauf Anxiété, au second plan - même le traitement d'Ennui tourne, ironiquement, vite en rond), ni n'aient la même résonance émotionnelle qu'eux (en ce sens, même Bing Bong et sa poignée de scènes étaient plus bouleversants que tous les autres personnages).

Mais même avec ses bosses, cette suite avance avec une confiance assez rare pour un second opus made in Pixar, à tel point qu'on se plairait presque à l'idée de voir débouler dans un futur proche, un Vice-Versa 3 : High School Stories.
On a dit presque...


Jonathan Chevrier


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