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[ENTRETIEN] : Entretiens avec Wannes Destoop et Daphne Agten (Holy Rosita)

© Kris Dewitte / De Wereldvrede

Pour son premier long-métrage, Holy Rosita, Wannes Destoop se lance dans une quête de maternité avec une envie de poésie réaliste qui convient bien au regard de son personnage-titre. Nous avons pu discuter avec lui de ses intentions sur ce très joli film ainsi qu'avec son actrice principale, Daphne Agten.

Cela m’est resté longtemps en tête parce que pour moi, la grande question du film est de savoir si la société peut décider qu’une femme soit capable ou non d’être mère. - Wannes Destoop

D’où est venue l’idée du film ?

Wannes Destoop : Pendant mes études de cinéma, j’ai rencontré une femme avec les mêmes questions qu’a Rosita par rapport à ses envies d’être mère. Cela m’est resté longtemps en tête parce que pour moi, la grande question du film est de savoir si la société peut décider qu’une femme soit capable ou non d’être mère. C’était une question qui était coincée dans mon esprit et que je voulais vraiment aborder car je pense qu’on vit dans une société qui décide ce qui relève de la normalité et je pense que c’est bien plus complexe que ça. Qu’est-ce qui est normal ? Qui est normal ? Êtes-vous normal ? Suis-je normal ? Qui peut décider de cela ? C’était donc important pour moi d’interroger ça dans l’histoire de mon film, aussi bien durant l’écriture que le tournage.

C’est intéressant car le film montre comment certaines personnes la rejettent dans cette quête de maternité alors qu’elle-même voit en cela un but lumineux. Comment avez-vous abordé ces thématiques durant l’écriture ?

C’était important de montrer les deux aspects du récit. Magda est sa mère de substitution et je la voulais comme un miroir de la société qui a son opinion fixe sur le sujet, trouvant que cela n’est pas malin ou bien de devenir mère au vu de la situation de Rosita. Je voulais aussi montrer l’autre côté avec Sabrina et toute sa famille qui ne la jugent pas et la soutiennent même. Pour moi, il fallait donc montrer ces deux aspects, notamment pour Magda qui a un regard plus jugeant avec ses propres insécurités qui nourrissent son opinion. Je crois que sa réflexion vient de cela car elle n’a pas su devenir mère elle-même alors qu’elle le désirait. Dans son point de vue, si Rosita devient maman, Magda se retrouve à l’être également en tant que grand-mère.  Pour elle, c’est aussi sa première fois donc il était essentiel de construire avec toutes ces couches les opinions que doit gérer Rosita.

Quelles ont été les discussions sur la scène inaugurant le film ?

C’était important pour moi, notamment dans cette première scène qui est très vulnérable, de montrer le contraste que cela crée par rapport aux deux rapports sexuels entre Rosita et le serveur du restaurant chinois. Il y a dans ce début une envie de poésie, de chaleur et de tendresse, en contraste avec la seconde rencontre qui est très brutale. J’ai eu beaucoup de conversations avec Daphné, qui joue Rosita, sur l’approche de cette scène. Je voulais vraiment qu’il y ait quelque chose de beau. Ce n’est pas une séquence qui doit choquer le réalisateur. Il était important à mes yeux de montrer la beauté de ce moment, du corps de Rosita, le contraste avec le serveur qui est très mince et petit. Nous avons beaucoup discuté de cela et, pour Daphné, c’était bien aussi de tourner cette scène car c’était sa première scène. Cela a donc été poétique et vulnérable plutôt que de tomber dans une scène de sexe plus violente. Je pense donc qu’il y a un lien très fort qui s’est créé entre Daphné et moi car on a beaucoup discuté, on s’est beaucoup vus et j’ai passé un an à faire le casting donc on s’est rencontrés 4, 5 fois avant de prendre la décision qu’elle devait jouer Rosita. En ce sens, nous savions parfaitement ce que cela devait être même s’il y avait quand même beaucoup de recherches durant le tournage pour trouver les bonnes nuances. Je pense en tout cas que le lien que nous avons développé se retrouve dans le film.m0

© Kris Dewitte / De Wereldvrede

Je le pense aussi ! Elle est merveilleuse dans le film.

