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[CRITIQUE] : Black Flies



Réalisateur : Jean-Stéphane Sauvaire
Acteurs : Sean Penn, Tye Sheridan, Michael Pitt, Raquel Nave, Mike Tyson,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
Ollie Cross, jeune ambulancier de New York, fait équipe avec Gene Rutkovsky, un urgentiste expérimenté. Confronté à la violente réalité de leurs quotidiens, il découvre les risques d'un métier qui chaque jour ébranle ses certitudes et ne lui laisse aucun répit.



Critique :



Au fond, il n'aurait pas été si déconnant de voir débarquer face caméra le Frank Pierce de Nicolas Cage, protagoniste halluciné et hallucinant du monument A Tombeau ouvert de Martin Scorsese, à la vision du Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire, comme s'il s'était réveiller d'un sommeil de ving-cinq ans dans les bras de Mary, en âme tourmentée et transformée dans et par un monde qui n'est lui-même plus le même, moins humain et, encore plus, tout en douleur - pire encore que dans l'Amérique post-9/11.

Copyright Metropolitan FilmExport

Parce que c'est d'une évidence folle de comparer le chef d'œuvre du tandem Martin Scorsese/Paul Schrader au troisième long-métrage du cinéaste français, qui s'inscrit dans son ombre (avec une révérence marquée à Terrence Malick également), tant ils swinguent tous les deux sur un jazz surréaliste fait de culpabilité, de courses hallucinées dans l'obscurité (de la ville, des âmes, du monde) et de mort implacable, qui sonde les traumatismes d'une Grosse Pomme furieusement cinématographique dans la douleur.

Une comparaison inévitable, même si le film de Sauvaire s'appuie sur le roman Black Bodies de Shannon Burke, et sur son expérience dans la crudité du réel en tant qu'ambulancier à New-York; mais qui devient totalement caduque à travers les prestations de ses comédiens, notamment celle d'un Sean Penn lessivé et à l'expressivité absente (le rôle était un temps pensé pour Mel Gibson).
Mais la substantifique moelle Schradienne coule dans les veines de Black Flies, sans cette volonté - là encore très Malickienne - d'apposer un authentique et christique dilemme moral au cœur d'une question existentiel : est-il réellement possible de faire le bien en enfer, là où seul le mal persiste ?

Copyright Metropolitan FilmExport

Face à ce que l'humanité a de plus démunis voire de plus violent, deux ambulanciers, armés par cette volonté d'être bons, sont constamment confrontés à la nature même du dilemme de devoir aider/sauver une vie, alors qu'elle semble elle-même s'auto-détruire dans un monde qui creuse de plus en plus les marges; alors qu'elle semble elle-même se condamner aux flammes éternelles de l'enfer.

Un questionnement fort donc, que Sauvaire plaque avec intelligence sur l'apprentissage autant du métier que de la dureté de la vie d'un môme aux bonnes intentions évidentes, même s'il a le mauvais ton de perdre toute notion d'ambiguïté par delà même ce prisme innocent (auquel il vient juxtaposer une romance certes salvatrice, mais trop singulière et taillée à la serpe pour son bien), voire même de se laisser aller à un enchaînement de séquences peut-être un poil excessives parfois, dans leur représentation cruelle de l'obscurité de l'humanité.
Peut-être aussi parce qu'au delà - et encore - du personnage de Ollie (un solide Tye Sheridan), le film n'a aucun personnage bien caractérisés ni définit, suivant deux héros sommaires face à une galerie de « cas humains » qui sont destinés à le rester.

Copyright Metropolitan FilmExport

Mais pourtant, impossible de ne pas intimement se laisser porter par cette plongée furieuse au cœur d'un Downton abandonné et déchirant, ou la caméra sûre du cinéaste épouse un montage serré qui ne fait qu'accentuer la flamboyance hystérique d'un drame douloureusement réel, ou le récit oscille entre les rythmes telle une ambulance qui menace continuellement de se crasher, dans sa mise en images de la violence quotidienne d'une grosse métropole, et de son rapport aussi quotidien que tragique à la mort.


Jonathan Chevrier


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