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[CRITIQUE] : Un Été afghan


Réalisateurs : James Ivory et Giles Gardner
Acteur : James Ivory.
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h12min

Synopsis :
En 1960, le cinéaste James Ivory s’est rendu en Afghanistan pour tourner des scènes destinées à un film documentaire. Le film n’a jamais été réalisé, et les images sont restées enfermées dans une malle pendant 60 ans. En 2022, à l’âge de 94 ans, il a décidé de se plonger dans ce matériel unique pour se remémorer sa jeunesse et comprendre ainsi comment ce voyage improbable loin de sa petite ville américaine de l’Oregon a contribué à former le célèbre cinéaste qu’il est devenu.



Critique :


Il n'est définitivement jamais trop tard pour faire du cinéma.
Alors oui, précisons un peu plus ce lieu commun qui aurait tout d'une punchline prétexte dégainé sur un post-étiquette de tout compte opportuniste se revendiquant " cinéphile ", à travers le dernier effort en date de James Ivory, Un été afghan (dont on préférera le plus évocateur titre original, A Cooler Climate), co-chapeauté avec Giles Gardner, mise en images des scènes tournées par le cinéaste lors d'un voyage, dans le Kaboul de 1960 (une époque pas encore politiquement et socialement tourmentée par les talibans, l'occupation russe, puis américaine).

Copyright Carlotta Films

Des images destinées à nourrir un film documentaire jamais réalisé.
Il n'est donc jamais trop tard pour faire du cinéma, que ce soit une question d'âge (Ivory a 95 ans), ou dans l'exhumation, la renaissance, de travaux existants mais jamais utilisés.

Mué par un sens d'introspection furieusement mélancolique et Proustien (les références au papa de À la recherche du temps perdu sont légion), Ivory, sous les sonorités inspirées d'Alexandre Desplat et une voix-off tout en humilité, dépoussière ses archives (à la qualité diverse, office du temps oblige) et ses souvenirs dans une sorte de sauvetage cinématographique, une commémoration personnelle et universelle à la fois, d'une innocence désormais révolue, à laquelle il superpose à sa propre odyssée d'épanouissement intime et identitaire, celle de Babur, fondateur de l'Empire moghol au XVIe siècle.

Copyright Carlotta Films

Modeste et épuré (à peine 70 minutes au compteur), assumant complètement son statut d'œuvre mineure au sein de la filmographie de son (co-)auteur, Un été afghan, qui s'expurge de toute idée d'anthropologie stricte, se fait une plongée tendre et nostalgique dans les introspections par la rétrospective, d'un homme et d'un cinéaste, qui expose son intimité avec une douceur rare.
Un beau témoignage, un magnifique cadeau pour nous.


Jonathan Chevrier


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