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[CRITIQUE] : Les Ordres du mal


Réalisateur : Paco Plaza
Acteurs : Almudena Amor, Aria Bedmar, Maru Valdivielso,...
Budget : -
Distributeur : Netflix France
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
Après une enfance marquée par un miracle, Narcisa entre dans les ordres et enseigne à de jeunes filles dans un ancien couvent hanté par une présence inquiétante.



Critique :

Si son comparse sur la saga [REC], Jaume Balagueró, semble avoir définitivement lâché la rampe (Malveillance est loin, très loin), ce bon vieux Paco Plaza, il est vrai pas exempt de quelques ratages plutôt corsés, suscite encore quelques maigres espoirs chez les amateurs d'épouvante, qui se rappelle au bon souvenir d'une production espagnole qui dominait fièrement le fantastique contemporain, il y a encore une poignée d'années (avant que l'Amérique, voire même l'Australie, ne revendique désormais la couronne); une époque bénie où il n'y avait pas besoin de labourer plus que de raison les terres cinématographiques ibériques, pour y trouver quelques-uns des cinéastes les plus intéressants du cinéma de genre.

Débarqué sur une plate-forme au Tudum qui, paradoxalement, en bon pourvoyeur de péloches jetables et oubliables, vient justement de faire beaucoup de mal au pays de Cervantes (Bird Box Barcelona des frangins David et Àlex Pastor, Le Book Club Mortel de Carlos García Miranda), il nous revient avec Les Ordres du mal, prequel dispensable de sa dernière vraie réussite, Verónica, arpentant sur la pointe des pieds le terrain sinueux de la nunsploitation, tout en catapultant sa narration dans l'Espagne de l'après-guerre, vissé sur les atermoiements de sœur Narcisa - peut-être le personnage le plus mémorable du film original.

Copyright Netflix

Si le premier film incarnait un sympathique même si familier film de possession, ce prequel, qui s'attache à la crise de foi d'une jeune religieuse jadis célébrée pour ses visions saintes, découvrant peu à peu le pot-aux-roses quant aux vérités du couvent/asile qu'elle occupe (et qui donc, va lentement mais sûrement glisser vers la folie), a au moins pour lui le fait de voguer plus en profondeur dans la dark fantasy, bien aidé par un contexte résolument sombre (l'ombre menaçante - et réaliste - de la guerre civile), mais ce qu'il gagne en " profondeur ", il le perd véritablement véritablement punch et en rythme.

S'il a le bon ton d'expurger, à la différence de ses petits camarades outre-Atlantique, toute idée de puritanisme putassier de son équation, notamment dans sa manière d'aborder les deux faces ambivalentes de la croyance religieuse, dommage en revanche, qu'il ne cherche jamais à voir plus loin que la labellisation codée du fantastique et de son concept (jumpscares faisandés à la clé), aboutissant au fond tout comme avec Abuela, à un artefact cinématographique sous influences tellement pensé et ficelé à l'extrême pour plaire au grand public, que rien ne déborde (aucune exploration psychologique poussée, la moindre de ses thématiques est cruellement survolée) et, de facto, ne séduit réellement (malgré l'idée captivante que l'a guerre civile espagnole soit la racine de toutes les destructions, littérales comme métaphoriques, au cœur d'un couvent).

Copyright Netflix

Suffisamment divertissant pour avoir deux coudées d'avance sur les bondieuseries du Conjuring-verse, mais pas assez solide sur ses appuis pour marquer la rétine autant que de se suffire à elle-même sans Verónica, Les Ordres du mal se fait un voyage beaucoup trop tranquille en terres pas si saintes (les ravages de la guerre, les mensonges institutionnels, les femmes devant supporter le poids de la bêtise et de la brutalité des hommes, tout en luttant pour conserver leur dignité...), un morceau d'épouvante atmosphérique à l'ancienne, un brin inutilement scindé en trois chapitres et qui a le mauvais ton de prendre beaucoup trop son temps pour démarrer, et dégainer son feu d'artifice horrifique.


Jonathan Chevrier


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