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[CRITIQUE] : Hors du Temps


Réalisateur : Olivier Assayas
Acteurs : Vincent Macaigne, Micha Lescot, Nora Hamzawi, Nine d'Urso, Maud Wyler,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Paul, réalisateur, et son frère Etienne, journaliste musical, sont confinés à la campagne dans la maison où ils ont grandi. Avec eux, Morgane et Carole, leurs nouvelles compagnes. Chaque pièce, chaque objet, les arbres du jardin, les sentiers parcourant les sous-bois leur rappellent les souvenirs de leur enfance, et leurs fantômes.



Critique :



Il y a quelque chose de doucement - et involontairement - ironique dans l'opposition entre l'impression de stagnation, réelle, que laisse le pendant cinématographique (mais pas que) d'Olivier Assayas, et le fait qu'il choisisse comme sujet plus ou moins direct le confinement dû à la pandémie du Covid-19; une stagnation forcée, une privation de liberté contemporaine dont les séquelles restent encore vivaces (à tous les niveaux, économique comme intime et politique), même quatre ans après.

Copyright Carole Bethuel

Point d'opportunisme total cela dit, tant Hors du Temps incarne sans le moindre doute l'œuvre la plus personnelle de son auteur, où l'aspect férocement flou face à une attaque directe à notre liberté de mouvement, de vivre, sert de terreau fertile au cinéaste autant pour tricoter une réflexion sur notre dépendance aux nouvelles technologies (moins intime et emprunt de solitude que pour Personal Shopper), et la réaction consumériste qui va avec, que pour regarder dans le rétroviseur de sa propre existence, dans une fictionnalisation de son propre confinement, de son propre voyage dans ses souvenirs d'enfance

Ou quand le vide suspendu de l'intérieur - comme de l'extérieur -, sert de pont entre la nostalgie du passé et le présent, entre la modernité et les fantômes d'hier... comme pour Personal Shopper, bien que L'heure d'été ne soit jamais loin non plus de cette équation.
Du pathétique des souvenirs et des racines familiales, à l'absurdité du quotidien et de ses petites scènes de ménages (où Vincent Macaigne, parfait, devient son alter ego le plus définitif), dont il en fait presque une bulle burlesque et désenchantée (et pas dénuée de paranoïa non plus), le cinéaste tente de tisser une sorte de témoignage doux-amer sur la mélancolie du temps qui passe, tout autant que sur le ridicule d'une époque pas si lointaine où la proximité forcée, la connexion aux autres et même à soi, étaient essentielles.

Copyright Carole Bethuel

Pas dénué de bonnes intentions donc, le film n'en est pas moins exempt de grosses maladresses, d'un petit esprit de privilégié plus ou moins prononcé, à un sexisme sensiblement décomplexé, en passant par une autodérision pas toujours finaude, iu même une bande originale " juke-box " censé susciter des émotions que l'écriture elle-même, tout comme la voix-off, est incapable de faire.
N'est pas Rohmer qui veut donc, quand bien même cette balade dans la maison des souvenirs d'Assayas, réussit à être parfois joliment réconfortante.


Jonathan Chevrier


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