Je crois que j’ai vu le film complet 4 ou 5 fois et à force de le regarder autant, on finit par voir les choses qui ne fonctionnent pas ou auraient pu être meilleurse. Mais je continue de tomber amoureux du personnage de Rosita et de la façon dont Daphné joue ce personnage avec autant de vulnérabilité et d’authenticité. Oui, c’est la meilleure ! (rires)

La gestion de votre décor souligne l’aspect quotidien mais propose aussi un aspect merveilleux, avec la présence de la mer.

C’était très important que l’un des lieux les plus importants soit le building où elle vit. J’ai vu un grand nombre de films aux thématiques assez proches et où les décors sont dépeints dans un aspect grisâtre et je voulais vraiment approcher cela d’une manière différente. Donc, pour moi, cela devait être très coloré et joyeux. Il était important de ne pas tout montrer dans un côté très gris et dépressif mais plutôt de proposer une variété de couleurs et d’étincelles. Il était alors important de ne pas choisir de décors pouvant rappeler du drame social britannique. Pour ajouter quelque chose en plus, je n’aime pas le terme « marginalité » car c’est un mot très laid mais les personnes qui sont sur les côtés de notre société sont dépeintes comme très marginales, avec des boites à pizza vides, des cannettes de Red Bull qui trainent, etc. J’ai refusé de faire cela. Toutes les personnes qui se trouvent en marge de la société ne vivent pas dans ces conditions. Il était donc essentiel pour moi de montrer la beauté de la société dans laquelle Rosita vit.

C’est votre premier long-métrage. Quelles ont été vos craintes et comment votre expérience à la télévision vous a été utile dans la création du film ?

Déjà, on sait que c’est pour le grand écran (rires). L’approche n’a pas été si différente de ce que j’ai fait pour la télévision. La seule chose est que, lorsqu’on tourne pour un film, on a plus de temps pour réaliser et trouver comment les scènes fonctionnent, se donner la possibilité de les modifier pour que cela s’oriente différemment. Ma seule approche était qu’on a nos acteurs, nos décors et nos scènes, donc comment rendre cela intéressant d’une façon qui rend la séquence crédible et authentique tout en conservant une poésie cinématographique ? Je pense, d’une façon, que la lumière est aussi poétique et réaliste et je voulais que l’on ne perde jamais le sentiment d’authenticité dans les séquences et dans la société dépeinte. Il fallait rendre cela le plus réel possible. Est-ce que c’est une bonne réponse pour vous ? (rires)

***

Au centre de la réussite du film belge Holy Rosita, l'actrice Daphne Agten nous a raconté son trajet émotionnel durant la préparation du long-métrage.

Comment êtes-vous arrivée sur le projet ?

Daphne Atgen : Il y avait un casting ouvert avec une annonce de recherche pour une comédienne. J’ai juste répondu. Ce qui est étrange, c’est qu’en y repensant, je me suis dit que c’était bizarre qu’ils m’aient sélectionnée parce que j’avais eu une mauvaise journée et dans la vidéo, j’ai été infecte ! (rires) Ils ont su voir à travers tout ça donc ils m’ont invitée pour une première séance de casting en présentiel. Ce que j’ai énormément apprécié tout de suite, c’est qu’on avait une heure par personne. On n’était pas dans le casting à l’américaine où tu dis ta phrase puis tu te barres. On a pris le temps de développer une scène, de faire des essais, … Dès le début, j’avais un très bon feeling. Je me disais qu’il y avait peu de chances que j’obtienne le rôle mais, au moins, ça s’était passé dans le respect et la bienveillance. J’ai pu passer au casting suivant. Je ne sais pas ce que Wannes a dit mais je crois qu’il y avait 5 phases d’audition et on était en plein Covid donc ça a pris pas mal de temps. Il y avait 2, 3 mois avant chaque audition donc je pensais à chaque fois que c’était mort, je me disais que ce n’était rien et je commençais à faire le deuil car c’est un projet que j’ai trouvé directement passionnant et fait avec respect. J’y tenais et en même temps, je faisais le deuil, j’en parlais aux gens qui me répondaient que ce n’était pas grave, que j’allais trouver quelque chose de mieux, … Et on m’appelait ensuite pour me demander de revenir ! (rires) C’était un peu des montagnes russes ! Au moment où il n’y avait plus que deux candidates, on a passé la journée entière à filmer et Wannes m’a appelée. Je pense qu’il a voulu faire une blague car il m’a demandé si j’acceptais de me laisser pousser la frange. Dans ma tête, je me disais « mais qu’est-ce qu’il me veut ? » (rires) Je lui ai alors demandé pourquoi il m’appelait et il m’a répondu que j’avais le rôle. J’étais en larmes. Plus j’allais dans le processus, plus je voulais le rôle. C’était comme si je connaissais le personnage, je voulais la protéger ! Donc ouais, j’ai été super heureuse de décrocher le rôle à la fin, même si les personnes qui étaient dans les trois dernières phases étaient des comédiennes super douées qui l’auraient fait tout aussi bien !

