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[CRITIQUE] : La Pietà


Réalisateur : Eduardo Casanova
Acteurs : Ángela MolinaManel LlunellAna Polvorosa, Ksenia Kutepova,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol, Argentin.
Durée : 1h24min

Synopsis :
Lili et son fils Mateo ont une relation fusionnelle qui les rend dépend l’un de l’autre. Ils se complaisent dans une réalité suffocante jusqu’au jour où l’un d’entre eux est atteint d’une maladie grave. La simple idée d’être séparés les conduit à développer une version d’eux-mêmes la plus sombre et toxique qui soit.



Critique :


Force est d'admettre que pour tout cinéphile un minimum curieux, il n'y a pas besoin de labourer plus que de raison les terres cinématographiques espagnoles, pour y trouver quelques-uns des cinéastes les plus intéressants du fantastique contemporain, des hommes et des femmes n'ayant pas peur de bousculer une fourmilière ronronnante et sous (forte) emprise nord-américaines - de part sa distribution massive à travers le globe.
Au point même que si la France ne venait pas fréquemment taper du pied - et de la pellicule -, tout comme une Grande-Bretagne qui aborde peu (mais bien) le terrain de la flippe, nous serions presque tenté d'affirmer que la vraie terreur made in Europe depuis le début des années 2000, à un passeport ibérique.

Décemment de la nouvelle garde de faiseurs de cauchemar, au même titre que Lluís Danés, Carlota Martínez-Pereda ou même Galder Gaztelu-Urrutia, Eduardo Casanova, découvert avec le bien craspec Skins, nous revient en ces premières heures de 2024 - après un passage remarqué à Gerardmer cuvée 2023, puisqu'il en est reparti avec le Grand Prix - via son second effort, La Pietà de Kim Ki-duk, sous (très) forte influence sud-coréenne, tant il est impossible de ne pas penser à Pieta de Kim Ki-duk, une révérence dont ne s'en cache pas Casanova, quand bien même il abandonne son réalisme brut pour voguer vers quelque chose de résolument plus esthétisé et singulier.

© Félix Valiente

Tout aussi macabre (même s'il pousse les potards du dérangeant à un niveau bien plus élevé) et toujours vissé sur une relation familiale déviante et en marge, le cinéaste oppose dans la couleur, la relation malade et anxiogène entre une mère, Libertad (incroyable Ángela Molina), et son fils Mateo, avec celle d'une autre famille, nord-coréenne, torturé par le régime dictatorial et impitoyable de Kim Jong-un; artifice allégorico-grossier pour surligner d'une manière assez maladroite, le régime totalitaire que Libertad impose à son rejeton, dont elle est littéralement obsédée, pour l'empêcher de quitter le cocon familial (même s'il est moins victime de la situation et résolument plus satisfait par celle-ci, qu'il n'en a l'air).

Aussi excentrique et provoquant qu'il est consciemment absurde (dans ses dialogues, ses situations,...), aussi métaphysique et angoissant qu'il est grotesque, La Pietà n'en reste pas moins fascinant, au-delà de ses saillies loufoques et stridentes qui font bifurquer parfois sa comédie dramatico-familiale vers le body horror Cronenbergien, dans son exploration crue d'une relation mère-fils incroyablement toxique, ou chacun apparaît aussi dépassé et désespéré, même si intimement et profondément lié à l’autre.
Un sacré second effort donc.


Jonathan Chevrier


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