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[CRITIQUE] : Green Border


Réalisatrice : Agnieszka Holland
Acteur : Jalal AltawilMaja Ostaszewska, Behi Djanati AtaïMohamad Al Rashi,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Polonais, Français, Tchèque.
Durée : 2h32min

Synopsis :
Ayant fui la guerre, une famille syrienne entreprend un éprouvant périple pour rejoindre la Suède. A la frontière entre le Belarus et la Pologne, synonyme d'entrée dans l'Europe, ils se retrouvent embourbés avec des dizaines d'autres familles, dans une zone marécageuse, à la merci de militaires aux méthodes violentes. Ils réalisent peu à peu qu'ils sont les otages malgré eux d'une situation qui les dépasse, où chacun - garde-frontières, activistes humanitaires, population locale - tente de jouer sa partition...



Critique :


Contrairement à ce qui peut être répété ça et là par certaines personnes, l’art a toujours été et restera à jamais politique, aussi bien dans sa conception que dans sa portée. Même une œuvre qui cherche à ne pas l’être le devient par son apolitisme de forme, tout en pouvant mener à diverses analyses sur son fond, intentionnel ou non. Il est donc toujours surprenant de voir des noms en dehors des milieux artistiques reprocher le message d’un titre comme si toute action du quotidien n’avait pas en son fond une direction idéologique ou émotionnelle. Voir les reproches adressés à Green Border démontre alors l’aveuglement que l’on peut avoir sur certains sujets et leur approche artistique.

Copyright Agata Kubis / Piffl Medien

Agnieszka Holland s’attaque ainsi à la déshumanisation des personnes réfugiées à la frontière entre le Belarus et la Pologne. Pour cela, le long-métrage alterne entre plusieurs points de vue pour mieux appréhender la problématique de fond tout en disposant d’un centre émotionnel en la personne d’une famille syrienne en route pour rejoindre un de leurs proches. En entamant le film de leur point de vue, Green Border installe d’abord une fausse sensation de confort : celle d’un noyau familial dans un avion, l’idée même que peuvent avoir certains spectateurs du périple qu’ils vivent.

Pourtant, la réalité se révèle assez rapidement et l’aspect aride du film se dévoile avec une dureté particulièrement douloureuse. La proximité émotionnelle qui s’est développée se révèle alors cruelle tant on se retrouve plongé dans ce même enfer, témoin d’une déshumanisation structurelle renvoyant la personne vue comme « étrangère » en tant qu’objet pouvant supporter la cruauté des pouvoirs en place. Le décalage de regard qui se créera après avec d’autres personnages impactera certes cette immersion mais sans diminuer la nature éprouvante de la situation, bien au contraire.

Copyright Agata Kubis / Piffl Medien

La réalisation crue de Green Border semble alors le meilleur moyen pour narrer les tourments d’une famille en quête de refuge, le tout dans un réalisme cruel qui interroge la déshumanisation de certaines structures de pouvoir. Cela rend l’expérience filmique douloureuse, encore plus par son traitement dans la durée (plus de 2h30 de métrage), mais d’autant plus nécessaire pour rappeler le pouvoir du cinéma pour montrer le réel ainsi que sa pertinence politique. Pareil long-métrage se doit d’être soutenu, encore plus dans les circonstances politiques actuelles, tout en confrontant notre regard à ce qui ne peut être conservé en dehors de notre champ émotionnel pour conserver notre humanité.


Liam Debruel


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