Quelle a été l’approche durant la construction du personnage, en dehors de la frange ?

(rires) La frange, c’était le point important ! Ce qui était génial avec le processus, c’est qu’il était long. Au moment où ça se passait, je trouvais ça super chiant. Désolé pour les gros mots mais je trouvais que ça durait longtemps. À la fin, il s’est avéré que c’était vraiment utile car, du coup, les castings duraient plusieurs heures et on prenait le temps d’analyser le texte, de le lire et de discuter dessus. J’ai commencé à connaître le personnage et l’histoire et, entre le moment où j’ai décroché le rôle et le début du tournage, j’ai passé pas mal de moments avec Wannes. On a été au restaurant ensemble plusieurs fois, juste pour parler et discuter de ce qu’elle ferait dans certaines situations, même si le scénario était déjà fini. Cela a apporté quelques petits changements car on voulait être sûrs que ce soit naturel, pas tellement pour moi ou pour lui mais pour le personnage. C’était comme si elle était une vraie personne. J’ai eu des moments, comme lors d’un essayage de costumes, où j’étais émotive car je me disais que Rosita ne ferait pas telle chose ou ne porterait pas ça. On commençait à être familier sur qui était cette personne donc la préparation tournait vraiment autour de cette réflexion sur ce qui sonne juste pour nous. Puis, il y a des trucs très pratiques aussi. Je ne sais pas si c’est évident pour les francophones mais je viens du Limbourg et je joue quelqu’un qui vient d’un tout autre côté du pays. J’ai donc dû m’entraîner pour gérer cette différence d’accent. Elle a aussi un langage qui est à elle, assez particulier, avec des tournures bizarres. J’ai trouvé ça fascinant car je travaillais avant dans la linguistique. C’était écrit mais comment je peux retranscrire cette tournure bizarre dans une improvisation ? Est-ce que je suis capable de moi-même créer des bouts de phrases qui étaient propres à Rosita ? J’ai trouvé cela hyper important. C’est vraiment un exemple où tout a été créé ensemble car le costume me faisait bouger d’une autre manière, le visage, l’accent de l’ouest, les lèvres sont plus à l’intérieur de la bouche, … Il y a des choix comme ça qui ne sont pas très conscients mais ce sont des choses que j’applique au théâtre, une chose entraîne l’autre. Si je marche d’une façon différente, cela va changer la façon dont mon corps est axé et donc ma manière de parler, etc. Je ne me suis jamais sentie seule dans le processus. Ce n’était pas comme si j’arrivais le premier jour du tournage et que c’était la première fois que je m’occupais du tournage. Tout le monde était dedans, commençait à se connaître et, ce qui était beaucoup plus rassurant, c’est que des actrices avec plus d’expériences à l’écran, comme Mieke De Groote, ont été super honnêtes quand c’était dur pour elles. C’est super facile de dire « Je suis une grande dame, tout va super bien, rien n’est difficile ». Cela a été hyper rassurant de voir quand j’avais des doutes que des personnes plus expérimentées en avaient aussi. Wannes a aussi été très honnête là-dessus. Cela donne une impression de faire ce film ensemble, ce qui a été très important pour moi.

