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[CRITIQUE] : The Pod Generation


Réalisatrice : Sophie Barthes
Avec : Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson, Jean-Marc Barr,.…
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Science-fiction, Comédie, Romance.
Nationalité : Américain, Français, Belge.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…


Critique :


À l’heure où l’intelligence artificielle n’est plus présente seulement dans les récits de science-fiction, mais aussi dans des discussions actuelles concernant l’industrie du cinéma, Sophie Barthes nous propose un nouveau film “à l’ancienne” dans la vision que peut avoir le cinéma vis-à-vis de l’IA : une vision futuriste et pessimiste, où l’humain se soumet intégralement à la machine, pour le meilleur et surtout pour le pire.

Copyright Splendid Film

The Pod Generation dévoile un futur proche dans lequel l’humanité est devenue presque mécanique. Le confort qu’offre l’IA n’est que matériel, la course à la productivité est toujours bien présente et est même renforcée avec l’aide des machines. Les personnages du film n’ont plus besoin de penser à se faire à manger, à choisir leur vêtement. Un gain de temps considérable pour nous permettre de se pencher sur des choses plus essentielles. Même faire un enfant devient un jeu … d’enfant. Alors que les femmes ont souvent eu à choisir entre maternité et carrière, l’univers du film leur offre le Graal, pouvoir conjuguer les deux sans se sacrifier. Une société propose aux couples des pods (des sortes d'œufs) qui portent l’enfant à leur place. Le pod remplace l’utérus, tandis que le couple peut se préparer à la venue de l’enfant sans stress, ni rendez-vous médicaux. Ne serait-ce pas cela la révolution féministe tant espérée ? Ne plus être des utérus sur patte, ne plus subir la pression de la fameuse "horloge interne", ne plus devoir sacrifier sa carrière pendant sa grossesse. Rachel (Emilia Clarke) est ravie. Elle peut concilier ses deux rêves simultanément : être promue et avoir un enfant.

Quid du désir dans tout cela ? Aseptisée à l’extrême, la société que nous montre The Pod Generation ne sait plus rêver, ne sait même plus à quoi ressemble un arbre. Alvy (Chiwetel Ejiofor), le mari de Rachel, est le dernier humain sensible à la nature. Mais le film n’arrive pas à utiliser intelligemment le point de vue d’Alvy pour apporter de la nuance. Le personnage est souvent mis en porte-à-faux et ne sert que de contrepoint manichéen à la satire basique que fait Sophie Barthes de l’ultralibéralisme. La réalisatrice soulève des points intéressants, comme la marchandisation de la reproduction et la présence d’une entreprise qui semble avoir une mainmise pérenne sur de nombreuses structures (Jean-Marc Barr joue un PDG avec un air de Jeff Bezos si évident que le parallèle est voulu). Hélas, elle n’en fait pas grand chose, à part quelques punchlines bien trouvées comme « l’utérus est une question politique ». Ensuite, le récit s’enfonce dans une comédie dramatique des plus classiques, où la seule originalité serait l’approche futuriste des décors. Les problèmes de couple, le mal-être de Rachel vis-à-vis du pod, sont tout aussi effleurés que les problématiques morales que posent le contrôle d'une société privée sur la naissance et l’éducation des enfants. Cette façon de ne jamais aller au cœur des choses devient si redondante qu’elle semble être une volonté de la réalisatrice, qui met beaucoup plus d’effort à faire de The Pod Generation un film agréable et drôle.

Copyright Splendid Film

Déjà éculé avant même sa sortie en salle, The Pod Generation se positionne comme la preuve qu’il faudra dorénavant repenser notre vision de l’IA dans la fiction audiovisuelle, la science-fiction ayant déjà pris possession de notre réalité. Sophie Barthes nous offre des réflexions intéressantes désamorcées par le récit, écrin cocooning comme l’intérieur d’un pod finalement.


Laura Enjolvy


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