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[CRITIQUE] : À L'intérieur


Réalisateur : Vasilis Katsoupis
Acteurs : Willem Dafoe, Gene BervoetsEliza Stuyck,...
Distributeur : L'Atelier Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller
Nationalité : Grecque, Allemand, Belge, Britannique, Suisse.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Nemo, cambrioleur chevronné, se retrouve piégé dans un luxueux appartement new-yorkais. Essentiellement décoré d'œuvres d'art, il va devoir faire preuve de créativité et de ténacité pour survivre et tenter de s'échapper...



Critique :


Définir le second long-métrage du cinéaste grec Vasilis Katsoupis, à son simple synopsis serait, à l'instar des œuvres gentiment décalées de ses compatriotes Yorgos Lanthimos où Christos Nikou (pour ne citer que les figures récentes, évidemment), réduire la portée où même la potentielle richesse de ce qui incarne assez souvent, des expériences savoureusement singulières.

Et, aussi un brin prétentieuse soit-il, À L'intérieur ne mérite pas tant un tel écueil, lui qui se réclame même dans ses faiblesses, comme un âpre survival en terre étonnamment hostile (un luxueux penthouse new-yorkais régit par une technologie - un système de sécurité - à la fiabilité toute relative), qui se double d'une réflexion sur la valeur, le sens et l'omniprésence de l'art dans l'histoire de l'humanité.
Un programme plus ou moins digeste et voyeuriste donc, qui joue sensiblement sur la suspension d'incrédulité de son auditoire, tout en étant loin d'être inintéressant dans les pistes de réflexion qu'il dégaine avec générosité, à défaut de totalement les incarner.

Copyright SquareOne/Steve Annis

La caméra est alors tout du vissée sur la quête de survie intense et viscérale d'un voleur d'art chevronné, Nemo (clin d'œil peu subtil au point Némo, le point le plus éloigné de toute terre à la surface du globe terrestre, pour exprimer l'isolement de son personnage titre), piégé dans le penhouse d'un milliardaire dont la collection est inestimable, par un système de sécurité aussi incroyablement sophistiqué que défaillant, et qui va découvrir dans la douleur que l'art a beau être un besoin fondamental à ses yeux, il n'a désormais plus aucune valeur.

C'est dans ce lieu dévorant et pesant, un purgatoire ridiculeusement pimpant qui se fait le symbole stagnant et désespéré de la lutte intime et existentielle de Nemo autant pour survivre, que pour rester qui il est (alors qu'il en est réduit, brutalement, à son moi le plus primitif); que le cinéaste bâtie sa réflexion non pas sur la lutte des classes (la déconnection des plus riches,  leur facilité à écraser les plus vulnérables couplée à la décontraction de pouvoir dépenser sans limite) ni sur notre dépendance alarmante à la technologie, mais bien sur la toute puissance de l'art comme l'ultime expression de notre humanité, comme le plus fier garant de notre immortalité, comme l'unique manière de transcender notre condition, quitte à épouser sans réserve les courbes de la folie.

Copyright SquareOne/Steve Annis

Des pistes allégoriques fascinantes soutenus par la prestation bestiale d'un Willem Dafoe dont le visage buriné et incroyablement expressif couplé à une résilience extraordinaire, pourrait presque corriger à elle seule la vulnérabilité criante d'un récit brut et à la subtilité fuyante, qui va exactement là où l'on l'attend non sans une certaine redondance au coeur d'une seconde moitié furieusement interminable et invraisemblable.
Et même un usage généreusement appuyé de la Macarena, ne peut totalement défier les lois de la logique cinématographique...


Jonathan Chevrier


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