Wannes parlait justement de cette importance de créer ce sentiment de confiance, notamment pour les scènes plus vulnérables. Est-ce qu’il n’y avait pas quand même quelques appréhensions au départ avec ces séquences ?

Justement, non. Toutes ces préparations qu’on a eues ont également créé une confiance qui va plus loin que les scènes. J’étais convaincue que Wannes allait les montrer avec un œil qui était juste. Beaucoup de craintes qui sont liées aux scènes de sexe et nudité, c’est que, en tant que comédienne, tu dois donner le pouvoir à quelqu’un d’autre. Je peux jouer mais si tu décides de zoomer à un certain moment, je n’en sais rien, je ne peux pas le contrôler. Je ne fais pas le montage. Cette confiance était entière, je ne me suis pas posé la question une seule seconde. Là aussi, il y avait une préparation poussée dans le sens où, de plus en plus souvent, on parle des coachs en intimité. Je trouve ça génial car, ce qui arrive parfois, c’est qu’en lisant le scénario, on arrive à un moment où il est juste écrit « Ils font l’amour langoureusement » et c’est tout. Cela devient hyper personnel à jouer. Il faut alors que cette partie-là soit aussi écrite, que ça devienne une chorégraphie et ça l’a été avec ce film. On a été très clairs sur ce qui était voulu, sur ce qui était accepté et je pense que l’équipe a aussi tout dédramatisé. Je pense que les gens croient bien faire en se couvrant les yeux ou en se cachant car quelqu’un est nu mais c’est pire parfois. On se demande si c’est nous qui mettons les gens mal à l’aise. Comme tout le monde était super relax et qu’il n’y avait que les gens qui devaient être là en prenant le temps, ça a été hyper naturel. Je crois que c’était clair pour tout le monde que l’aspect physique et sensuel – dans les deux sens, sensualité comme sexualité mais aussi comme sensoriel – fait partie d’elle qu’on ne peut pas nier. Ce serait facile de se dire que, vu que le film parle de maternité et d’enfant, il faut cacher le sexe. Elle est hyper tactile avec ses amis comme avec ses amants et ses clients. Même en revoyant le film maintenant, je trouve ces scènes essentielles, même si elle ne sont pas très longues. Il y en a une au début car ça montre comment elle est. Elle est hyper généreuse, donne des cadeaux, mais cette générosité passe aussi par ce toucher. Pour moi, c’était une clé pour la comprendre. C’est différent de le dire ou de l’évoquer que de le montrer en lui donnant le temps, en la montrant et en la faisant exister.

© Kris Dewitte / De Wereldvrede

C’est effectivement pertinent de commencer dessus car elle a ses décisions alors que le personnage de Magda va justement essayer de la surprotéger. Il y a ce rapport à la maternité qui nourrit le film où il faut protéger…

Et laisser vivre un peu.

Comment ces thématiques t’ont touché personnellement ?

