[CRITIQUE] : The Killer
Réalisateur : David Fincher
Avec : Michael Fassbender, Tilda Swinton, Arliss Howard, Charles Parnell,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Après un désastre évité de justesse, un tueur se bat contre ses employeurs et lui-même, dans une mission punitive à travers le monde qui n'a soi-disant rien de personnel.
Critique :
Avec : Michael Fassbender, Tilda Swinton, Arliss Howard, Charles Parnell,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Après un désastre évité de justesse, un tueur se bat contre ses employeurs et lui-même, dans une mission punitive à travers le monde qui n'a soi-disant rien de personnel.
Critique :
#TheKiller où un B movie mineur, programmatique et répétitif, une expérience à la fois merveilleusement froide et méticuleuse dans sa forme mais férocement légère dans son fond, tant sa quête de sens ne fait que se heurter à une impasse léthargique et une déconnection frustrante. pic.twitter.com/Lv7m7GFIUP
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 10, 2023
Qu'on se le dise, si Mank, lui aussi tourné du côté de la firme au Tudum, avait déjà divisé en son temps, The Killer (une adaptation d'une bande dessinée éponyme française de Jacamon et Marz, elle-même fortement inspirée par Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, que le bonhomme portait depuis longtemps), bien qu'une bonne frange des spectateurs/cinéphiles crie déjà au chef-d'oeuvre, est une œuvre encore plus nihiliste et frustrante, tant sa quête de sens ne fait que se heurter à une impasse léthargique.
Passé une introduction électrisante au montage savamment impressionniste et crasseux à la fois (la fausse promesse d'une séance cousine à Se7en, Fight Club où Millenium, qu'il ne tardera pas à rompre), Fincher étonne, détonne.
Son premier acte ne se fait pas le symbole de son cinéma mené tambour battant, il en est même l'antithèse, plus méthodique et observationnel, vissé sur un assassin anonyme (il le restera tout du long) et mutique, totalement déconnecté du monde, dont la méthodologie méticuleuse est religieusement récitée via une voix-off à la lisière du rituel confessionnel.
Lentement, il raconte au spectateur comment il arrive à se détacher de toute empathie, pour mieux rester continuellement fixé sur sa cible, quand bien même son discours se voit contredire par ses actes (il est toujours distrait par quelque chose); il affirme être capable de se fondre dans la masse, là où son apparence est franchement remarquable - ses chapeaux...
En bon narrateur peu fiable qu'il est - une habitude chez Fincher -, ce tueur sur-explique ses actions et ses intentions, vend tout du long l'image d'un homme qu'il n'est pas, tout comme un film qui lui-même, ne correspond jamais réellement à l'idée que l'on pouvait se faire de lui.
Car David Fincher et Andrew Kevin Walker déguisent leur thriller, entre la satire du revenge movie et le thriller paranoïaque made in 70s, avec un détachement ironique qui va de pair avec leur volonté de tenir à distance le point de vue de leur protagoniste, qui s'échine à fuir toute assimilation à un monde dont il pourtant, consciemment, un pur produit : un capitalisme de masse qui tue, qui produit et nourrit les assassins, dans un vrai business à part entière.
Mais ce détachement consenti implique que nous nous sentons donc moins complices de son voyage, qu'otage d'un jeu du chat et de la souris redondant, dont la tension s'évapore bien trop vite pour son bien, et dont certaines scènes semblent totalement déconnectées de sa narration.
Si l'approche esthétique calculée de Fincher est d'une froideur clinique, de son cadrage aux mouvements soigneusement réfléchis (de véritables tableaux urbains sombres), en passant par un travail sonore incroyable, rien n'apparaît finalement plus filmique que la narration du tueur elle-même, même si le cinéaste donne l'impression de laisser la caméra tourner sans lui donner un réel sentiment de présence ou de perspective (jusqu'au montage et ses transitions abrupte), même si le personnage lui-même s'avère in fine assez ennuyeux - et moins doué qu'il le pense.
En tant qu'homme dont le professionnalisme autoproclamé est constamment mis de côté par sa bravade/cycle de violence inutile, Michael Fassbender signe peut-être l'une de ses plus grandes performances à ce jour, irréprochable dans son artifice auto-construit constant et sa fatigue jamais masquée.
Il est le phare (quasiment de tous les plans, exceptés les rares retranscrivant son point de vue), tout comme le score angoissant de Trent Reznor et Atticus Ross, d'une séance à la fois hermétique dans sa forme, mais furieusement légère dans son fond.
Copyright Netflix |
Passé une introduction électrisante au montage savamment impressionniste et crasseux à la fois (la fausse promesse d'une séance cousine à Se7en, Fight Club où Millenium, qu'il ne tardera pas à rompre), Fincher étonne, détonne.
Son premier acte ne se fait pas le symbole de son cinéma mené tambour battant, il en est même l'antithèse, plus méthodique et observationnel, vissé sur un assassin anonyme (il le restera tout du long) et mutique, totalement déconnecté du monde, dont la méthodologie méticuleuse est religieusement récitée via une voix-off à la lisière du rituel confessionnel.
Lentement, il raconte au spectateur comment il arrive à se détacher de toute empathie, pour mieux rester continuellement fixé sur sa cible, quand bien même son discours se voit contredire par ses actes (il est toujours distrait par quelque chose); il affirme être capable de se fondre dans la masse, là où son apparence est franchement remarquable - ses chapeaux...
En bon narrateur peu fiable qu'il est - une habitude chez Fincher -, ce tueur sur-explique ses actions et ses intentions, vend tout du long l'image d'un homme qu'il n'est pas, tout comme un film qui lui-même, ne correspond jamais réellement à l'idée que l'on pouvait se faire de lui.
Copyright Netflix |
Car David Fincher et Andrew Kevin Walker déguisent leur thriller, entre la satire du revenge movie et le thriller paranoïaque made in 70s, avec un détachement ironique qui va de pair avec leur volonté de tenir à distance le point de vue de leur protagoniste, qui s'échine à fuir toute assimilation à un monde dont il pourtant, consciemment, un pur produit : un capitalisme de masse qui tue, qui produit et nourrit les assassins, dans un vrai business à part entière.
Mais ce détachement consenti implique que nous nous sentons donc moins complices de son voyage, qu'otage d'un jeu du chat et de la souris redondant, dont la tension s'évapore bien trop vite pour son bien, et dont certaines scènes semblent totalement déconnectées de sa narration.
Si l'approche esthétique calculée de Fincher est d'une froideur clinique, de son cadrage aux mouvements soigneusement réfléchis (de véritables tableaux urbains sombres), en passant par un travail sonore incroyable, rien n'apparaît finalement plus filmique que la narration du tueur elle-même, même si le cinéaste donne l'impression de laisser la caméra tourner sans lui donner un réel sentiment de présence ou de perspective (jusqu'au montage et ses transitions abrupte), même si le personnage lui-même s'avère in fine assez ennuyeux - et moins doué qu'il le pense.
Copyright Netflix |
En tant qu'homme dont le professionnalisme autoproclamé est constamment mis de côté par sa bravade/cycle de violence inutile, Michael Fassbender signe peut-être l'une de ses plus grandes performances à ce jour, irréprochable dans son artifice auto-construit constant et sa fatigue jamais masquée.
Il est le phare (quasiment de tous les plans, exceptés les rares retranscrivant son point de vue), tout comme le score angoissant de Trent Reznor et Atticus Ross, d'une séance à la fois hermétique dans sa forme, mais furieusement légère dans son fond.