[CRITIQUE/RESSORTIE] : Mère Jeanne des Anges
Réalisateur : Jerzy Kawalerowicz
Avec : Lucyna Winnicka, Mieczyslaw Voit, Anna Ciepielewska,…
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Épouvante-horreur.
Nationalité : Polonais.
Durée : 1h50min
Date de sortie : 5 juin 2013
Date de ressortie : 10 janvier 2024
Synopsis :
Pologne, XVIIème siècle. Le Père Suryn est envoyé comme exorciste dans un cloître dont les sœurs seraient possédées par divers démons. Plusieurs exorcistes s’y sont succédé sans résultats. Garniec, le curé et confesseur de la communauté, accusé de sorcellerie, est mort sur le bûcher peu de temps auparavant. A son arrivée, Mère Jeanne, la supérieure du couvent, provoque d’emblée le religieux.
Adapté de l’oeuvre de Jaroslaw Iwaszkiewicz, inspirée de l’affaire des possédées de Loudun.
Critique :
Qui pense à l'affaire des démons de Loudun, ne peut pas ne pas avoir en mémoire le monument Les Diables de Ken Russell, quand bien même le cinéaste britannique n'était pas le premier a - librement - revenir sur cet événement.
C'est dire donc l'oubli, voire même plus clairement, la méconnaissance totale que peuvent avoir - l'auteur de ses mots compris - les cinéphiles quant au film essentiel (et primé sur la Croisette, rien que ça) que peut être Mère Jeanne des Anges de l'orfèvre polonais Jerzy Kawalerowicz, chef de file de « l'école polonaise » aux côtés, entre autres, de Roman Polanski, Andrzej Wajda, Krzysztof Kieslowski ou même Andrzej Zulawski; une pluie de cinéastes ayant savamment fuit le fétichisme institutionnel pour voguer vers un néoréalisme proche du cinéma italien de l'époque, pour mieux croquer des radiographies puissantes d'une nation post-Seconde Guerre mondiale profondément anxiogène.
Chef-d'œuvre majeur adapté du roman éponyme de Jarosław Iwaszkiewicz - et transposé de la France à la Pologne -, qui peut intimement se voir comme une œuvre pionnière dans la représentation des recoins sombres et perverses de la vie monastique (impossible de ne pas le voir comme une influence La Religieuse de Jacques Rivette, et même au film de Russell), autant qu'un condensé de toutes les thématiques chères à son cinéma (l'interrogation des notions de foi et de libre arbitre,...), dans ce qui peut se voir autant comme un profond pamphlet anticlérical et une étude de l'influence prosaïque que peuvent avoir les certitudes dogmatiques sur autrui, à travers la fine et complexe étude psychologique (jusque dans ses personnages secondaires) de figures religieuses en quête de liberté, frustrées et hantées par leurs propres désirs.
De son rythme volontairement léthargique, bercé par une mise en scène minimaliste faite de longs plans subjectifs, à son esthétique expressionniste grandiose, le cinéaste, logé dans l'ombre de La Passion de Jeanne d'Arc de Carl Theodor Dreyer, croque une dure et cynique épopée humaniste, avant-gardiste dans le domaine de la terreur tant la possession est ici synonyme de bien, de libération.
Un chef-d'œuvre qu'on vous dit.
Jonathan Chevrier
Avec : Lucyna Winnicka, Mieczyslaw Voit, Anna Ciepielewska,…
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Épouvante-horreur.
Nationalité : Polonais.
Durée : 1h50min
Date de sortie : 5 juin 2013
Date de ressortie : 10 janvier 2024
Synopsis :
Pologne, XVIIème siècle. Le Père Suryn est envoyé comme exorciste dans un cloître dont les sœurs seraient possédées par divers démons. Plusieurs exorcistes s’y sont succédé sans résultats. Garniec, le curé et confesseur de la communauté, accusé de sorcellerie, est mort sur le bûcher peu de temps auparavant. A son arrivée, Mère Jeanne, la supérieure du couvent, provoque d’emblée le religieux.
Adapté de l’oeuvre de Jaroslaw Iwaszkiewicz, inspirée de l’affaire des possédées de Loudun.
Critique :
#MèreJeanneDesAnges ou une œuvre protéiforme, à la fois pamphlet anticlérical et réflexion sur l'influence prosaïque qu'ont les certitudes dogmatiques sur autrui, à travers la complexe étude psychologique de figures religieuses en quête de liberté, frustrées par leurs désirs. pic.twitter.com/qd2e7CWGaI
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 11, 2024
Qui pense à l'affaire des démons de Loudun, ne peut pas ne pas avoir en mémoire le monument Les Diables de Ken Russell, quand bien même le cinéaste britannique n'était pas le premier a - librement - revenir sur cet événement.
C'est dire donc l'oubli, voire même plus clairement, la méconnaissance totale que peuvent avoir - l'auteur de ses mots compris - les cinéphiles quant au film essentiel (et primé sur la Croisette, rien que ça) que peut être Mère Jeanne des Anges de l'orfèvre polonais Jerzy Kawalerowicz, chef de file de « l'école polonaise » aux côtés, entre autres, de Roman Polanski, Andrzej Wajda, Krzysztof Kieslowski ou même Andrzej Zulawski; une pluie de cinéastes ayant savamment fuit le fétichisme institutionnel pour voguer vers un néoréalisme proche du cinéma italien de l'époque, pour mieux croquer des radiographies puissantes d'une nation post-Seconde Guerre mondiale profondément anxiogène.
Film Polski/Film Agency/ZRF Kadr |
Chef-d'œuvre majeur adapté du roman éponyme de Jarosław Iwaszkiewicz - et transposé de la France à la Pologne -, qui peut intimement se voir comme une œuvre pionnière dans la représentation des recoins sombres et perverses de la vie monastique (impossible de ne pas le voir comme une influence La Religieuse de Jacques Rivette, et même au film de Russell), autant qu'un condensé de toutes les thématiques chères à son cinéma (l'interrogation des notions de foi et de libre arbitre,...), dans ce qui peut se voir autant comme un profond pamphlet anticlérical et une étude de l'influence prosaïque que peuvent avoir les certitudes dogmatiques sur autrui, à travers la fine et complexe étude psychologique (jusque dans ses personnages secondaires) de figures religieuses en quête de liberté, frustrées et hantées par leurs propres désirs.
De son rythme volontairement léthargique, bercé par une mise en scène minimaliste faite de longs plans subjectifs, à son esthétique expressionniste grandiose, le cinéaste, logé dans l'ombre de La Passion de Jeanne d'Arc de Carl Theodor Dreyer, croque une dure et cynique épopée humaniste, avant-gardiste dans le domaine de la terreur tant la possession est ici synonyme de bien, de libération.
Un chef-d'œuvre qu'on vous dit.
Jonathan Chevrier