[CRITIQUE] : Fremont
Réalisateur : Babak Jalali
Avec : Anaita Wali Zada, Jeremy Allen White, Gregg Turkington, Hilda Schmelling,…
Distributeur : JHR Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Américain.
Durée : 1h31min
Synopsis :
Donya, jeune réfugiée afghane de 20 ans, travaille pour une fabrique de fortune cookies à San Francisco. Ancienne traductrice pour l’armée américaine en Afghanistan, elle a du mal à dormir et se sent seule. Sa routine est bouleversée lorsque son patron lui confie la rédaction des messages et prédictions. Son désir s’éveille et elle décide d’envoyer un message spécial dans un des biscuits en laissant le destin agir…
Critique :
Comment ne pas penser au cinéma béni de Jim Jarmusch, à la vision de Fremont du cinéaste iranien Babak Jalali, tant tout où presque, de sa photographie monochrome et brumeuse à son cocktail tonale à la fois grave, drôle et mélancolique, en passant par un prisme narratif résolument similaire (un regard cru mais poétique sur l'Amérique, capturé au travers d'un personnage étranger), cite le magnifique Stranger Than Paradise.
Mais il n'est pas tant question ici d'un road trip familial au cœur d'un pays de l'oncle Sam bouffé par l'ennui, qu'une plongée savoureusement loufoque dans l'étrangeté de l'Americana profonde et la solitude douloureuse qui l'habite, capturé au détour des pérégrinations solitaires de Donya, incarnée par une magnifique et empathique Anaita Wali Zada.
Dans une vie pas si lointaine, la jeune femme a travaillé comme traductrice pour l'armée américaine en Afghanistan, avant d'envisager une existence sensiblement plus tranquille à Fremont, en Californie, entre l'usine de biscuits de fortune ou elle travaille et le restaurant toujours vide où elle dîne.
Exilée de sa terre natale et hantée par les souvenirs de ceux qu'elle a laissés derrière elle, elle tente tant bien que mal de trouver sa nouvelle place dans ce nouveau monde furieusement monotone.
Il faut dire, Donya parle peu, n'est pas très ouverte sur ses sentiments et prononce chacune de ses phrases avec un air impassible, comme si elle intimait les autres à faire la conversation à sa place.
Mais suite à une conversation avec son voisin, lui aussi immigrant afghan, elle va décider, sur un coup de tête, de bousculer son existence morose en s'ouvrant au monde et, potentiellement, à l'amour...
Tout en délicatesse, trouvant un équilibre miraculeux et doux entre le drame poignant et réflexif, et la comédie pince-sans-rire savoureuse, Fremont se fait une expérience sage au rythme volontairement lancinant, dicté par le quotidien sans fortune d'une héroïne attachante, véhicule mélancolique d'une étude discrète mais émouvante sur la culpabilité du survivant, doublée d'une réflexion légèrement acide et absurde sur les relations humaines.
Une pépite réaliste et un brin provocatrice, rien de moins.
Jonathan Chevrier
Avec : Anaita Wali Zada, Jeremy Allen White, Gregg Turkington, Hilda Schmelling,…
Distributeur : JHR Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Américain.
Durée : 1h31min
Synopsis :
Donya, jeune réfugiée afghane de 20 ans, travaille pour une fabrique de fortune cookies à San Francisco. Ancienne traductrice pour l’armée américaine en Afghanistan, elle a du mal à dormir et se sent seule. Sa routine est bouleversée lorsque son patron lui confie la rédaction des messages et prédictions. Son désir s’éveille et elle décide d’envoyer un message spécial dans un des biscuits en laissant le destin agir…
Critique :
Trouvant un équilibre délicat entre le drame poignant et réflexif, et la comédie pince-sans-rire savoureuse, #Fremont se fait une expérience savoureusement Jarmuschienne, une étude poignante sur la culpabilité du survivant, doublée d'une réflexion acide sur les relations humaines pic.twitter.com/KtCBbJSsev
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 3, 2023
Comment ne pas penser au cinéma béni de Jim Jarmusch, à la vision de Fremont du cinéaste iranien Babak Jalali, tant tout où presque, de sa photographie monochrome et brumeuse à son cocktail tonale à la fois grave, drôle et mélancolique, en passant par un prisme narratif résolument similaire (un regard cru mais poétique sur l'Amérique, capturé au travers d'un personnage étranger), cite le magnifique Stranger Than Paradise.
Copyright JHR Films |
Mais il n'est pas tant question ici d'un road trip familial au cœur d'un pays de l'oncle Sam bouffé par l'ennui, qu'une plongée savoureusement loufoque dans l'étrangeté de l'Americana profonde et la solitude douloureuse qui l'habite, capturé au détour des pérégrinations solitaires de Donya, incarnée par une magnifique et empathique Anaita Wali Zada.
Dans une vie pas si lointaine, la jeune femme a travaillé comme traductrice pour l'armée américaine en Afghanistan, avant d'envisager une existence sensiblement plus tranquille à Fremont, en Californie, entre l'usine de biscuits de fortune ou elle travaille et le restaurant toujours vide où elle dîne.
Exilée de sa terre natale et hantée par les souvenirs de ceux qu'elle a laissés derrière elle, elle tente tant bien que mal de trouver sa nouvelle place dans ce nouveau monde furieusement monotone.
Il faut dire, Donya parle peu, n'est pas très ouverte sur ses sentiments et prononce chacune de ses phrases avec un air impassible, comme si elle intimait les autres à faire la conversation à sa place.
Mais suite à une conversation avec son voisin, lui aussi immigrant afghan, elle va décider, sur un coup de tête, de bousculer son existence morose en s'ouvrant au monde et, potentiellement, à l'amour...
Copyright JHR Films |
Tout en délicatesse, trouvant un équilibre miraculeux et doux entre le drame poignant et réflexif, et la comédie pince-sans-rire savoureuse, Fremont se fait une expérience sage au rythme volontairement lancinant, dicté par le quotidien sans fortune d'une héroïne attachante, véhicule mélancolique d'une étude discrète mais émouvante sur la culpabilité du survivant, doublée d'une réflexion légèrement acide et absurde sur les relations humaines.
Une pépite réaliste et un brin provocatrice, rien de moins.
Jonathan Chevrier