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[CRITIQUE] : Dumb Money


Réalisateur : Craig Gillespie
Acteurs : Paul Dano, Seth Rogen, Nick Offerman, America Ferrara, Pete Davidson, Shailene Woodley, Anthony Ramos, Dane DeHaan, Myha'la Herrold, Vincent D'Onofrio, Rushi Kota, Talua Ryder,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min

Synopsis :
L’incroyable histoire vraie d’un homme ordinaire et de ses followers qui ont ébranlé Wall Street en misant sur GameStop, une entreprise à laquelle personne ne croyait. En engageant toutes ses économies sur un pari fou, Keith Gill et ceux qui décident de le suivre, vont gagner beaucoup, beaucoup d’argent : Wall Street a ses nouveaux loups. Mais ce qui enrichit les uns appauvrit les autres, et les milliardaires des fonds d’investissement ne vont pas tarder à riposter...



Critique :


Quand bien même l'affaire a fait décemment plus de bruit de l'autre côté de l'Atlantique, il était difficile, en pleine pandémie du Covid-19, d'être passé à côté de la mini-saga GameStop, qui a ébranlé Wall Street, où quand une poignée d'âmes loin de rouler sur l'or, à l'initiative de Keith Gill, ont misés sur une entreprise à laquelle personne ne croyait, pour mieux rafler des milliards de dollars à des milliardaires de fonds.
La petite victoire de David contre Goliath dans une course aux actions alimentée par Reddit, le triomphe du petit investisseur dans ce qui pouvait se voir comme une vengeance ironique sur les gros porte-monnaies, une révolution - Internet et économique - qui a eu un impact réel et irréversible sur une Wall Street qui ne s'en est jamais réellement remise depuis (même si, comme à Vegas, la banque gagne toujours à la fin).

Un scénario digne d'Hollywood donc, qui n'a pas franchement traîné pour en produire une adaptation cinématographique (deux ans et demi, montre en main, alors que d'autres projets seraient toujours sur la table), alors que les plateformes dégueulaient déjà de documentaires sur le sujet (Max, Hulu et Netflix ont tous publié leur propre retranscription de la saga GameStop).

Copyright Leonine

Dumb Money de Craig Gillespie est le premier à pointer le bout de sa pellicule, lui qui cherche ouvertement à s'inscrire dans la même veine fictionnel (mais de manière infiniment plus dramatique) que The Big Short d'Adam McKay - voire même de The Social Network de David Fincher,  dans son esthétique -, sans en avoir à la fois le sel savoureusement absurde - essentiel pour capturer la nature on ne peut plus folle de cette histoire -, ni même l'intelligence d'écriture pour en faire une fable satirique à la fois captivante et didactique.
Basé sur le bouquin de The Antisocial Network Ben Mezrich, le film se concentre sur les figures phares de cette histoire - Kenneth C. Griffin et Gabe Plotkin d'un côté, Keith Gill de l'autre -, sans réellement capter le pouls ni l'impact de celle-ci, et encore moins tous ses tenants et aboutissants.

Quitte même à sensiblement alourdir son récit en versant dans un penchant un poil trop sérieux et dramatique, en tentant de faire de Gill, une figure de leader social à la fois tragique et tourmentée, sans pour autant plonger en profondeur dans son sujet - et donc crédibiliser le personnage dans sa quête fugace de justice sociale.
Étrangement, la narration prend pour acquise la connaissance/familiarité du public de cet événement, et ne s'échine jamais plus qu'à en être une pâle et trop sérieuse retranscription, jetant totalement le flou quant à ses intentions réelles : incarner une vision volontairement simpliste (mais difficile d'accès dans son jargon nébuleux) d'une histoire familière, où une production opportuniste visant à capitaliser, avant les autres, sur ce fait divers dingue (malgré une distribution impliquée).

Copyright Leonine

La vérité se situe certainement entre les deux, Dumb Money étant paradoxalement enthousiaste face à l'idée de capturer le contexte de cette histoire (la pandémie et ses ravages humains et économiques, la colère sociale et collective face au plan de sauvetage du gouvernement pour les entreprises,...), mais jamais assez engager pour l'embrasser totalement (que ce soit pour l'importance de la culture internet, ou même le volet financier trouble au cœur de Wall Street et de ses manipulations institutionnalisées), pour rendre compte de l'ironie démente qui l'anime : une poignée de gens ordinaires qui grâce à un outil universel où presque - internet -, gagnaient l'argent que les riches sociétés d’investissement avaient rafler en truquant le système.
 
Un potentiel grand film social sur un message fort et furieusement actuel (le peuple face au(x) pouvoir(s), où comment le premier, trop souvent acculé, peut arriver, même pendant quelques instants, faire vaciller voire renverser le second), était caché derrière, mais encore aurait-il fallu vouloir suivre cette voie - pourtant toute tracée par la réalité elle-même.


Jonathan Chevrier


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