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[CRITIQUE] : Anselm (Le Bruit du temps)


Réalisateur : Wim Wenders
Acteurs : -
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Allemand.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Une expérience cinématographique unique qui éclaire l’oeuvre d’un artiste et révèle son parcours de vie, ses inspirations, son processus créatif, et sa fascination pour le mythe et l’histoire. Le passé et le present s’entrelacent pour brouiller la frontière entre film et peinture, permettant de s’immerger complétement dans le monde de l’un des plus grands artistes contemporains, Anselm Kiefer.



Critique :


Sept ans d'absence dans les salles obscures hexagonales (son Submergence avec le tandem James McAvoy/Alicia Vikander, est sorti directement, et dans l'indifférence la plus totale, en DVD), ça valait bien une double présence sur la Croisette, et en compétition officielle s'il vous plaît, pour un Wim Wenders plus en verve que jamais.

Si son Perfect Days est, sans l'ombre d'un doute, l'un de ses plus beaux efforts (ou il renoue, par petites touches discrètes et délicates, avec son passé et son propre cinéma, pour signer tout en sérénité une magnifique fable sur la banalité et la beauté du quotidien, et la nécessité de profiter des petites choses qui en font le sel), Anselm (Le Bruit du temps) lui, volontairement plus simplifié et chronologique dans son approche, n'en est pas moins une jolie petite curiosité entièrement vissée aux œuvres du sculpteur et peintre Anselm Kiefer - et ce, en 3D, comme Pina, pour ne pas gâcher le plaisir.

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Revenir à caractériser (ce qu'il est, pourtant) ce nouvel effort en tant que simple documentaire serait presque faire injure au travail d'un Wenders collant au plus près de celui du plasticien allemand, le sublimant autant qu'il le complète par le truchement de la caméra, lui dont la recherche réflexive des raisons et du sens des fondements du mal - principalement le nazisme -, au coeur des décombres de la culture et de l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre, a irrigué toute sa carrière.

Tout du long, le cinéaste se promène avec bienveillance et déférence autour de ses œuvres imposantes et bigger than life, introduisant deux personnages fictifs - un Anselm Kiefer enfant et jeune adulte - pour tisser une broderie narrative et sensorielle qui aspire autant à analyser qu'à jouer la carte de la psychanalyse, aussi bien de l'artiste, de lui-même mais également d’un pays qui n’est pas encore prêt à affronter son passé - et encore moins son déni de celui-ci.
En résulte un vrai morceau de cinéma fascinant et jamais didactique, généreux et merveilleusement poétique.


Jonathan Chevrier