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[CRITIQUE] : L'Arche de Noé


Réalisateur : Bryan Marciano
Acteurs : Finnegan Oldfield,  Valérie Lemercier, Sarah Guedj, Olivier Claverie, Fehdi Bendjima, Djanis Bouzyani, Victor Mermaz,...
Distributeur : UGC Distribution / TF1 Studio
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min

Synopsis :
Une association accueille des jeunes LGBT mis à la rue par leurs familles. Derrière l’apparente comédie, les excès, l’envie de s'affirmer, se cachent des vies brisées. Tous ont cette furieuse envie d’exister, de trouver leur place dans la société. Ici, ils ont six mois, pour trouver un travail, un logement et s’accepter comme ils sont. Une course contre la montre durant laquelle Noëlle, qui dirige l’association et Alex, qui l’aide dans sa mission, sont également renvoyés à leurs propres failles et s’interrogent sur leurs motivations à aider les autres.



Critique :


Il est le plus français des britanniques et inversement (oui, le genre de punchline tellement facile à décliner, qu'elle est obsolète au moment même où elle est écrite), mais avant tout et surtout une vraie gueule de cinéma, de celle qui marque la rétine, qui prend de la place par sa présence, peut-être pas forcément bestiale mais vivante, vibrante.
Une gueule oui, de celles qu'on oublie pas et, encore plus, quand elles ne sont pas censés voler la vedette.

Car il la vole, Finnegan Oldfield, la vedette,  peut-être inconsciemment au départ (il est même tombé dans le bain du métier par pur hasard), que ce soit du côté de la vieille garde (Tony Gatlif, Anne Fontaine, Stephane Brizé, Éric Barbier, Michel Hazanavicius) que de la jeune (Clément Cogitore, Naël Marandin, Katell Quillévéré, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh), même s'il semble désormais totalement conscient de cette aura qui, au fil du temps, s'épaissit, se bonifie.

Copyright 2022 ELIPH PRODUCTIONS - ADNP - UGC IMAGES - TF1 STUDIO

Passé l'étonnant Paula d'Angele Ottobah et été, et en attendant le génial Vermines de Sébastien Vaniček - à déconseiller pour tous les arachnophobes -, qui n'ont absolument pas contredit cette certitude (ils l'ont confirmé même, surtout le premier, avec une dureté rare, dans ce qui peut de voir comme l'une de ses plus belles prestations à ce jour), c'est à la distribution de L'Arche de Noé, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Bryan Marciano, qu'on le retrouve en ses dernières heures du printemps.
Un premier effort qui aborde la question cruciale et actuelle d'une jeunesse LGBTQI+ rejetée et mis au banc aussi bien de leur famille, que de la société, à travers l'association/refuge qui les accueille et les aide à s'insérer professionnellement, vissé sur un homme (Oldfield, justement) pas forcément décidé à graviter dans cet univers qui, peu à peu pourtant, va lui faire changer de perspective.

Dans une introduction qui a presque des allures de profession de foi tant la cacophonie chaotique qui y règne est totale (avec pas ou peu d'emprise, sur les figures qui nous y sont présentés comme un groupe déjà établi), le film jongle maladroitement sur le fil tenu de la comédie populaire et du drame social choral, que ce soit dans sa gestion tonale pas toujours juste (et le mot est faible, malgré une volonté louable de désamorcer la tragédie par l'humour), où sa manière d'embrasser la destinée d'une (trop) grosse galerie de personnages certes sensiblement attachants, mais trop peu brossés pour rendre leur situations/problématiques palpables, au-delà de la simple citation presque pretexte.

Copyright 2022 ELIPH PRODUCTIONS - ADNP - UGC IMAGES - TF1 STUDIO

Et pourtant, difficile de totalement blâmer une œuvre aussi ambitieuse et sincère dans ses (bonnes) intentions, chapeautée avec entrain, dynamisme (et sans fausse note dans sa mise en scène) et beaucoup de cœur, qui s'empare avec un vrai souci de réalisme un sujet trop peu abordé (et qui montre l'importance positive et vitale du système associatif), sans jamais jouer la carte du misérabilisme forcé, même dans les prestations nuancées de sa distribution (mention autant à Finnegan Oldfield et à Valérie Lemercier, qu'aux jeunes Fehdi Bendjima, Djanis Bouzyani et Victor Mermaz).

Imparfait donc, mais joliment feel good et surtout cruellement nécessaire.


Jonathan Chevrier


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