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[CRITIQUE] : Mille et un


Réalisateur : A.V. Rockwell
Avec : Teyana Taylor, Josiah Cross, William Catlett, Don DiPetta,…
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min

Synopsis :
Inez enlève Terry, six ans, de sa famille d'accueil. S'accrochant à leur secret et l'un à l'autre, la mère et le fils entreprennent de reconquérir leur maison, ainsi que leur identité et leur stabilité, dans une ville de New York en pleine mutation.



Critique :


Si c'est une chose de triompher à la sacro sainte réunion cinéphile qu'est Sundance, s'en est définitivement une autre de se frayer une place dans les salles obscures, et encore plus à travers le globe.

Reparti avec le Grand Prix du festival cher à Robert Redford, A Thousand and One (traduit au pied de la lettre - c'est rare -, Mille et un), cantonné à une salle en catimini par chez nous, estampillé premier long-métrage écrit et réalisé par le résolument talentueux A.V. Rockwell, est de ses petites déflagrations du cinéma indépendant ricain qui marque la rétine, a t-elle point qu'il est difficile d'imaginer que ce formidable et subtil portrait de femme brisée mais courageuse (interprété sans vanité et avec une prestance folle par la chanteuse et star de télé-réalité Teyana Taylor), essayant tant bien que mal d'élever son enfant dans un New-York du milieu des 90s, qui bouge trop vite pour eux - mais surtout sans eux -, soit un premier long-métrage.

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On y suit donc les atermoiements d'Inez, en passe d'être libérée de prison après un an de détention, et qui revient dans son Brooklyn, décidée à retrouver son fils Terry, six ans au compteur et placé en famille d'accueil pendant sa peine (ce qu'elle a connu elle-même, durant toute son enfance).
Elle veut tout faire pour le récupérer, même si le gamin, surdoué, est méfiant - et à raison, vu l'existence perturbée quelle lui a donné -, quitte à le kidnapper et à se cacher des services sociaux, désespérée qu'elle est à lui offrir un foyer enfin stable.

C'est leur odyssée, difficile et rugueuse sur une quinzaine d'années, à cheval entre les années 90 et 2000, qui liant à ce formidable drame sur la complexité des relations familiales (ou l'écriture ne masque jamais les dommages émotionnels qui façonnent l'identité des enfants qui grandissent sans famille, et les difficultés qu'ils rencontrent lorsqu'ils eux-mêmes deviennent parents), avec en toile de fond un regard oblique sur une Grosse Pomme autant sous le joug d'une gentrification furieusement injuste (l'impact des années Giuliani et Bloomberg), que d'un maintien de l'ordre au racisme à peine masqué; une époque qui sert de véritable marqueur à la construction de jeune adulte du personnage de Terry.

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Spike Lee n'est jamais loin - évidemment - et John Cassavetes encore moins (jusque dans bande-son merveilleusement atmosphérique), dans le refus de Rockwell d'aborder ses observations sociales avec didactisme, tout en conservant une authenticité et un naturalisme assez rare.

Preuve, si besoin était, de la puissance de ce premier effort, entre la quête de rédemption d'une mère brisée et le bouleversant moment de cinéma réaliste sur les luttes quotidiennes des communautés marginalisées, engluées dans les méandres d'une société contemporaine qui n'a de cesse de leur maintenir la tête sous l'eau.


Jonathan Chevrier


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