Je pense que c’est plus de l’autonomie mais on m’a dit autodétermination. C’est tellement essentiel mais tellement difficile à appliquer. Quand on a l’impression de mieux savoir que l’autre, on veut le protéger évidemment donc on se retrouve à dire qu’il ne faut pas faire ça. Parfois, quand quelqu’un veut courir sur l’autoroute, il faut lui dire que ce n’est peut-être pas une bonne idée (rires). On a tendance, si on juge que les personnes sont différentes de nous, à s’accorder le droit de prendre des décisions pour elles. Je pense que le jugement est vachement lié à ce sens de supériorité qu’ils ne sentent pas nécessairement. Il y a quand même une idée de se placer au-dessus et de dire ce qui est mieux pour les autres en voulant prendre les décisions pour eux. J’essaie encore plus depuis le tournage du film de ne pas dire qu’une idée est absolument mauvaise ou que je sais mieux ce qu’il faut faire. Je pense que le sexe est lié à ça par exemple. On infantilise très facilement les personnes qui ne sont pas comme nous et c’est l’une des raisons pour lesquelles les scènes de sexe sont aussi importantes car on a du mal à imaginer d’autres personnes avoir des relations sexuelles ou qu’elle a une vie intérieure. À partir du moment où on parvient à accepter que des personnes qu’on juge facilement ont cette vie intérieure aussi complexe que la nôtre, on ne peut plus les contrôler et jouer les boss. C’est hyper complexe comme matière car c’est très poétique aussi mais c’est très important car je n’ai moi-même pas le souhait d’avoir des enfants tout en reconnaissant cela dans mes parents ou d’autres personnes, l’envie de prendre des décisions à la place d’autres personnes. J’ai eu de très belles conversations autour du film car il y a des gens qui sont sur le même plan politique que moi mais qui trouvent que Rosita ne devrait pas avoir d’enfant et cela me fascine. C’est un sujet qui est souvent abordé dans des textes d’analyses d’art mais pas souvent dans la fiction donc je trouve ça très bien que, spoiler, les deux choses peuvent exister en même temps. On peut se dire que cela ne sera pas facile, que les enfants des voisins risquent de donner une cigarette au gosse (rires) mais est-ce que, pour autant, juste parce que ça va être compliqué, on doit enlever le droit à cette personne d’avoir un enfant ? Moi, je trouve que non, d’autres trouvent que ça complique tout. C’est le débat que Wannes voulait avoir et j’ai l’impression qu’il va y avoir cette conversation.

C’est un premier long-métrage. On a de plus en plus de nouveaux réalisateurs et nouvelles réalisatrices dans le pays, notamment du côté francophone. Comment vois-tu cette émergence de nouvelles voix dans le cinéma belge ?

Je ne suis pas assez pointue en cinéma wallon, ce que je trouve être un problème auquel je vais essayer de remédier. Faire financer un film est un parcours du combattant, il ne faut pas se le cacher, mais j’ai l’impression qu’il y a une volonté de ne plus toujours entendre les mêmes voix. C’est très cliché mais on a souvent des hommes d’un certain âge blancs, qui font de très bons films. Je pense qu’on a besoin, car on a l’habitude avec les médias sociaux de voir des voix différentes, donc on les veut dans des médias qui coûtent très cher. Je me dis qu’il fut un temps où on pouvait compter les réalisateurs belges sur deux mains. Je trouve ça chouette aussi que les personnes plus installées donnent une voix à cette génération. J’ai l’idée dans la tête qu’un Bouli Lanners jouera aussi dans des films de réalisateurs moins connus, plus expérimentaux, et ça aide d’avoir derrière toi un nom qu’on connaît déjà. Pour Wannes, on en parlait justement, ce qui est très étrange, c’est qu’il y avait une séparation assez forte entre films et télévision il n’y a pas si longtemps. La télévision était de la merde alors que le cinéma était l’art. Et puis, il y a peut-être 20 ans, notamment avec les Sopranos, ça a commencé à vachement changer. Ça restait quand même par un début de carrière au cinéma avant de se tourner vers la télévision. Je ne sais pas comment c’est en Wallonie mais en Flandres, on a beaucoup de réalisateurs qui commencent par la télévision pour ensuite faire des films. Du côté du financement, je pense que les institutions sont contentes d’avoir une preuve que les gens derrière la caméra savent filmer. Wannes l’a fait, Giles Coulier, le patron de la maison de production qui a fait ce film-là, l’a fait aussi. Faire une série télévisée n’est pas évident et je crois que ça donne une professionnalité et une éthique du travail. C’est tellement dur en prenant du temps que cela devient limite relax -j’exagère- de faire un film. Tu connais les codes. Ce n’est plus le cas où tu arrives à 19 ans et tu fais Duel. Les choses sont différentes. Cela fait plaisir en faisant des films étudiants de voir une équipe composée que de jeunes femmes car je crois qu’il y a 30 ans, il n’y avait pas assez de place pour ça. Les noms qui sont devenus « les vieux » ont montré que c’était possible et que ça a vachement bien évolué.


Entretiens réalisés par Liam Debruel.

Merci à Heidi Vermander et Cinéart pour cet entretien.