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[CRITIQUE] : Augure


Réalisateur : Baloji
Acteurs : Marc Zinga, Denis Mpunga, Lucie Debay, Eliane Umuhire,...
Distributeur : Pan Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Belge, Hollandais, Congolais.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Après 15 ans d’absence, Koffi retourne au Congo pour présenter sa femme, enceinte, à sa famille. Considéré comme un sorcier par les siens, il rencontre trois autres personnages qui, comme lui, veulent s’affranchir du poids des croyances et de leur assignation. Seule l’entraide et la réconciliation leur permettront de se détacher de la malédiction qui les touche.



Critique :


Estampillé premier long-métrage Congolais à la fois présenté puis primé sur la Croisette, Augure est à l'image de son auteur et de son oeuvre, le musicien et artiste protéiforme Baloji - dont c'est le premier effort -, tant il se fait une expérience profondément hétérodoxe et plurielle, nouée autour de la subversion des traditions, de la confrontation et des appréhensions culturelles mais également de saillies surréalistes et surnaturelles; alors que la narration s'attache à quatre personnages bien distincts (dont trois intimement liés), mais marqués par les préjugés.

Copyright WRONG MEN NORTH-NEW AMSTERDAM-TOSALA FILMS-SPECIAL TOUCH STUDIOS-RTBF

On y suit tout d'abord Koffi (qui peut se voir comme un alter ego de Baloji), qui revient avec sa compagne Alice - enceinte de jumeaux - dans sa ville natale, Kinshasa, avec l'intention de donner une dot à son père et d'annoncer leur mariage, après des années passés en Belgique.
Sa décision de quitter les siens pour vivre sur le continent européen a fait de lui un étranger (il est même surnommé Zabolo - le diable -, pour la tâche de naissance sur sa joue), au point qu'il doit résider chez sa sœur, Tshala, dont le très jeune petit ami Ezra, est loin d'être fidèle.
Lorsqu'elle découvre qu'elle souffre d'une maladie vénérienne, elle se rend chez sa mère Mujila, elle aussi au ban de la famille.

Seul le personnage de Paco, un gamin des rues mal-aimé qui tente de surmonter la mort de sa sœur (dans une représentation qui se veut comme une version africaine du conte de Hansel et Gretel), n'est pas lié par le sang aux autres, quand bien même il est celui le plus explicitement proche du monde des esprits, dans une représentation à la fois colorée et ancrée dans un réalisme magique.

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À travers quatre portraits de victimes malmenées par les préjugés culturelles, Bajoli dresse la radiographie d'un Congo sous l'égide patriarcal, écrasé sous le poids des traditions - à la manière dont le colonialisme a redéfini -, où l'ostracisme est encore plus étouffant pour les femmes, où la confrontation culturelle et les croyances influencent une société pourtant réticente à les accepter, ou progrès et tradition coexistent difficilement.
Alors certes, s'il est sans doute plus frappant visuellement que narrativement, il n'en est pas moins un fantastique premier effort, emballé dans un tourbillon d'idées et d'énergie.


Jonathan Chevrier


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