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[FUCKING SERIES] : Ripley : The Talented Mr. Scott


(Critique - avec spoilers - de la mini-série)


Notre amour de plus en plus grandissant pour Andrew Scott nous ferait presque avaler toutes les couleuvres, même celle d'une nouvelle adaptation, télévisée cette fois, du monument The Talented Mr. Ripley de Patricia Highsmith, qui ne prend définitivement pas autant de libertés que sa dernière itération cinématographique en date, celle de feu Anthony Minghella.

Copyright Netflix

Mais Ripley, chapeauté par Steven " The Night Of est un chef-d'œuvre absolu " Zaillian, a pour lui le temps - huit épisodes - mais aussi et surtout le terrain de jeu beaucoup plus expansif, pour venir taquiner les recoins sombres du materiau d'origine, que ne pouvait l'avoir le film porté par le trio Matt Damon/Jude Law/Gwyneth Paltrow.
Un mal pour un bien sur de nombreux points, moins sur d'autres, tant si le show capture le ton sensiblement misanthrope et austère (jusque dans son choix du noir et blanc, avec le génial Robert Elswit à la photo) du roman, il est aussi et surtout, malheureusement, porté par une mise en scène sans panache - tout comme son jeu d'acteurs en demi-teinte -, là où les contours mélodramatiques de son plus proche objet de comparaison, faisait - et fait toujours - des ravages.

Pour les néophytes, l'histoire suit toujours les atermoiements criminels de Tom Ripley, escroc notoire mais intelligent gravitant dans les rues de la Grosse Pomme, qui voit dans la proposition du riche constructeur naval Herbert Greenleaf (persuader son fils Dickie, qu'il connaît vaguement, d'arrêter de dépenser l'argent familial en Italie, et de retourner bosser pour l'entreprise familiale), une occasion de vivre une autre vie ailleurs et sous le soleil.
Une fois débarqué en Italie, il va développer une obsession dangereuse pour le riche golden boy à l'existence dissolue et privilégiée, au point de commettre l'irréparable, et de continuer à lentement s'enfoncer dans le mensonge.

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Dominé de la tête et des épaules par Scott, né pour ce rôle de sociopathe métamorphe à la fois férocement charmant et moralement vide et glacial, lui dont le jeu aussi bien viscéral que savamment distancé colle à merveille avec un personnage dont l'opportunisme sans bornes et le don de manipulation, ne visent qu'à stimuler une vie intérieure morne; Ripley décontenance néanmoins, justement, par cette même présence de Scott.
Une impression paradoxale dans le sens où si adapter ce roman des cinq aventures littéraires de Tom Ripley, est une entreprise logique puisqu'elle est son aventure la plus populaire, la logique elle-même s'effondre si on y plaque un comédien aussi sophistiqué et âgé (même s'il ne fait pas totalement ses 47 printemps, le contraste avec ses camarades de jeu est réel), alors que le personnage est censé être dans la vingtaine, déroute là où Ripley's Game ou Ripley Under Ground, avec un escroc plus mâture et affirmé, aurait sans doute donné un écrin plus fort et inédit à son personnage.

Mais ce décalage n'est définitivement pas le seul talon d'Achille d'une mini-série au rythme lancinant ou seul Scott justement, semble donner du corps et de l'envie à son interprétation, à tel point qu'au-delà de la différence physique, c'est l'alchimie entre lui et les autres personnages, qui entache la crédibilité de cette nouvelle adaptation.
Même la mise en scène elle-même, presque fantomatique pendant une bonne moitié des épisodes et pourtant embaumée dans un noir et blanc élégant, manque d'imagination, ne dépassant jamais le stade de la carte postale monochrome aussi figée que froidement calculée.

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Et c'est là où la comparaison avec son plus récent aîné, le film de Minghella, fait le plus mal tant l'urgence de sa mise en scène, couplée à un cadre furieusement glamour et au charisme carnassier de son tandem Jude Law/Matt Damon (qui trouvait là, sans doute, le rôle plus complet et exigeant de toute sa carrière), rendait son mélodrame psychologique à la fois merveilleusement captivant et palpitant - moins il est vrai lorsque Dickie/Law sort de l'équation.

C'est plutôt dès cet instant clé, avec l'arrivée à Rome de Ripley, qui assumera à partir de là l'identité de Dickie, que la série trouve elle son bon ton et un humour noir salvateur, dans la manière à la fois sinistre et comique qu'à l'escroc de surfer entre les mailles du filet, mais aussi dans la manière qu'à le show à creuser plus profondément dans les subtilités et les contradictions de son insaisissable sujet.
Trop tard pour en faire un must-see télévisé, mais suffisant certes pour en faire une série qui a plusieurs coudées d'avance, sur une bonne frange du catalogue de la firme au Toudoum.
C'est déjà pas si mal.


Jonathan Chevrier


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