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[CRITIQUE] : Levante


Réalisatrice : Lillah Halla
Acteurs : Ayomi DomenicaLoro BardotGrace Passô, Glaucia Vandeveld,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien, Uruguayen, Français.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Sofia, une joueuse de volleyball prometteuse de 17 ans, apprend qu’elle est enceinte la veille d’un championnat qui peut sceller son destin. Ne voulant pas de cette grossesse, elle cherche à se faire avorter illégalement et se retrouve la cible d’un groupe fondamentaliste bien décidé à l’en empêcher à tout prix. Mais ni Sofia ni ses proches n’ont l’intention de se soumettre à l’aveugle ferveur de la masse.



Critique :


Quand bien même le jeu des comparaisons s'avère parfois aussi stérile que profondément putassier (ce qui ne nous empêche pas, inconsciemment où non, de le faire, tant le cinéma est avant toute chose la déclinaison d'histoires qui se ressemblent et s'assemblent), difficile de ne pas inscrire pourtant le premier long-métrage de la wannabe cinéaste brésilienne Lillah Halla, aussi bien dans la droite lignée du magnifique Never Rarely Sometimes Always d'Eliza Hittman, que des efforts de sa compatriote Júlia Murat, tant Levante est mué par le même esprit bouillant d'une jeunesse féminine auriverde répondant avec ses propres armes, à la violence oppressive du pouvoir en place, marqué par la xénophobie et l'homophobie.

Copyright REZO

Dès son titre furieusement évocateur (qui veut dire, littéralement, se soulever), qui est un appel à l'insurrection, le film se fait un cri du corps et du cœur pour l'autonomisation féminine, au droit de disposer de son propre corps dans une nation profondément réactionnaire et traditionaliste, mais aussi et surtout un appel sincère et nécessaire à la sororité - et d'autant plus ici à la sororité queer.
L'histoire est vissée autour de la jeune Sofia (formidable Ayomi Domenica), dix-sept ans au compteur et fière membre d'une équipe de volley-ball féminine progressiste et inclusive (qui comprend, sans réserve, des membres de la communauté LGBTQIA+), pour qui ce sport est plus qu'un simple sport, tant une véritable famille soudée par la solidarité et l'énergie féministe, que ce soit sur comme en-dehors du terrain.

Mais le destin déjà compliquée de Sofia, se voit encore plus bousculée lorsqu'elle découvre qu'elle est enceinte, fruit d'une relation éphémère à tel point qu'elle ne désire pas garder l'enfant, malgré le réconfort et le soutien apporté par sa nouvelle petite amie, Bel - qui tranche avec le soutien bien plus hésitant, de son père.
Toutes les deux le savent, se lancer désespérément dans une quête pour se faire avorter est à la fois cruellement difficile et potentiellement très dangereux pour les femmes sans moyen, et encore plus dans un Brésil sous la coupe imposante de Bolsonaro, ou c'est encore - à la différence de la Colombie et de l'Argentine - un crime passible de trois ans d'emprisonnement.

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C'est cette lutte urgente, désespérée et pourtant solaire à la fois, qui anime tout du long Levante, vraie œuvre militante façon auscultation tendue et dynamique (jusque dans sa bande son électro entraînante) d'une nation divisée par l'intégrisme religieux, l'intolérance, la misogynie et la lutte des classes; un solide mélodrame ou le corps se fait une arme sociale et politique, sublimé autant par une écriture ciselée et réfléchie, que par la mise en scène (très) épurée et naturaliste de Lillah Halla.

Alors certes, on pourra lui reprocher de torcher un brin à la va-vite ses séquences sportives, de se perdre parfois un peu trop dans un didactisme maladroit (et des scènes d'exposition assez ronflante), voire même de manquer d'un lien plus organique entre son sujet principal et sa réflexion contemporaine; mais l'importance de son message, asséné avec chaleur et énergie malgré la dureté de son histoire.


Jonathan Chevrier


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